Conseil municipal : ZFE

Nous demandons par ailleurs l’implantation d’une antenne de l’Agence des mobilités à Vénissieux

Intervention de Michèle PICARD sur le rapport n°3«CADRE DE VIE.  Avis de la Ville de Vénissieux sur le projet d’amplification de la Zone à Faibles Émissions (ZFE).»

Dans l’expression « transition énergétique », il y a le mot transition, qui porte bien son nom. On ne passe pas d’un état à un autre du jour au lendemain. Transition, cela signifie accompagner, ne pas se précipiter, avancer ensemble vers un objectif commun. Cet objectif, nous le connaissons : il s’agit d’améliorer la qualité de l’air dans les grandes agglomérations,  de lutter contre la pollution qui a un impact réel sur la santé de tous. Nous soutenons bien sûr cet objectif, mais nous demandons un accompagnement renforcé pour y parvenir. Si cette transition n’est pas sociale,  je le dis clairement, elle est vouée à l’échec. La Métropole en a pris conscience et a rectifié le tir : le renforcement et l’extension de la ZFE sur un périmètre élargi sont abandonnés et l’agenda concernant les Crit’Air 2 a été reporté à 2028. Après la concertation que notre ville a organisée, nous continuons de porter auprès de la Métropole des revendications concrètes comme l’aide sur critères de ressources au passage Crit’Air 2 ou des dérogations spécifiques pour les personnes travaillant en horaires décalés ou de travail de nuit.

Au sujet de cette nouvelle mouture de la ZFE, de nombreuses difficultés perdurent.  Comme il est noté dans la délibération, les évaluations faites par la Ville montrent que le nombre de Vénissians concernés par les contraintes reste élevé ; 12 000 véhicules interdits de ZFE en 2025 et 22  000  en 2028. L’enquête réalisée par la Ville début 2023 montre qu’un tiers des Vénissians utilisent leur voiture pour leur travail à Lyon-Villeurbanne, un autre tiers dans l’agglomération et donc usager potentiel des infrastructures routières incluses dans la ZFE. Cela représente des milliers d’automobilistes Vénissians impactés pour leurs déplacements liés à l’emploi en 2025, toujours de l’ordre de 10 000 en 2028.

Ces évaluations confirment l’impact social fortement négatif du cadre actuel de la loi ZFE et l’impossibilité pour la Métropole d’accompagner l’ensemble des Vénissians vers des mobilités propres dans ce cadre. Nous continuons d’émettre un avis réservé non pas sur le principe et l’objectif de la ZFE et de lutte contre la pollution, mais sur le cheminement qui doit nous y mener.  Il faut renforcer l’accompagnement des familles les plus modestes, s’interroger sur les conséquences relatives au marché de l’occasion et mobiliser les employeurs pour  qu’ils soutiennent et viennent en aide aux salariés en difficulté.

Nous demandons par ailleurs l’implantation d’une antenne de l’Agence des mobilités à Vénissieux. La concertation a montré que de très nombreux habitants ignorent aussi bien les contraintes de la ZFE que des mesures d’accompagnement.  Beaucoup n’envisagent pas de changer de mobilité ou de véhicule.

Il n’y aura pas de développement durable pérenne et partagé par tous sans la prise en compte de la dimension sociale. C’est un préalable indispensable. Entre une famille aisée et une famille modeste, changer de véhicule ne prend pas les mêmes proportions et n’engendre pas les mêmes conséquences budgétaires. Dans un contexte d’hyperinflation, pour beaucoup, les priorités se concentrent sur le logement et l’alimentation.

Si la justice sociale n’est pas au rendez-vous, l’enjeu environnemental deviendrait source de profits pour les uns et surcoûts pour les plus modestes. Il diviserait et détournerait les Français du défi majeur du réchauffement climatique. C’est cette impasse-là que nous devons à tout prix éviter.

 Je vous remercie.

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