Conseil municipal : Lili Garel

La dénomination Lili Garel et son inscription mémorielle à Vénissieux redonne une place à celles qui ont su elles aussi résister

Intervention de Michèle PICARD sur le rapport n° 11 « CADRE DE VIE. Dénomination de l’espace vert situé à l’angle des rues Guy Fischer et Gaspard Picard »

C’est une délibération qui fait doublement plaisir car elle réunit l’histoire vénissiane et la jeunesse actuelle.

C’est le nom d’une femme, Elise Garel dite Lili, qui fait office de trait d’union entre passé et présent.

Élise Garel- 1942

Mais je voudrais commencer par le rôle des enfants du CME, qui ont proposé de nommer l’espace vert « Lili Garel ». Cette belle idée leur est venue de leur travail et de leur création vidéo en lien avec le concours « Prix Maison d’Izieu ». Le jury a récompensé et salué leur réalisation relative au sauvetage des enfants juifs du camp de Vénissieux, dit camp Bac Ky. Mille bravo à eux !

Et puis il y a l’histoire, notre histoire, l’histoire de notre ville.

Cet été 2022 marque les 80 ans de la déportation des juifs de France, un anniversaire très douloureux aujourd’hui encore, une ignominie du Régime de Vichy contre les valeurs de notre République. A partir de mars 1942, 73 convois vont mener à la mort près de 72 000 personnes à Auschwitz ou dans d’autres camps. Une tache noire, indélébile dans le récit collectif de notre histoire.

Mais au cœur de ce cauchemar, il y a eu une lueur, une brèche, et les deux ont pour point d’origine Vénissieux. Sans entrer dans les détails historiques, après la grande rafle du 26 août 42 dans le Rhône, plus de 1000 juifs étrangers sont conduits au camp de Vénissieux. Ils sont promis à une mort certaine. Mais grâce à l’amitié chrétienne, l’œuvre de secours aux enfants, la Cimade ou encore les Éclaireurs Israélites de France, une communauté d’hommes et de femmes héroïques va changer le destin des détenus.Il y a entre autres le père Chaillet et l’abbé Glasberg, Claude Gutmann et Lili Garel, qui mène l’équipe de l’Oeuvre de Secours aux Enfants.

En falsifiant les dates de naissance, en jouant sur les critères d’exemption à la déportation, au prix de risques insensés, en refusant d’appliquer les mesures administratives, ils vont exfiltrer et sauver 471 personnes sur les 1016 juifs internés, dont 108 enfants et adolescents.

Comme le dira Serge Klarsfeld, ces hommes et ces femmes, dont Lili Garel bien sûr, ont mis en échec « l’obéissance aveugle aux ordres, quels qu’ils fussent, de leur hiérarchie ».

Un mot pour finir sur la place des femmes dans l’histoire de notre pays et de la Résistance en particulier. Le grand roman national s’écrit quasi uniquement au masculin, laissant les femmes et leur contribution à la libération de notre pays dans l’ombre. Dans certains manuels d’histoire, aujourd’hui encore, les femmes occupent six pages sur 277. Notre espace public est très masculinisé : les noms des rues, en grande majorité des hommes, participent à la non-visibilité des femmes.

La dénomination Lili Garel et son inscription mémorielle à Vénissieux redonne une place à celles qui ont su elles aussi résister.

Je vous remercie.

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