Saison La Machinerie 2023-2024

Saison théâtrale 2023 / 2024

Jeudi 15 juin 2023 – Pour la culture, le péril se conjugue au passé comme au présent. Parce que la création dérange toutes les formes de pouvoir, politique, économique, elle dérange les monopoles et l’ordre établi. On veut la mettre à genoux par autoritarisme et la rendre accessoire par temps de crise. Si on la défend dans sa liberté et son pouvoir émancipateur, comme c’est le cas à Vénissieux, alors elle ne se pliera ni à l’un ni à l’autre.

Ici, la culture est indépendante et populaire, nous la défendons dans ses vertus démocratiques, l’accès au plus grand nombre, comme dans sa démocratisation, la pratique et l’initiation des habitants à toute forme d’expression.

Personne n’attend de la création qu’elle nous flatte, qu’elle se mette à notre service, mais qu’elle nous émeuve et nous interroge.

En jouant sur les attributions des subventions, Laurent Wauquiez remet en cause un équilibre qui faisait de la culture en France un espace sanctuarisé, où chaque échelon des institutions républicaines participait à son développement sans esprit partisan.

Ce sont ces financements croisés qui sont remis en cause. Sans concertation ni argumentation, la Région a coupé entre 800 000 et 1 million d’euros de subventions cette année. Dans un secteur déjà sinistré par la crise sanitaire, cette baisse est aussi brutale qu’inquiétante. Elle met en péril les programmations, la profession dans son ensemble, dont les intermittents du spectacle, fragilise les festivals, pénalise les spectateurs mais aussi tous les scolaires pour qui une sortie culturelle est tout autant une fête qu’une découverte.

A Vénissieux, nous avions encaissé une baisse importante de la subvention Région en 2022, moins 50 000 €, soit 40% de la subvention initiale. La Machinerie a été contrainte à des réajustements. Pour 2023, son budget est resté au niveau de 2022, à hauteur d’un million d’euros.

D’autres menaces pèsent sur la culture

Nous L’aimons, populaire, libre, subversive, émancipatrice. L’arrivée du numérique a bouleversé la diffusion, le respect des droits d’auteur et nos pratiques culturelles. On consomme plus que l’on ne s’immerge dans le bien culturel, et cette consommation devient de moins en moins collective. Pendant la crise sanitaire, le streaming et les plates-formes ont individualisé nos comportements. Quand de nouvelles habitudes sont prises, il devient alors difficile d’en changer.

Rien n’égale pourtant l’émotion collective d’une salle de cinéma, du théâtre, ni le partage de la musique en concert ou lors d’un festival. Il faudra être vigilant sur ce point, retrouver un public qui a pris de nouvelles habitudes, élargir la fréquentation à des populations plus jeunes ou éloignées, parfois par peur inconsciente ou sentiment de complexe face à l’objet culturel.

Et puis, il y a les attaques plus classiques des forces réactionnaires, qui s’en prennent à l’esprit des œuvres quand elles dérangent ou touchent à des sujets sensibles. Récemment à Carnac, l’association catholique intégriste Civitas a bloqué l’entrée d’un concert d’orgues au motif que les pièces acoustiques proposées étaient subversives.

Mentionnons également ces propos démagogiques, moins directs mais tout aussi malsains, qui consistent à faire croire que la culture en temps de crise est accessoire et anecdotique. Ce sont aussi ces discours aux accents libéraux qu’il nous faut combattre.

Notre ville s’inscrit dans une démarche complètement opposée. Elle est aux côtés de la culture, de tous ceux qui la font vivre, d’une culture populaire qui va au contact de ses habitants, qui circule dans tous les quartiers, qui fédère et réunit dans l’altérité justement. Ce ne sont pas simplement dans les discours mais dans les faits.

Crise sanitaire de la covid 19 : nous débloquons une enveloppe exceptionnelle de subventions à hauteur de 300 000€ pour les associations fragilisées par les périodes de confinement ou le ralentissement de leurs activités. Crise de l’inflation et de l’envolée des prix énergétiques : nous avons acté, fin janvier, la création d’un fonds financier de soutien à hauteur de 300 000€ à nouveau pour les associations en difficulté. Quand la Région se désengage, Vénissieux au contraire s’engage et épaule le milieu de la création au plus fort de la tempête.

Notre patrimoine

il est étoffé : le Théâtre, Bizarre !, dédié à la culture des musiques urbaines, l’École de musique Jean Wiener, la Médiathèque Lucie Aubrac et les 3 bibliothèques de proximité, le cinéma Gérard-Philipe, le Centre d’Art Madeleine-Lambert (les ateliers Henri Matisse), sans oublier le festival Fêtes Escales ou encore le festival Essenti’elles.

Mais tous ces équipements ne seraient pas si vivants sans la passion de nos agents, hommes et femmes animés par l’esprit de service public et de diffusion de la culture au plus près des Vénissians.

Depuis 2019, La Machinerie est labellisée Scène conventionnée d’Intérêt National (SCIN) par le Ministère de la Culture. Mention Art et Création – Écritures urbaines et contemporaines. C’est une reconnaissance concrète à la fois du travail réalisé par les équipes et de l’implication de la Ville pour soutenir une politique culturelle d’envergure.

Je profite de ce lancement de la saison 2023-2024 du Théâtre pour rappeler aux Vénissians qu’ils disposent d’un site internet qui regroupe l’ensemble de la programmation culturelle des équipements de notre ville. Ce site, c’est culture.venissieux.fr. Il a été mis en service début janvier, il est pratique et réussi et depuis sa mise en ligne, il a été déjà vu par près de 30 000 visiteurs. C’est un nouvel outil de diffusion de la culture vénissiane qui a trouvé sa place et prouvé son utilité à l’aune de la fréquentation déjà enregistrée.

Par ailleurs, la Ville de Vénissieux déploie progressivement le Pass culture dans les équipements culturels de la Ville permettant par exemple aux jeunes d’accéder au cinéma pour 1 €. A partir de la rentrée, le Pass déjà en vigueur à La Machinerie bien sûr, permettra également de louer des instruments de musique à l’Ecole Jean Wiener ou encore de régler son inscription aux ateliers Henri-Matisse.

Bayrem Braïki, adjoint à la culture, et Françoise Pouzache, directrice de la Machinerie, vont vous dévoiler la programmation de la saison 2023-2024 de la Machinerie. Elle sera hétéroclite, surprenante, engagée, riche en émotions. J’invite les Vénissians, et plus largement les habitants de la Métropole, à reprendre le chemin de nos équipements culturels.

La culture est notre bien commun, elle est la chambre d’écho de notre société et du monde dans lequel nous vivons.

C’est à la fois un sismographe et un révélateur de notre quotidien, un appel d’air et un passeport pour l’imaginaire, pour des cultures, traditions et patrimoines que nous ne connaissons pas. Nous avons tous besoin de ce souffle. La France a toujours été animée par une ambition culturelle. L’Etat doit en retrouver le sens et la volonté, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Les dépenses culturelles des collectivités territoriales, évaluées à 8,7 milliards d’euros en 2017, représentent près de 2,5 fois le budget du ministère de la culture! Et dans cette organisation, les communes jouent un rôle central.

Nous jouons donc pleinement notre rôle et nous portons à bout de bras une culture populaire dont notre ville ne saurait se passer. Ce combat est le combat de tous, un combat essentiel pour vivre dans un monde ouvert et éclairé. Selon une étude de l’INSEE de 2021, les communes et les groupements de communes assument 57 % de la dépense culturelle publique, entre 28 % pour l’Etat, 9 % pour les départements, et 6 % pour les régions. Les collectivités territoriales sont donc les premières contributrices à la culture.

Je vous souhaite une excellente saison au théâtre de Vénissieux et dans tous nos autres équipements.

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