Rencontre avec l’association des Alévis

13 oct 2012 – Retrouvez le discours de Michèle Picard à l’occasion d’une rencontre avec l’association Alévis

13 oct 2012 – Retrouvez le discours de Michèle Picard à l’occasion d’une rencontre avec l’association Alévis

Monsieur le président de l’association des Alévis,
Mesdames, Messieurs,

Votre association regroupe en Europe plus d’un million d’adhérents dans 14 pays différents. Vous agissez en faveur de la liberté d’expression. Je voudrais citer le poème « La Rose et le Réséda » de Louis Aragon, dédié à plusieurs résistants fusillés. Le texte est ponctué par les vers suivants : « Celui qui croyait au Ciel, Celui qui n’y croyait pas… ». Vous vous inscrivez totalement dans cette démarche d’ouverture pragmatique et progressive.

Les Alévis sont majoritairement d’origine turque. Ils sont aussi kurdes  ou revendiquent une origine Perse (l’Iran d’aujourd’hui). Les 20 millions d’Alévis habitant en Turquie sont la cible d’oppressions violentes menées dans le cadre d’une politique d’assimilation forcée.

Votre doctrine philosophique n’est pas reconnue par la législation et fait l’objet de négation par le gouvernement Turc.

Vous avez donc décidé d’une initiative le samedi 20 octobre 2012 : Une marche au départ de Strasbourg pour rallier le Parlement Européen.  Vous voulez dénoncer ouvertement la responsabilité du gouvernement Turc d’Erdoğan dérivant dans une orientation islamo conservatrice de plus en plus marquée. Vous souhaitez que les Alévis vivent en paix dans une République de Turquie démocratique, laïque où chacun est l’égal de l’autre sans discriminations ni violences.

Oui vous avez raison, la laïcité n’est pas négociable, ni même à géométrie variable. La laïcité garantit le vivre ensemble. Elle garantit la liberté de culte, la liberté de croire ou de ne pas croire.

La religion est un choix intime qui appartient à la sphère du privé, là encore, dans le respect et la tolérance de l’autre et de ses différences.

Face aux glissements répétés vers la division, le clivage, le rejet, il faut résister à ceux qui cultivent la haine de l’autre, résister aux amalgames, résister aux raccourcis, résister à la recherche du bouc émissaire, car c’est une constante en temps de crise, cela fait partie de l’engagement de tout citoyen, en prise avec son siècle.

Le vivre ensemble est une notion qui doit progresser. C’est accepter d’autrui, qu’il pense et agisse différemment, c’est accepter de confronter des points de vue, des façons d’être et d’agir, dans le respect de l’égalité et de la réciprocité, en toute confiance, dans un souci de compréhension, d’ouverture et de progrès, pour le meilleur des relations humaines.

Ce n’est pas un hasard si vous avez choisi de vous installer sur Vénissieux. Nous partageons des valeurs et des idéaux communs, ce qui nous fédère. Nous avons une haute idée de ce que signifie : liberté, démocratie, respect de la dignité humaine et des droits de l’Homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités.

Je crois que nous partageons un autre combat essentiel : celui des droits des femmes, à l’heure où nous constastons combien ils sont sans cesse remis en cause et menacés.

Ensemble, sur le territoire de notre commune, nous pouvons faire avancer les idéaux progressistes, les valeurs laïques et le vivre ensemble.

Alors permettez-moi de saluer votre combat d’ouverture et vous souhaiter la bienvenue à Vénissieux.

X