Vœux à la presse 2024

Pour notre ville, en 2024, la priorité est d’être plus que jamais aux cotés des Vénissians.

En fin de matinée, j’ai présenté mes vœux à la presse. Nous avons besoin d’une presse forte, libre, indépendante, une presse de terrain et d’investigation qui est un des ressorts de la démocratie de proximité.

Amorcer le dialogue, mobiliser la communauté internationale, jouer la carte de la diplomatie pour sortir des logiques guerrières qui ont marqué au fer rouge l’année 2023. Cela peut paraître incongru, voire irréaliste d’y croire encore, tant la violence des combats actuels nous en éloigne, mais c’est par l’application du droit international que nous sortirons de ces conflits meurtriers et imprévisibles. En attendant, les populations civiles, décimées, déplacées et prises en otage,  vivent un véritable cauchemar sanglant et meurtrier.

Pour Vénissieux, l’actualité dramatique renforce, au contraire, nos choix d’œuvrer pour la paix auprès des jeunes générations, de leur transmettre les savoirs, l’histoire et les valeurs de la démocratie et de la liberté.

En France, les tensions sont là et les émeutes de cet été après le mouvement des Gilets Jaunes, montrent à quel point la colère gronde. Aujourd’hui, les agriculteurs descendent à leur tour dans la rue. La mobilisation massive des Français, syndicats et forces de gauche contre la réforme des retraites, a suscité le mépris d’Emmanuel Macron. Pire même, il a court-circuité l’assemblée nationale en faisant le  choix du 49-3 sur un texte de société, un texte majeur, un texte qui touche le monde du travail et les prochaines générations. Il joue avec le feu, car on sait que l’extrême-droite et l’antiparlementarisme se nourrissent, que l’un fait le  jeu de l’autre.

Depuis, nous avons changé de gouvernement et de  1er ministre. Qu’en attendre ? Les politiques resteront de droite, une droite sarkozyste même ! Plus que les prises à l’adversaire ou le jeu politico-médiatique dont les Français se moquent éperdument, je note plusieurs éléments qui me font craindre le pire. Le premier, assez ahurissant, c’est l’absence d’un ministère du logement de plein droit, alors que le logement devient un marqueur terrible de la relégation sociale. Un secrétaire d’état, ou un ministre délégué, devrait être nommé, mais il y a là quelque chose de choquant et de très  mauvais augure. Je rappelle la situation du logement en France en 2023 : plus de 4 millions de personnes mal- logées, dont 300 000 personnes sans domicile fixe, 3 000 enfants dorment dans la rue. Plus d’1,2 million de personnes locataires étaient en situation d’impayés de loyer en 2022. En face, la construction de logements sociaux ne coche aucun des objectifs du gouvernement. On est ainsi passé de 124 000 logements sociaux financés en 2016, à   95 000 en 2021, 85 000 en 2023 d’après de  premières estimations. Très loin donc de l’objectif gouvernemental de construire 250 000 logements sociaux au cours des deux dernières années, et encore plus loin des 150 000 Hlm par an qui faisaient, il y a encore quelques années, figure d’objectif officiel. L’Etat a-t-il pris la mesure de cette crise très profonde ? Dans ce contexte, l’absence d’un ministre du logement est sidérante.

La deuxième annonce qui vient d’être faite, c’est l’abandon du bouclier tarifaire des prix de l’électricité. Pour les ménages, les entreprises et les collectivités locales, ils vont augmenter de près de 10% dès février. Aujourd’hui, 34% des Français sont encore en situation de privation, tandis que le chèque énergie n’a pas été revalorisé pour les ménages les plus modestes. Comment les habitants vont-ils absorber cette nouvelle hausse des prix, en période hivernale qui plus est, alors que l’inflation crée déjà d’énormes difficultés pour s’alimenter. Tous les maires des villes populaires tirent la sonnette d’alarme depuis des années. Ce fut le cas lors de la crise de la Covid-19, puis à nouveau avec l’inflation. Pour de nombreuses familles, il s’agit d’une véritable urgence sociale. Ces appels répétés des élus de terrain restent sans réponse de la part de l’Etat.

Comme je le disais lors des vœux aux associations, l’impression générale est que les politiques nationales, toutes libérales depuis plus de vingt ans, agissent hors sol, déconnectées du réel et du quotidien des Français. Le retour de boomerang est radical : abstention massive, rejet du politique et des partis, défiance, sentiment d’abandon. La France aujourd’hui est minée par trop d’injustices sociales, économiques, territoriales. En poursuivant les politiques libérales dans lesquelles le gouvernement Attal va s’inscrire, le gouffre entre le quotidien des Français et les classes dirigeantes va s’élargir, et se creuser jusqu’au point de rupture.

Les crises ne se succèdent pas, elles s’accumulent. Dans ce contexte sans précédent,  je suis effarée qu’aucun bilan n’ait été tiré par le gouvernement après la crise sanitaire ou encore les émeutes de cet été.

Que demandons-nous ? Plus de moyens pour les politiques de la ville, la fin des menaces récurrentes sur nos  dépenses de fonctionnement notamment, et  enfin, l’instauration d’un véritable dialogue entre l’Etat et les collectivités territoriales.

Le courant ne passe pas depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, les relations sont tendues, quand ce n’est pas un dialogue de sourds qui prédomine. Les maires, les élus, les collectivités locales sont en première ligne pour éteindre les feux des crises sanitaire, économique, sociale, alors que l’Etat coupe de son côté les subventions et dotations. On aimerait bien sûr qu’une autre articulation Etat-Collectivités se mette en place. Gabriel Attal en a-t-il l’intention, la volonté, en a-t-il pris conscience ? On peut en douter.

Pour notre ville, en 2024, la priorité est d’être plus que jamais aux cotés des Vénissians. Il faut les aider et les accompagner pour franchir ces crises dont les effets de cumul deviennent quasi insurmontables. Notre réponse est claire : pas d’augmentation de nos tarifs municipaux cette année. Idem pour notre fiscalité locale dont les taux sont gelés depuis 2016. Enfin, soutien financier pour notre tissu associatif, après les subventions exceptionnelles déjà accordées, à deux reprises, à chaque crise sanitaire et inflation, avec une augmentation globale de notre enveloppe de plus de 3% pour l’année 2024. Je sais déjà que ces gels des tarifs municipaux sont un soulagement pour de nombreuses familles vénissianes, car ils leur donnent l’assurance d’un repas équilibré à leurs enfants. Notre budget grave dans le marbre l’urgence sociale et les besoins multiples des Vénissians.

Parmi les 58 communes qui composent désormais la Métropole de Lyon après la fusion Oullins-Pierre Bénite,  nous sommes la seule à pouvoir geler, en même temps, fiscalité, tarifs municipaux, et venir en soutien des associations vénissianes. C’est le fruit d’une gestion saine de nos finances publiques, mais aussi un choix politique fort. C’est le choix de jouer pleinement notre rôle d’amortisseur social, de prendre à notre charge l’envolée des prix alimentaires et de l’énergie. Toutes les communes n’ont pas fait ce choix et certaines, par orientations politiques ou par contraintes pour contenir l’inflation qu’elles ne parviennent pas elles-mêmes à juguler, ont décidé de répercuter la hausse des prix sur les usagers. A Vénissieux, à titre d’exemple, les coûts d’énergie seront en hausse de 38% pour notre collectivité en 2024, soit une augmentation de plus de 2 millions d’euros pour le gaz et l’électricité. Nous considérons, nous, qu’il faut, avant tout, protéger l’ensemble des Vénissians.

Avec la nouvelle Maison de l’enfance Anne-Sylvestre, les extensions des groupes scolaires Jules Guesde et Joliot-Curie, l’année 2023 a été dense. Nous devons poursuivre nos investissements en 2024, et ce sera le cas malgré le contexte économique que vous connaissez. 

Le projet de la Maison des Mémoires est acté. Une consultation, qui se déroulera entre février et juin 2024, concernera la réalisation d’une collecte sur les mémoires des migrations auprès des habitants. Elle s’adressera aux Vénissians domiciliés ou ayant vécu sur le territoire de la commune. Cette collecte vise à réunir des objets, des photographies, ou tout autre élément iconographique permettant la constitution de collections sur le thème des mémoires des migrations, nécessaires au parcours permanent et aux expositions temporaires de la future Maison des mémoires de Vénissieux. Notre futur équipement valorisera plusieurs périodes de notre histoire : les pièces issues des fouilles archéologiques effectuées sur le territoire, la tradition horticole de la commune, l’histoire locale de la Résistance et de la déportation, ainsi que les mémoires ouvrières et les mémoires des migrations. C’est l’occasion pour nous de dire que les villes populaires ont le droit à la mémoire, et que leur patrimoine est un alliage de cultures différentes, une mosaïque d’humanité. Cette Maison des Mémoires tombe à point nommé, pour que toutes les générations de Vénissians se réapproprient leur histoire et les origines d’une ville qu’ils font vivre au présent.

2024, c’est aussi le début des travaux de la nouvelle piscine Auguste-Delaune, idem pour l’équipement polyvalent Pyramide, avec une bibliothèque, un EPJ et une partie citoyenneté pour le conseil de quartier. Deux projets structurants que les habitants attendent avec impatience.

La réhabilitation-extension de la crèche Graine d’Eugénie et du centre social Roger Vailland va commencer. En matière d’éducation, l’extension du groupe scolaire Renan sera lancé avec, entre autres, un nouveau restaurant. Dans le cadre de notre Plan Pluriannuel d’Investissement et d’adaptation au réchauffement climatique, nous poursuivrons la végétalisation des cours scolaires, celles de Pasteur et Henri-Wallon étant programmées en 2024.

Je tiens à informer les Vénissians que nous allons créer une aire de jeux aquatique boulevard du Docteur Coblod, face au groupe scolaire Max-Barel et à proximité de la Maison de l’Enfance Anne-Sylvestre. Il faudra être vigilants sur l’usage qui en sera fait, et nous comptons sur la responsabilité de tous à ce sujet. Cette aire fait partie de notre programme de création d’îlots de fraîcheur et de nombreuses opérations, étalées sur trois ans, sont prévues dans tous nos quartiers. L’environnement et l’adaptation de nos agglomérations au réchauffement climatique sont un véritable défi, les économies d’énergie aussi. A ce jour, plus de 3 000 points lumineux de notre ville sont équipés en LED. Nous aurons bouclé en quatre ans, fin 2027, notre passage 100% LED, après avoir investi 7,5 millions d’euros.

Les travaux rue Beethoven, et de résidentialisation du Monery, vont être enclenchés. Notre travail partenarial, avec la Métropole, va se concrétiser dans de nombreuses réalisations cette année : il y aura la requalification globale du carrefour Grand-Chassagnon, la pose de la première pierre du collège Katia Krafft, projet très attendu par les habitants de Vénissieux et Saint-Fons, puis le démarrage des voies lyonnaises, dont cinq lignes passeront par Vénissieux à l’horizon 2030.

En matière de sécurité, la commission de prévention des incivilités, mise en place à l’occasion du Grand Rendez-Vous, poursuit son travail autour des deux axes priorisés : les déchets et dépôts sauvages ; le stationnement et les incivilités routières. Les 6 dernières caméras de vidéoprotection des 25 programmées lors de ce mandat, seront installées cette année. Un gros travail partenarial, avec les bailleurs et syndics, est en cours sur les questions de résidentialisation. Cette même logique partenariale avec l’Etat, la Justice, la Police Nationale, est à l’œuvre sur le terrain, lors des émeutes de cet été comme au quotidien.

La presse et les médias auront du pain sur la planche, en 2024, à Vénissieux. Je ne suis pas sans ignorer vos difficultés conjoncturelles et structurelles.

La presse écrite est un marqueur de l’état de santé de la démocratie et il n’est pas étonnant de constater que, si l’une va mal, l’autre ne se porte pas mieux. Entre 2010 et 2021, la diffusion papier de la presse quotidienne régionale a baissé de 37%, et celle de la presse quotidienne nationale de 75%. On peut faire le constat que la participation aux différentes élections s’est écroulée, elle aussi, dans le même laps de temps. L’essor desplateformes numériques, la fortehausse des coûts de production, les conséquences de la crise de la Covid-19 fragilisent la presse écrite.

Au sujet de la Covid-19, notre ville éprouve les mêmes difficultés à faire revenir les Vénissians, à les fidéliser à  nouveau. Je note et regrette également un espace de plus en plus réduit dédié à l’info locale, celle qui intéresse en premier lieu les habitants. Et puis, bien sûr, il y a la caisse de résonances des réseaux sociaux, où circulent moins les débats de fond que les attaques personnelles, la délation ou manipulation. Et la percée des technologies de l’intelligence artificielle va brouiller un peu plus encore les  frontières entre réel et virtuel, entre information et falsification. Nous avons pourtant besoin d’une presse forte, libre, indépendante, une presse de terrain et d’investigation qui est un des ressorts de la démocratie de proximité.

En compagnie de Nacer Khamla, nouveau premier adjoint de Vénissieux que vous connaissez déjà et avec lequel vous serez appelés à travailler, nous vous souhaitons, à tous et à toutes, une bonne année 2024, tant professionnelle que personnelle.

Je vous remercie. Je vous demande une petite minute d’attention supplémentaire pour découvrir, ensemble, une présentation en 3D de notre future piscine Auguste-Delaune.

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