Vendredi dernier, j’ai présenté mes vœux aux associations et aux personnalités de notre ville. Après une année 2023 très dense, notre ville reste en mouvement et se projette dans l’avenir, malgré un contexte économique et social compliqué. Une ville ne se construit pas toute seule, elle a besoin de chacun de vous, de toutes ces volontés et énergies au service de son développement et de l’intérêt général.
Une violence aveugle a marqué de son empreinte l’année écoulée. Villes rayées de la carte, civils massacrés, populations déplacées, les drames de la guerre ont répandu la haine et le sang.
Vénissieux n’est pas seulement une ville de paix, elle travaille pour la paix en éduquant, en émancipant, en favorisant les liens intergénérationnels. Elle diffuse auprès des plus jeunes générations l’histoire et la mémoire et, face à cette actualité dramatique et insupportable, Vénissieux continuera de renforcer la transmission et les savoirs.
Il y a trop de cynisme, trop de capitulation dans nos sociétés pour ne pas comprendre que toute vie est précieuse et qu’un monde de paix demeure un enjeu de civilisation qui implique chacun de nous. La communauté internationale doit réagir et le droit international être applique à la lettre, pas un droit à géométrie variable.
La France vit elle aussi sous tension depuis de nombreuses années. Les Gilets Jaunes, les émeutes de cet été, (et pas simplement en zones urbaines,) montrent à quel point la colère gronde. Les liens sociaux se désagrègent, les notions de bien commun, d’intérêt général s’érodent. L’impression générale est que les politiques nationales, toutes libérales depuis plus de vingt ans, agissent hors sol, déconnectées du réel et du quotidien des Français. Le retour de boomerang est radical : abstention massive, rejet du politique et des partis, défiance, sentiment d’abandon. La France aujourd’hui est minée par trop d’injustices sociales, économiques, territoriales.
Où est passé le principe de solidarité nationale quand la fiscalité actuelle profite aux riches et ponctionne les plus modestes ? Où est passée la continuité territoriale quand des zones rurales, urbaines et périurbaines sont démunies de services publics et n’ont plus accès aux soins ? Quand les maires, de droite comme de gauche, ne cessent d’alerter les pouvoirs publics face à l’explosion de la précarité et pauvreté dans les quartiers populaires après les crises sanitaire et de l’inflation ? Où est passé le modèle social français quand les hôpitaux publics sont victimes de coupes budgétaires, ferment des lits et manquent de personnels ? Quand l’éducation nationale devient une variable d’ajustement ou le système de retraite par répartition un marché livré à l’appétit des groupes privés ? Aujourd’hui en 2024, où est l’ambition française, où sont les forces motrices pour les droits des femmes ? Quel est le contrat social ? Que sont devenues les notions de progrès, de contribution de chacun en fonction de ses moyens à l’effort national ? A quoi ressemble le pacte républicain, alors que le modèle social français hérité du CNR est en danger ?
Ces cassures, dangereuses pour la démocratie, se sont transformées en fractures avec la réforme des retraites. Contre l’avis des syndicats, des partis de la gauche et une très large majorité des Français, le gouvernement est passé en force à coups de 49-3 refusant toute possibilité de débat, tournant le dos à l’assemblée nationale et à la démocratie représentative. On joue avec le feu. Ce contournement, pour ne pas dire ce mépris des règles parlementaires sur des textes majeurs, nourrit l’antiparlementarisme, alimente le ressentiment de la population et donne du grain à moudre à l’extrême droite.
Les crises civique, sanitaire, sociale, économique s’enchaînent, s’agrègent. Dans les quartiers populaires, on ne passe pas de l’une à l’autre, on les cumule. Leurs effets sont plus profonds, plus durables, on ne vit plus, on survit ! Il faut s’alimenter, payer le loyer, se soigner, se chauffer, absorber l’envolée des prix de l’énergie pour se déplacer et se rendre au travail. Prenons l’exemple des jeunes. Les périodes de confinement les ont isolés, mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg. L’effet de cumul dont je parle, c’est des petits boulots perdus, des cursus universitaires interrompus, la difficulté de payer son loyer, un sentiment d’extrême précarité et de solitude qui provoque des troubles psychologiques et la peur du lendemain.
Pour les personnes âgées ou isolées, pour les familles les plus modestes, les femmes en activité à temps partiels, les salariés précaires, une seule crise en génère plusieurs.
Or, tout se passe comme si les politiques nationales niaient le réel, ne voulaient pas le voir, obnubilées par le libéralisme et la course aux profits. Il est sidérant qu’aucun bilan n’ait été tiré par le gouvernement après la crise sanitaire ou encore les émeutes de cet été. A ce sujet, le comité interministériel des villes a été maintes fois reporté et le conseil national de la refondation n’a accouché d’aucune mesure notable, à part quelques orientations autoritaires.
Logement social, décrochage scolaire des jeunes, approche éducative, conséquence terrible de l’inflation, formation, insertion, tout reste flou, vague, sans calendrier, il n’y a à ce jour aucune ambition, ou trop peu, en faveur des quartiers populaires. « Sans souffle, sans la mobilisation de tous les acteurs – collectivités, organismes de formation, entreprises, CAF, France Travail, fonds européen – rien n’y fera ». Cette phrase n’est pas de moi, elle est de Jean-Louis Borloo, mais elle résume bien la situation et je la partage entièrement.
En première ligne donc, les maires, les élus, les collectivités locales, et advienne que pourra, en attendant peut-être la prochaine crise…
Vénissieux est une ville solidaire. Par ses racines ouvrières, syndicales, par les différentes vagues d’immigration, par son histoire et sa culture populaires. Notre ville a toujours su faire corps, a toujours su faire bloc. Elle sait rester soudée dans les difficultés, pour rebondir, pour avancer et relever la tête. Nous le savons, c’est par la solidarité que nous sortirons de ces crises à répétition. Et c’est à nous, à notre majorité municipale de donner l’exemple, d’être attentive et vigilante, pour ne laisser personne sur le bord de la route.
C’est aussi bien évidemment l’affaire de chaque citoyen, d’alerter nos services quand une famille, un jeune ou une personne âgée éprouve de très grandes difficultés matérielles ou financières.
La réalité du terrain et le principe de solidarité sont ce qui guide nos politiques de proximité. A l’heure des crises, nos réponses sont rapides et claires. Pas d’augmentation de nos tarifs municipaux cette année. Idem pour notre fiscalité locale dont les taux sont gelés depuis 2016.
Enfin, soutien financier pour notre tissu associatif, après les subventions exceptionnelles déjà accordées à deux reprises à chaque crise sanitaire et inflation, avec une augmentation globale de notre enveloppe de plus de 3% pour l’année 2024.
Nous sommes aux cotés des Vénissians, nous connaissons leurs difficultés du moment, nous n’ajouterons pas d’inflation à l’inflation, de crise à la crise !
Notre budget 2024 le grave dans le marbre. De la restauration collective au périscolaire ou autres activités, je sais que ces gels des tarifs sont un soulagement pour de nombreuses familles vénissianes. C’est un choix politique fort, aussi fort que celui de garder notre cuisine centrale dans le giron public ou d’investir dans nos services publics de proximité. C’est le choix de jouer pleinement notre rôle d’amortisseur social, de prendre à notre charge l’envolée des prix alimentaires et de l’énergie.
A titre d’exemple, les coûts d’énergie seront en hausse de 38% pour notre collectivité en 2024, soit une augmentation de 2 millions d’euros pour le gaz et l’électricité. Nous l’absorberons pour ne pas la répercuter sur les usagers, clubs et associations de notre ville. Et puis bien sûr, je tiens à mentionner tout le travail social que nos agents effectuent dans le cadre des missions du CCAS. Ils sont en première ligne, aident, informent et accompagnent tous ceux qui subissent durement les effets de la crise.
Dans nos propres dispositifs et ceux développés avec nos partenaires, Territoire zéro non-recours au Moulin-à-Vent, accueil de jour médicalisé à la Résidence Ludovic Bonin, Cité de l’emploi, Cité éducative, nous déployons nos services publics pour lutter contre l’exclusion et la précarité. Toutes les actions menées en termes d’insertion, de formation auprès des jeunes, auprès des publics dits éloignés, illustrent notre volonté d’intégrer et d’aider les uns et les autres à faire face et traverser une période compliquée et complexe.
Il en a été de même dans le cadre du combat politique, âpre mais positif, que nous avons mené pour la sauvegarde et le maintien des activités de l’hôpital des Portes du Sud. La santé est un enjeu majeur dans les quartiers populaires c’est pourquoi nous restons vigilants.
Le Grand Rendez-vous en septembre dernier a marqué la mi-mandat. Dans le contexte qui est le nôtre, de formidables avancées ont eu lieu. 2023, c’est la Maison de l’enfance Anne-Sylvestre, les extensions des groupes scolaires Jules-Guesde et Joliot-Curie, l’inauguration de la maison métropolitaine pour l’emploi et l’insertion de Vénissieux, pour ne citer que quelques faits marquants. Point commun de toutes ces nouveautés : l’intérêt général, rien que l’intérêt général ! Mais aujourd’hui, regardons devant nous.
Le projet de la Maison des Mémoires est acté. Ce prochain équipement s’inscrit au croisement de nos politiques culturelle, éducative et citoyenne. Une consultation, qui se déroulera entre février et juin 2024, concernera la réalisation d’une collecte sur les mémoires des migrations auprès des habitants. Elle s’adressera aux Vénissians domiciliés ou ayant vécu sur le territoire de la commune et se déroulera sous le pilotage de la Direction des Affaires culturelles de la Ville de Vénissieux. Cette collecte vise à réunir des objets, des photographies où tout autre élément iconographique, permettant la constitution de collections, sur le thème des mémoires des migrations, nécessaires au parcours permanent et aux expositions temporaires de la future Maison des mémoires de Vénissieux.
Plus généralement, notre futur équipement valorisera plusieurs périodes de notre histoire : les pièces issues des fouilles archéologiques effectuées sur le territoire, la tradition horticole de la commune, l’histoire locale de la résistance et de la déportation, ainsi que les mémoires ouvrières et les mémoires des migrations. C’est l’occasion pour nous de dire que les villes populaires ont le droit à la mémoire, aux racines si profondes, et que leur patrimoine est un alliage de cultures différentes, une mosaïque d’humanité. A l’heure où règne une certaine confusion alimentée par une profusion d’images, cette Maison des Mémoires tombe à point nommé pour que toutes les générations de Vénissians se réapproprient leur histoire et les origines d’une ville qu’ils font vivre au présent.
Les travaux de la nouvelle piscine Auguste-Delaune vont commencer cette année, de même que l’équipement polyvalent Pyramide avec une bibliothèque, un EPJ et une partie citoyenneté pour le conseil de quartier. Deux projets structurants que les habitants attendent avec impatience. La réhabilitation-extension de la crèche Graine d’Eugénie et du centre social Roger Vailland va débuter. En matière d’éducation, l’extension du groupe scolaire Renan sera lancée avec, entre autres, un nouveau restaurant.
Dans le cadre de notre Plan Pluriannuel d’Investissement et d’adaptation au réchauffement climatique, nous poursuivons la végétalisation des cours scolaires, celles de Pasteur et Henri-Wallon étant programmées en 2024.
Je tiens à informer les Vénissians que nous allons créer une aire de jeux aquatique boulevard du Docteur Coblod, face au groupe scolaire Max-Barel et à proximité de la Maison de l’Enfance Anne-Sylvestre. Il faudra être vigilant sur l’usage qui en sera fait et nous comptons sur la responsabilité de tous à ce sujet. Cette aire fait partie de notre programme de création d’îlots de fraîcheur et de nombreuses opérations, étalées sur trois ans, sont prévues dans tous nos quartiers.
L’environnement et l’adaptation de nos agglomérations au réchauffement climatique sont un véritable défi, les économies d’énergie aussi. A ce jour, plus de 3000 points lumineux de notre ville sont équipés en LED. 1500 autres sont programmés pour 2024 et nous aurons bouclé en quatre ans, fin 2027, notre passage 100% LED après avoir investi 7,5 millions d’euros. Les travaux rue Beethoven et de résidentialisation du Monery vont être enclenchés.
Notre travail partenarial avec la Métropole, que je remercie, va se concrétiser dans de nombreuses réalisations cette année : outre la rue Beethoven, il y aura la requalification globale du carrefour Grand-Chassagnon, la pose de la première pierre du collège Katia Krafft, projet très attendu par les habitants de Vénissieux et Saint-Fons et exemplaire en termes de transition énergétique, puis le démarrage des voies lyonnaises, dont cinq lignes passeront par Vénissieux à l’horizon 2030.
En matière de sécurité, la commission de prévention des incivilités, mise en place à l’occasion du Grand Rendez-Vous, poursuit son travail autour des deux axes priorisés : les déchets et dépôts sauvages ; le stationnement et les incivilités routières. Les 6 dernières caméras de vidéoprotection des 25 programmées lors de ce mandat seront installées cette année. Un gros travail partenarial avec les bailleurs et syndics est en cours sur les questions de résidentialisation. Cette même logique partenariale avec l’État, la justice et la police nationale est à l’œuvre sur le terrain, lors des émeutes de cet été comme au quotidien.
Après une année 2023 très dense, notre ville reste en mouvement et se projette dans l’avenir, malgré un contexte économique et social compliqué. C’est le résultat d’un travail collectif, de réflexions, missions et réalisations menées avec les habitants et tous nos partenaires : l’Etat, la Métropole, les acteurs de terrain économiques, sociaux, culturels, le vivier associatif, l’ensemble de nos agents. Une ville ne se construit pas toute seule, elle a besoin de chacun de vous, de toutes ces volontés et énergies au service de son développement et de l’intérêt général.
Cette année, Yolande Peytavin, après 27 ans en tant que 1ère adjointe qui mérite un hommage appuyé et sincère, passe le relais à Nacer Khamla. C’est un moment particulier, mais en forme de continuité car le cap politique reste le même. Notre équipe municipale est soudée, aguerrie, elle connaît l’âpreté des combats politiques, elle sait qu’il ne faut rien lâcher, ne jamais accepter un quelconque état de fait. Adjoint aux sports, à la jeunesse et à la famille, président de la Mission locale pour l’emploi, président du conseil de quartier Jean-Moulin/Henri-Wallon au cours du mandat précédent, l’expérience acquise de Nacer Khamla s’inscrit dans la continuité de nos politiques de proximité. Les équipes changent, les hommes et les femmes se succèdent, mais à Vénissieux, des convictions profondes nous sont supérieures : la justice sociale, la solidarité et le combat permanent contre les discriminations et les ségrégations territoriales.
L’optimisme de la détermination, voilà ce qui doit nous guider dans nos actions, projets et réalisations pour les Vénissians.
Je vous souhaite, à tous et à toutes, une bonne année 2024, une année d’accomplissement et d’épanouissement pour votre famille, vos proches et pour cette ville que nous bâtissons ensemble, Vénissieux. Je vous remercie.