Rentrée 2009 : Conférence de Presse

Jeudi 10 septembre 2009

Je tenais à vous remercier d’être venus pour cette conférence de presse de rentrée, une première pour moi en tant que maire de Vénissieux.
Je profite de cette occasion pour me présenter : j’ai été élue le 27 juin dernier, je travaille en étroite collaboration avec l’ensemble de l’équipe municipale, dont Yolande Peytavin, première adjointe.

Jeudi 10 septembre 2009

Je tenais à vous remercier d’être venus pour cette conférence de presse de rentrée, une première pour moi en tant que maire de Vénissieux.

Je profite de cette occasion pour me présenter : j’ai été élue le 27 juin dernier, je travaille en étroite collaboration avec l’ensemble de l’équipe municipale, dont Yolande Peytavin, première adjointe.

De légères modifications ont eu lieu au niveau des délégations :

  • Véronique Forestier m’a succédé à la politique sociale,
  • j’ai gardé la délégation du droit des femmes.

Je me situe dans la continuité du travail accompli et la continuité politique de mon prédécesseur mais je ne serai pas un André Gerin en jupon.

D’abord parce que je n’ai pas son expérience, ensuite parce que j’ai ma propre personnalité, ma propre sensibilité, mon propre parcours.

Le plan de mandat 2008-2014, ce pour quoi les Vénissians ont voté en mars 2008, sera respecté de A à Z :

  • construction de logements diversifiés,
  • lutte contre la grande pauvreté,
  • amélioration du cadre de vie, du renforcement citoyen, de la scolarisation des enfants.

Les dossiers d’aménagement, vous les connaissez, c’est le Puisoz, le CFAL, le programme Vénissy, le Couloud, la reconstruction du Lycée Jacques Brel.

Mais je crois que cette rentrée 2009, c’est surtout une rentrée marquée du sceau de la grande pauvreté. Une rentrée d’injustices et d’inégalités intolérables, une rentrée de fractures sociales profondes et dangereuses. Les effets de la crise, renforcés par une politique gouvernementale à la solde du MEDEF, des grandes entreprises et des institutions financières, créent une pauvreté massive et diffuse. 13,4% de la population française vivent sous le seuil de la pauvreté, soit plus de 8 millions de personnes, selon les chiffres de l’INSEE. Et ce sont les chiffres de 2007, soit un an avant le début de la crise économique que nous traversons. Cette donnée est à mettre en parallèle avec le plan de relance du tandem Fillon-Sarkozy (l’un des plus faibles de la zone européenne) et un constat ahurissant : lors des 6 derniers mois, le CAC 40 a augmenté de 40% ! et le chômage dans le Rhône de 22,8% !

Emplois, salaires : année zéro

La crise du système bancaire et financier (ce que moi j’appelle la crise du capitalisme car elle n’est pas d’une autre nature), ce sont donc la population, les ouvriers, intérimaires, CDD, les ménages démunis et les travailleurs qui la payent. De nouvelles couches sociales sont touchées par la précarité. Des sommes vertigineuses ont été versées pour sauver un modèle économique à bout de souffle, les dividendes et stock-options ont été redistribués, cet été, comme si de rien n’était.

Pendant ce temps-là, les sous-traitants et le tissu industriel de l’agglomération subissent de plein fouet le jeu de Monopoly auquel se livrent les grands décideurs.

A Vénissieux : fermeture de Saint-Jean Industries, recours au chômage partiel et vives inquiétudes chez Bosch, Renault Trucks.

Pour vous donner un ordre d’idée : sur la commune, le chômage a augmenté d’environ 35% par rapport à 2008, frappant de plein fouet les jeunes, intérimaires, CDD, etc. Le taux de chômage est passé au-dessus des 9% au niveau national et le Bureau International du Travail (BIT) a estimé que dans le monde le nombre de chômeurs ne serait pas loin de 230 millions fin 2009.

Les réponses du gouvernement à cette crise ?

  • pas de coup de pouce au SMIC au 1er juillet alors que le pouvoir d’achat des français ne cesse de se détériorer
  • augmentation des tarifs EDF,
  • annonce d’une taxe carbone injuste,
  • la mise en place du RSA que nous avons décidé de ne pas instruire à Vénissieux, par souci de cohérence dans le suivi des dossiers par le département et par l’idéologie malsaine qu’il génère. Le RSA, c’est le traçage du travailleur pauvre ni plus ni moins, et c’est aussi l’instrument par lequel on induit qu’un seul salaire ne suffit plus pour vivre décemment. Les rémunérations sont tirées par le bas, le manque à gagner est en quelque sorte socialisé par la collectivité : en clair, on dit aux employés : « si votre travail ne suffit pas, adressez-vous aux aides sociales ! »

Au lieu de s’attaquer à la pauvreté, on l’institutionnalise.

Sous la pression de la crise et de la droite, les conditions de travail ne cessent de se dégrader, le code du travail est démantelé, les salariés mis en concurrence, certains détruits psychologiquement : en matière de droit du travail, c’est année Zéro !

Les retraités, les femmes et la santé dans le collimateur

En mairie, dans la rue, je croise énormément de personnes dans la détresse :

  • retraités pauvres qui ne parviennent plus à boucler leur fin de mois, à payer leur loyer (en France, ils sont 900.000 de plus de 65 ans à vivre avec moins de 817 euros par mois),
  • femmes isolées avec ou sans enfant qui font face à des difficultés insurmontables, étudiants, chômeurs, immigrés stigmatisés.

Non seulement on assomme des populations fragilisées, mais en plus on les culpabilise. Est-ce digne de la République ?

Vous savez que j’ai gardé ma délégation aux droits des femmes et que je porterai un regard aigu au cours de ce mandat sur toutes les atteintes dont elles sont victimes. Je me souviens de cette phrase de Karl Marx (on ne se refait pas !) qui disait :

« Le degré d’émancipation de la femme est la première mesure d’émancipation de la société ».

Le projet de suppression de la majoration de durée d’assurance (MDA) accordée pour la retraite des mères de famille n’est pas seulement honteux, il est d’essence pétainiste ! Il alimente, comme les lois sous Vichy, l’idée de la mère, de la femme au foyer ! L’argument utilisé, au nom du principe d’égalité hommes-femmes, me scandalise :

  • où sont les discriminations lorsque que l’on sait que les mères de famille retraitées touchent en moyenne jusqu’à 40% de pension en moins que les hommes,
  • qu’en 2006, dans le privé, l’écart atteignait 16% pour le salaire horaire,
  • qu’au niveau du salaire brut moyen, l’écart passe à 27% car les femmes subissent plus qu’elles ne le choisissent le temps partiel,
  • que le montant des primes individuelles est inférieur de 23% à celui des hommes.

Où sont les discriminations lorsque l’on sait que les femmes, dans la plupart des cas (même si les mœurs évoluent peu à peu), mènent de front carrière professionnelle, éducation des enfants, tâches domestiques… Deux vies en une = une seule pension, mais quasiment divisée par 2 !

2010 sera une année charnière en matière de retraite :

  • soit le système bascule vers des retraites par capitalisation et une augmentation de la durée de cotisation, c’est la version droite-Medef,
  • soit nous sauvons le système par répartition, le plus juste, le plus solidaire, le plus moderne aussi.

Pour la santé, la question va se poser elle aussi très rapidement :

  • soit la loi Bachelot sur l’hôpital passe, avec des territoires et des malades « pauvres » rayés de la carte sanitaire, des secteurs rentables privatisés (je parle bien de la santé publique !),
  • soit c’est la vision républicaine et solidaire qui s’impose.

Nous serons face à des choix de société cruciaux, dans tous les domaines, et c’est la raison pour laquelle j’entends porter la colère et les espoirs de tous les Vénissians. Je comprends qu’il y ait une forme de résignation, car les coups s’abattent sans discontinuer sur les classes populaires depuis plus de 10 ans.

Mais j’ai envie de dire à tous ces gens : ce n’est pas par le matraquage médiatico-politique, l’idée de la solution individuelle, de l’argent facile et de la loi du plus fort que l’on s’en sortira !

C’est par la force collective, par l’émergence d’un large mouvement social, auquel je crois, que nous parviendrons à modifier le cours de l’histoire, la logique d’un système économique à court terme et du profit pour le profit.

Collectivités locales : finances muselées, autonomie politique bafouée

Face aux attentes légitimes des populations va se poser et se pose déjà la question des politiques autonomes des collectivités locales. J’ai envie de répondre au comité d’Edouard Balladur :

  • non, Vénissieux ne sera pas le 11ème arrondissement de Lyon après Villeurbanne, elle n’a pas vocation à le devenir,
  • non, le mille-feuilles administratif tant décrié par la droite, ce n’est pas l’organisation actuelle (même si je ne suis pas une anti-réformiste) mais bien la tentation de mettre en place des techno-structures, dénuées de toute légitimité populaire, qui pondent des directives sur le calibrage de la rosette de Lyon.

La France n’a pas besoin d’une commission de Bruxelles bis à la tête de chacune de ses régions, de chacune de ses métropoles :

  • car elle éloigne encore un peu plus le citoyen du pouvoir et des urnes.
  • elle crée des déséquilibres flagrants entre des Régions surpuissantes, des Départements affaiblis, des agglomérations boulimiques, des territoires ruraux laissés en jachère et des Communes chargées de gérer l’état civil !

C’est ce retour marqué vers un centralisme étatique, vers une concentration des pouvoirs antidémocratiques, que je refuse en bloc. Il y a de la part de la droite une volonté à peine masquée de museler la dimension politique des mairies. A ce titre, le comité Balladur fait office de point final à une longue série de désengagements de l’Etat :

  • gel de la DSU,
  • diminution des compensations fiscales,
  • inquiétudes sur le FCTVA, qui serait limité à partir de 2010,
  • mort annoncée de la taxe professionnelle, soit un manque à gagner de 16 à 20 milliards d’euros pour les collectivités et un gain de trésorerie de 10 à 12 milliards pour les entreprises.

A Vénissieux, nous avons décidé de ne pas augmenter les taux d’imposition pour ne pas ajouter de crise à la crise. Mais si l’Etat continue à attribuer des compétences sans contrepartie financière, à se désengager de ses missions régaliennes, les villes n’auront plus le choix :

  • soit vous jouez sur le levier de la fiscalité,
  • soit vous réduisez l’offre et les services publics que chaque habitant est en droit d’exiger de la part des communes, premier socle de la République, lieu de proximité le plus naturel.

Qu’on ne se trompe pas, ce n’est pas un choix cornélien, c’est un choix dramatique qui nous attend ! A ce rythme-là, que pourront répondre les élus locaux face à la détresse des gens qui vont voir (et c’est normal) la mairie, pas la rue du Faubourg Saint-Honoré !!! On va leur dire quoi : « Désolés, on ne peut rien faire pour vous, débrouillez-vous », en détournant le regard !

Ça n’est pas ma conception de la politique et je ne suis pas devenue maire pour faire office de fusible, ni pour m’arranger avec de petites démissions sur le terrain des difficultés quotidiennes des gens. Le sens de ma mission, de mes engagements (être maire, ça n’est pas un métier ni un sacerdoce!), c’est de gagner, voire de re-gagner, centimètre par centimètre, des espaces républicains au service de tous les Vénissians.

A Vénissieux, en maternelles et élémentaires, la rentrée scolaire se solde par l’ouverture de 10 classes, 1 maintien à Joliot Curie et 2 fermetures de classes.

Le pire est évité, dans notre commune tout du moins, mais des problèmes récurrents demeurent :

  • le nombre d’enfants de 2 ans en liste d’attente, ils étaient 208 l’année dernière à Vénissieux,
  • le non-remplacement des enseignantes en congé maternité, comme ça s’est répété de nombreuses fois dans les maternelles et élémentaires en 2008/2009.

Voilà le résultat de la politique menée par le gouvernement : 13500 postes supprimés cette année, 62000 depuis 2003 !, une hémorragie injustifiable pour l’avenir de notre jeunesse, pour le personnel de l’Education Nationale qui travaille dans des conditions de plus en plus difficiles.

L’enfance et la jeunesse sont des priorités pour l’équipe municipale, le combat pour la laïcité, le combat des enseignants et parents d’élèves pour une école publique digne de ce nom, aussi !

La ville porte avec force et conviction des dossiers essentiels : la reconstruction du Lycée Jacques Brel, la prochaine ouverture du Centre Académique Michel Delay, pour la formation des enseignants.

Je suis très attachée à l’idée de construction de la personnalité de l’enfant au fil de ses expériences, en milieu scolaire et péri-scolaire. A Vénissieux, l’éducation, contrairement à l’Etat, est un pilier essentiel de notre politique.

Au terme de cet état des lieux, l’urgence est plus que jamais politique. En matière de communication et de médias, Nicolas Sarkozy occupe très bien un terrain que ses amis argentiers détiennent. Il est actif, sur-actif même, mais dans la destruction du pacte républicain, des services publics, de la cohésion sociale. Il incarne et représente la droite la plus dure que la France ait connue depuis des décennies. Face à une telle crise, la plus forte peut-être depuis 39/40, toutes les forces progressistes de ce pays doivent se mobiliser. Il flotte en 2009 un parfum des années 30. Des possibles, des utopies indispensables à gauche et des conquêtes sont à réinventer. Car le curseur peut aussi basculer vers la résignation, vers un néo-populisme surfant sur la frustration de la population.

Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs : le problème n’est pas de trouver un leader ou des alliances à tout prix, mais un contenu. La question se pose pour tous les partis de gauche. Le PCF a un avenir s’il s’empare des questions de société, s’il prend en compte son évolution, pour apporter des réponses et un projet innovants. C’est comme ça qu’il sera visible, lisible, crédible ! Car la lutte des classes n’a pas cessé !

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