Retraites : retrouvons l’offensive !

…seulement 40 % des personnes, âgées de 55 à 64 ans travaillent aujourd’hui. Le chômage des séniors explose depuis 10 ans…

Le 16 octobre 2001, l’entreprise Enron, numéro 1 mondial du courtage en énergie et 7ème entreprise américaine, s’écroule à la suite d’opérations financières louches. 8 000 salariés sont jetés sur le pavé et d’innombrables entreprises et personnes sont affectées.  Dans la catastrophe, des employés ont perdu leur droit à la retraite puisque le fonds de pension chargé de la gestion de leurs cotisations avait investi la majeure partie du capital dans des actions Enron. Un cas d’école qui démontre à quel point, les fonds de pension sont vulnérables face aux tempêtes financières et aux aléas des marchés.

En Europe, nombreuses sont les personnes qui ont perdu une part non négligeable de leur épargne-retraite investie dans des plans de retraite.

En France, comme le gouvernement n’a aucunement l’intention de défendre le système par répartition, nous avançons vers un système du même type. François Hollande a d’ores et déjà annoncé l’allongement de la durée de cotisation en affirmant que c’était : « la mesure la plus juste » face à « cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie ». Devant cet argument, il faut rappeler que si l’espérance de vie augmente, l’espérance de vie en bonne santé elle, diminue depuis des années. Notons aussi que seulement 40 % des personnes, âgées de 55 à 64 ans travaillent aujourd’hui. Le chômage des séniors explose depuis 10 ans.

A coups d’allongement de l’âge de départ à la retraite et d’augmentation de cotisations, on veut nous faire croire que les caisses de retraites sont vides et qu’il faudrait travailler plus longtemps puisque nous vivons plus vieux. On veut nous persuader que capitaliser serait la seule solution.

Les réformes successives de 1993, 2003, 2007 et 2010 ont rogné les retraites de plus de 30 %, aggravant, du même coup,  les fortes inégalités entre les femmes et les hommes.

Rappelons-nous :

En 1993, la réforme Balladur a modifié le calcul des retraites. Il n’est plus effectué sur la base des 25 meilleures années mais sur les 10 meilleures. Résultat : une baisse de près de 20 % du montant des pensions. Elles sont, depuis cette période, indexées sur l’évolution des prix alors qu’elles étaient préalablement calculées à partir de l’indice d’augmentation du salaire moyen.

En 2003, la réforme Fillon a modifié la durée de cotisation. Elle a été allongée à 41 ans en 2012 et à 42 ans en 2020. Une décote de 5 %, par année manquante, a été instaurée pour tous ceux qui souhaitent liquider leur retraite avant l’heure.

En 2012, toutes les personnes faisant l’objet d’une « carrière longue » peuvent partir à la retraite à 60 ans. C’était la moindre des choses. Seulement 100 000 personnes sont concernées. Mais la question qui reste en suspens est la suivante : qui parviendra désormais à cotiser 40, 41 ou 42 ans réellement ?

Depuis l’accord du 13 mars 2013, les retraites complémentaires ARRCO et AGIRC vont indexer chaque année, d’un point de moins que le taux d’inflation. C’est une nouvelle perte de pouvoir d’achat.

Cette réforme annoncée programme l’allongement de durée de cotisation. Pour bénéficier d’une retraite à taux plein, au lieu de 41,5 ans aujourd’hui, on passera à 41,75 en 2020 à 43 ans dès 2024 et 44 ans en 2028. En clair, les jeunes qui effectuent de longues études devront travailler jusqu’à l’âge de 70 ans minimum, ou bien cotiser volontairement à un organisme privé.

Retrouvons l’offensive et finissons-en  avec ces réformes répétitives économiquement absurdes. Imposons une cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des institutions financières et supprimons les exonérations de cotisations patronales. Si le gouvernement décide d’aller vers le régime par capitalisation, il ouvre un marché très profitable pour les groupes financiers et les grandes entreprises. Mais cela aggravera surtout  les inégalités sociales et exposera les cotisants aux aléas du marché. Le cas Enron, nous montre bien la vulnérabilité de ce système. C’est d’autant plus absurde que le chômage des jeunes explose pendant qu’on oblige les plus vieux à travailler plus longtemps. Les salariés, qui pour beaucoup d’entre eux peinent à boucler leurs fins de mois, ont tout à perdre dans la capitalisation.

La retraite est un enjeu de civilisation, une  avancée sociale  intergénérationnelle et interprofessionnelle. Les valeurs qui ont été, voilà près de 70 ans, à la base de la création de la Sécurité Sociale et de la généralisation du droit à la retraite sont toujours d’actualité. La retraite par répartition, à l’abri des marchés financiers, doit être garantie, à l’âge de 60 ans, à taux plein.

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