Ouverture de la semaine bleue 2015

… »Temps de la sagesse, mais aussi temps libre et temps de toutes les curiosités. C’est une dimension à laquelle je tiens. La retraite ne veut pas dire retrait. »…

« La civilisation occidentale n’a pas totalement effacé mes origines africaines, et je n’ai pas oublié les jours de mon enfance, quand nous nous regroupions autour des aînés de la communauté, pour écouter leur trésor de sagesse et d’expérience. C’était la coutume traditionnelle de nos aïeux, celle de l’école où nous avions reçu notre instruction ». J’aime cette phrase de Nelson Mandela, car elle fait référence à la fraternité d’une collectivité, à une communauté d’histoires, de générations, d’expérience et de vie, à un espace partagé et à partager.

Nelson Mandela parle de ce qui se transmet, de ce qui réunit les petits enfants à leurs grands-parents, dans un mélange de complicité et de malice, de ce qui réunit toutes les générations sous le toit d’une même école, l’école de la vie.

Un tableau idéal, certes, duquel nos sociétés se sont malheureusement échappées, à force d’individualisme et d’égoïsme. L’ensemble est devenu sous ensemble, le collectif a été atomisé, on ne se parle plus, on se replie, on vit ainsi les uns à côté des autres, à côté de son voisin, à côté de sa famille, à côté de nos racines et de nous-mêmes.

Jamais la ville de Vénissieux, tout au long de son histoire, n’a cru à ce modèle de société, elle s’en est défendue, et j’allais dire prémunie. Nous voulons vivre, partager et bâtir une ville du lien social, une ville qui rassemble et qui n’exclut pas, une ville qui rapproche et qui ne divise pas les générations entre elles.

Ne pas écouter ni tendre la main à nos aînés, c’est hypothéquer nos lendemains. Nous le savons tous ici, l’expérience de nos aînés structure notre pensée, nos projets, notre approche des difficultés, ou des obstacles à surmonter. Elle nous rassure aussi, à l’aune des réussites ou des échecs du passé, desquels chacun de nous tire des leçons.

Briser l’isolement et préserver l’autonomie des personnes âgées, être en mesure, le cas échéant, de répondre à une demande d’hébergement pour celles qui deviennent dépendantes. Nous avons déployé à cette fin tout un éventail de services à domicile. Déployer, cela veut dire, pour la ville de Vénissieux, investir dans des politiques de proximité, dans des politiques d’animation, d’accompagnement et d’attention, à l’égard du 3ème âge.

En 2014, 160 personnes ont bénéficié d’aides à domicile, soit l’équivalent de 2 000 heures par mois d’aides, assurées par le service. 114 personnes profitent du portage de repas. Le nombre de repas livrés est en forte augmentation : plus de 16 000 en 2010, plus de 24 500 en 2013, pour atteindre 28 000 en 2014. 11 personnes sont inscrites à l’accueil de jour, et 76 patients ont bénéficié, depuis le début de l’année, de soins infirmiers à domicile.

Au sujet de l’accueil de jour, une réflexion est en cours pour para-médicaliser ce service, afin de mieux répondre aux besoins.

Cet été, le plan canicule a été activé à plusieurs reprises, en juin et juillet. 700 personnes quotidiennement sont appelées ou visitées, lorsque le niveau 3 est activé par la Préfecture. Il y a aussi nos deux résidences Henri Raynaud et Ludovic Bonin, qui ont été entièrement rénovées. Puis la restauration avec les restaurants Bonin, Raynaud, mais aussi du Moulin-à-Vent, en progression constante, ouverts aux résidents, mais aussi à toute personne âgée. Nous avons créé et mis en place une commission « personnes âgées », pour tenir compte des spécificités de la perte d’autonomie, dans les attributions de logement. 25 dossiers sont subventionnés pour faciliter l’adaptation des appartements, notamment installation de douche.

Les deux EHPAD, la Solidage et les Tulipiers, répondent eux aussi à des enjeux sanitaires, que notre ville a pris en compte et anticipés. Les Tulipiers, qui a ouvert ses portes, offre 84 places d’hébergement, dont 14 places d’accueil Alzheimer.

Vénissieux est une ville jeune, mais c’est aussi une ville où le nombre de personnes de 75 ans et plus, est en augmentation : de 4% à 7% au cours de la première décennie des années 2 000. Alzheimer, comme l’ensemble des maladies neurologiques ou dégénératives, pose de nombreux défis, impliquant le malade, mais aussi la famille, notre relation à l’être aimé, jusqu’aux structures et établissements, qu’il faut adapter à cette dépendance. Comme un miroir sans glace, cette maladie bouscule et secoue en profondeur, les ressorts psychologiques du proche entourage.

Nos villes, mais aussi notre pays sont face à un double défi, sanitaire mais aussi d’accompagnement. En France, 850 000 personnes sont atteintes de la maladie, et les estimations oscillent autour d’1,3 millions pour 2020. Sommes-nous prêts à assurer le traitement de ces personnes, dans la dignité et par le levier de la solidarité nationale ? Rien n’est moins sûr, d’autant que bon nombre de pistes de financement envisagent un système d’assurance privée, accentuant à nouveau les inégalités des familles, face à la santé.

J’ai ouvert cette large parenthèse, car la semaine bleue qui commence, consacre une exposition et une conférence sur la maladie d’Alzheimer, demain à l’Hôtel de Ville, salle Jacques-Duclos. J’invite les Vénissians, et tous les participants de notre manifestation, à y assister, pour mesurer l’ampleur de l’enjeu sanitaire qui est face à nous.

Temps de la sagesse, mais aussi temps libre et temps de toutes les curiosités. C’est une dimension à laquelle je tiens. La retraite ne veut pas dire retrait. Au contraire, je sais que bon nombre d’entre vous sont des personnes très actives, et intéressées par l’avenir de notre ville, ses projets, ce qu’elle propose.

L’Office Municipal des Retraites remplit parfaitement son rôle, en animant et en proposant des activités ou des sorties. La ville verse 30 000 euros de subvention pour le secteur animations, et met à disposition ses 5 Foyers du temps libre.

Des activités en direction des résidents sont proposées, 4 jours par semaine. Nos équipements culturels, le théâtre, la médiathèque, le cinéma, les ateliers d’arts plastiques, l’école de musique, vous tendent les bras, à des prix très avantageux.

Il ne faut pas oublier non plus le sport. Les Championnats du Monde d’Athlétisme Vétérans, qui ont eu lieu à Vénissieux et fait rayonner notre ville bien au-delà de notre territoire, ont montré combien les performances d’athlètes de 60, 70 ans et plus, étaient impressionnantes. Là encore, dépassons les a priori, les activités sportives sont ouvertes au 3ème âge. N’hésitez pas, poussez les portes du nouveau CNI, entraînez-vous sur le nouveau pôle athlétisme du stade Laurent Gerin, inscrivez-vous, par exemple, à ce rendez-vous populaire de la marche nordique.

La semaine bleue consacre plusieurs thématiques au sujet du temps libre, des activités de loisirs et de la santé.

Le budget de la ville dédié aux secteurs du 3ème âge, s’élève à 2,8 millions d’euros. Nous avons attribué en 2015 à l’OMR, cheville ouvrière du lien social intergénérationnel et entre les générations, une subvention de 125 000 euros, mise à disposition du personnel comprise. Il ne s’agit pas là de parler de coût, mais de choix d’investissement, un investissement dans l’humain, un investissement pour nos aînés, qui sont frappés de plein fouet par la crise.

Je connais cette réalité insupportable, cette réalité scandaleuse. Près d’un million de retraités, principalement des femmes, vivent en dessous du seuil de pauvreté, et en un peu plus de dix ans, leur pouvoir d’achat a chuté de 10 à 20% !

Derrière ces chiffres se cache un quotidien difficile. C’est le chauffage qu’on baisse ou qu’on éteint, c’est l’eau chaude qu’on restreint, ce sont des repas que l’on saute, des étrennes aux petits-enfants, ou des coups de pouce à ses enfants que l’on diminue. Toujours un peu moins, alors que l’on voudrait donner tant. Il y a quelque chose d’immoral, d’indécent et d’inhumain dans ces politiques libérales qui fragilisent les jeunes, comme les personnes âgées. Quelque chose de déréglé, de détraqué, comme si nos sociétés avaient perdu le sens et la nature des grands enjeux de civilisation, de progrès social et de vivre ensemble. Le passage de génération en génération, c’est de faire en sorte que celle qui suit, vive mieux que celle qui l’a précédée.

Le sens des priorités a été brisé, et c’est désormais aux deux bouts de la chaîne, les moins de 25 ans et les plus de 65 ans, que la précarité se fait le plus sentir. Dans ce contexte, comment ne pas voir l’injustice des politiques d’austérité qui s’abattent sur les collectivités territoriales, et qui, au final, viennent pénaliser à nouveau les habitants.

Nous tenons à nos politiques de proximité, nous défendons nos services publics, car ce sont eux qui créent le lien social, et forgent l’identité de notre ville, solidaire et généreuse, jamais exclusive. Vivre dignement sa retraite, dans sa ville, parmi toutes les générations, en étant considéré comme un citoyen et un acteur à part entière, voilà ce que notre ville a toujours tenu à offrir à ses aînés.

Cette semaine bleue est un rendez-vous qui me tient à cœur, tout comme les repas ou colis de fin d’année. Elle marque le rythme de notre attachement, et la reconnaissance sans faille de Vénissieux et de notre équipe municipale, à l’égard de ses aînés.

Je vous souhaite à tous et à toutes une excellente semaine, ponctuée de conférences et d’animations conviviales et chaleureuses. Ponctuée surtout de rencontres, de respect mutuel, et d’une complicité chaque année renforcée.

Je vous remercie.

 

Programme de la semaine bleue

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