Journée de la Laïcité

Le fil rouge de cette nouvelle journée de la laïcité, c’est la transmission justement.

A l’occasion de la Journée de la Laïcité, la médiathèque Lucie-Aubrac accueillait les enfants de différentes écoles vénissianes et les élus du conseil municipal d’enfants. L’esprit de la laïcité n’est pas un principe qui interdit, mais un principe qui protège. Il nous protège de quoi ? Du rejet, de la discrimination par la religion, de l’obscurantisme, de l’intolérance, du repli identitaire.

Transmettre. Oui, la laïcité se transmet, de génération en génération, comme le socle du respect de l’autre, le respect de l’autre dans l’expression de toutes ses différences. Le fil rouge de cette nouvelle journée de la laïcité, c’est la transmission justement.

Pour la dixième année consécutive, les Délégués Départementaux de l’Education Nationale (DDEN) de Vénissieux, que je remercie chaleureusement, continuent d’impliquer les écoles publiques de Vénissieux autour de la thématique de la laïcité, avec l’aval des Inspections des 3 circonscriptions de l’Education Nationale et en collaboration avec la ville de Vénissieux.

Cette année, ils ont proposé aux élèves des écoles publiques et aux élus du Conseil municipal d’enfants (CME) de revenir sur le travail réalisé cinq ans plus tôt et conservé dans les coffres de la laïcité. En 2017, les enfants avaient répondu à la question « Qu’est-ce que la laïcité pour vous aujourd’hui ? » et avaient enfermé leurs œuvres dans des coffres, à maintenir fermés durant cinq ans. Ce temps étant désormais écoulé, il convient de procéder à l’ouverture des coffres et d’établir une comparaison sur l’évolution de ce principe républicain. L’analyse faite par les enfants de leur vision de la laïcité en 2022 sera matérialisée par la production d’affiches.

Le public et les Vénissians pourront les voir à la Médiathèque du 13 au 16 décembre où elles seront exposées.

Ce sont environ 850 enfants, 43 classes (10 écoles inscrites) ainsi que le CME nouvellement élu qui participent à cette édition. En ouvrant ces coffres, la laïcité a-t-elle changé depuis cinq ans ?  Son principe non, la représentation que l’on s’en fait peut-être. C’est très important pour les écoliers que vous êtes de mettre des mots, des couleurs, d’avoir une première approche par votre imaginaire d’une notion qui peut paraître complexe. Important également de confronter vos idées à celles de vos prédécesseurs d’il y a 5 ans à peine.

Peut-être découvrez-vous là une autre façon de penser la laïcité, qui viendra enrichir celle à laquelle vous avez réfléchi. Car sous ce mot de laïcité, combien d’interprétations différentes, combien d’instrumentalisations différentes aussi qui prêtent à confusion. Il nous faut donc choisir des mots simples, des notions simples pour ne pas faire de la laïcité un concept, mais une réalité de nos comportements, de nos citoyennetés, de nos droits et devoirs. L’esprit de la laïcité n’est pas un principe qui interdit, mais un principe qui protège. Il nous protège de quoi ? Du rejet, de la discrimination par la religion, de l’obscurantisme, de l’intolérance, du repli identitaire.

Comme bouclier, ça n’est pas rien, mais surtout, ce que la laïcité permet, c’est de vivre ensemble, les uns avec les autres, et non les uns à côté des autres, forts de nos différences. La laïcité n’est pas non plus tombée des nues. C’est le cheminement de l’histoire d’une société. Aucune société ne naît laïque, mais le devient, comme en France. Pour faire vite, il y a Voltaire et 1789, les deux grandes lois du 28 mars 1882 et du 30 octobre 1886 instituant respectivement, dans l’École publique, la laïcité des enseignements et celle des personnels, et, bien sûr, la loi de 1905, qui acte la séparation de l’église et de l’Etat.

En clair,l’opinion spirituelle relevant de la conscience individuelle, la loi empêche l’influence du religieux dans les espaces politiques, administratifs, publics, comme l’école bien sûr.

C’est cette histoire-là qui se transmet, à travers les siècles de notre pays comme aujourd’hui, entre nous et à travers tout le travail que vous avez accompli. Si chacun de vous cherche une traduction de la laïcité dans les différents groupes scolaires qui sont les vôtres, on pourrait la définir ainsi : l’école de la République laïque n’enseigne pas ce qu’il faut penser mais comment parvenir et réussir à penser par soi-même.

Elle émancipe, ouvre l’esprit, et plus elle ouvre l’esprit et plus elle ouvre sur le respect de l’autre, la curiosité, le vivre ensemble. Sur le fond, la laïcité obéit au même principe : dans un cadre établi, l’autre, avec ses différences, avec sa culture, avec ses croyances ou non croyances, ouvre lui aussi sur l’esprit, la curiosité, le vivre ensemble.

« La laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, car ce qui est commun en droit à tous les hommes doit avoir le pas sur ce qui les sépare en fait ». C’est cette phrase de Régis Debray que nous défendons à travers la laïcité : l’intérêt collectif contre les intérêts particuliers, la concorde au lieu de la division.

Pour la dixième année consécutive, nous avons souhaité, avec les délégués départementaux de l’éducation nationale, continuer d’impliquer les écoles publiques autour de la thématique de la laïcité.

Dix ans que nous semons, dix ans que nous creusons le sillon de la laïcité, de l’ouverture d’esprit, dix ans d’un travail remarquable mené ici à Vénissieux.

Je tiens à saluer Marie-Thérèse Persch, présidente de la délégation de Vénissieux des DDEN, ainsi que tous les DDEN impliqués, les enseignants, bien sûr, dans l’ensemble de nos groupes scolaires, et tous les enfants qui redonnent du souffle et de l’imaginaire à l’un des principes les plus précieux, et fragiles aussi, de notre pacte Républicain : la laïcité.

Je vous remercie.

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