Rassemblement pour la journée d’actions interprofessionnelle

Les syndicats CGT et CFDT ont invité les salariés du public et du privé à une journée d’action interprofessionnelle pour la défense de l’emploi industriel. Michèle Picard a participé au rassemblement organisé devant l’usine l’usine Bosch de Vénissieux. Ci après, son intervention.

Les syndicats CGT et CFDT ont invité les salariés du public et du privé à une journée d’action interprofessionnelle pour la défense de l’emploi industriel. Michèle Picard a participé au rassemblement organisé devant l’usine l’usine Bosch de Vénissieux. Ci après, son intervention.

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Mesdames, Messieurs,

Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour dire que nous en avons assez de ce modèle économique purement matérialiste, quasi-impérialiste de Sarkozy. De cet Etat qui depuis les années 1970 a littéralement abandonné le secteur industriel : la sidérurgie, la métallurgie, l’automobile, des pans entiers sont balayés, asphyxiés.

En France, la part de l’emploi industriel, de 1980 à la fin des années 90, a diminué de 21%. Tous les ans, cette part diminue de 1 à 2%. En quinze ans, l’emploi industriel, agro-alimentaire compris, a perdu 1 million d’emplois, passant de 4,7 millions à 3,7 millions. C’est la politique du moindre coût social, la concurrence à l’intérieur même de l’Union européenne, et la pratique du dumping social qui tire vers le bas les salaires, les protections et les conditions de travail, et détruit toute forme de transmission du savoir-faire.

Les valeurs du travail n’ont plus leur place dans l’entreprise : peu importe le travail bien fait pourvu qu’il y ait du quantitatif, des objectifs de rentabilité. Les tâches techniques sont transférées à la sous-traitance, affaiblissant de fait la résistance des salariés, en les précarisant et en les éloignant des centres de pouvoirs de leur propre entreprise.

La droite a toujours cherché à casser les résistances en divisant le prolétariat. C’est la fameuse devise « diviser pour mieux régner », les chômeurs contre les travailleurs, les fonctionnaires contre les salariés du privé, les travailleurs pauvres contre les moins pauvres, les immigrés contre les Français. Tout est fait pour que les colères ne se rencontrent pas et qu’elles soient détournées, et en premier lieu, dans les entreprises.

Au quotidien, c’est une épée de Damoclès qui plane irrémédiablement au-dessus des têtes des salariés. Des salariés qui vivent dans une incertitude totale, qui sont l’objet d’odieux chantages, des familles entières sous pression, dans la peur du lendemain, des projets de vie suspendus, voire brisés. Les repères de notre société sont entrain de voler en éclats. Le monde du travail est réduit au sursis : garder son emploi, défendre ses acquis que l’on perd peu à peu, avec la crainte de basculer, un jour ou l’autre dans la précarité.

L’emploi doit permettre à chacun de subvenir à ses besoins. C’est une question de dignité. L’emploi est une colonne vertébrale, un élément structurant, qui valorise l’individu par son savoir-faire. C’est un maillon essentiel de toute vie sociale équilibrée à travers les relations nouées.

Tous les jours, à la Ville, nous sommes confrontés à la pauvreté qui progresse.

De plus en plus de personnes salariées, à bas salaires ou à temps partiels, et notamment des femmes, sollicitent l’aide sociale. Et avec la réforme sur les collectivités annoncée pour 2010, nous ne savons pas jusqu’à quand les villes pourront assumer la solidarité, maintenir des services publics de proximité. Au final, ce sont encore les habitants, les salariés qui vont trinquer.

Avec le revenu de solidarité active, le gouvernement Sarkozy a institutionnalisé la précarité, la pauvreté. C’est l’instauration d’un nouveau statut, celui du travailleur pauvre : 30% des Sans domicile fixe ont un emploi. Avec le RSA on cultive l’idée que des gens ne peuvent pas vivre dignement et décemment de leur emploi, qu’il leur faut recourir à des petits boulots pour difficilement arriver à gagner 1000€ par mois ou recourir à l’accompagnement social, c’est humiliant, c’est dégradant. Le RSA étant financé par les contribuables, pour décoder : ce sont les « un peu moins pauvres » qui payent pour les pauvres. C’est à la grande majorité des français de se serrer la ceinture tandis qu’une minorité de privilégiés continuent de vivre dans l’opulence.

A Vénissieux et dans la 14ème circonscription, de nombreuses entreprises sont en difficultés (Rhodia organique St Fons annonce 40 suppressions de postes, RVI négocie le départ des séniors, DHL ; Arkéma, Bosch …) et maintenant, le patronat a trouvé une solution : le prêt de salariés !

Des salariés toujours plus corvéables à merci, comme au bon vieux temps de l’esclavage.

Mais il n’y a pas de fatalité. Le cours de 2010 dépendra du lit de nos révoltes, de notre refus collectif à continuer ainsi. Tout dépendra de la mobilisation des forces progressistes, élus, citoyens, salariés. Il est grand temps d’agir, de montrer au Capital et à ses laquais que nous ne laisserons plus faire, que nous sommes mobilisés et déterminés.

La résistance s’organise dans des luttes exemplaires. Des salariés nous ouvrent la voie des possibles en défendant résolument leur dignité. Ils prouvent ainsi leur volonté de rester debout.

Nous avons besoin d’une politique de l’emploi ambitieuse, un véritable plan Orsec, d’un véritable grenelle des salaires. Le gouvernement doit agir et non pas accompagner la crise. Nous ne payons pas autre chose que la note salée du capitalisme financier des années 80,90, 2000. Nous ne payons pas autre chose que l’arrogance d’un système articulé autour de l’argent roi, du profit facile et des dividendes réservés à quelques-uns uns.

Ce sont des milliards d’euros injectés sans contreparties aux banquiers, aux donneurs d’ordre, les fonds stratégiques accordés aux constructeurs automobiles qui en profitent pour licencier avec les fonds publics (3000 emplois sont détruits par jours en France). Pour résumer, le capital se remplit les poches quand tout va bien et vident les nôtres quand tout va mal !

Pour mémoire, Sarlozy a distribué en 2008 de nombreux cadeaux au CAC 40 et aux ménages favorisés. Le bouclier fiscal, c’est 14 milliards d’euros pour 15 000 foyers fiscaux privilégiés.

Il est urgent de remettre l’homme au cœur du monde du travail. C’est vital et capital. Il est impératif d’élaborer une démocratie sociale au sein des entreprises, avec plus de pouvoirs aux salariés dans la marche de leur entreprise. Nous devons lutter contre les délocalisations, favoriser les relocalisations ; mieux contrôler les fonds publics au regard de la responsabilité sociale des entreprises ; Lutter contre la précarité.

Toutes ces pistes doivent nous donner espoir. Elles doivent permettre aux salariés de sortir de la résignation après tant d’années de démantèlement du code du travail. Nous devons ensemble les explorer pour construire un autre système économique, social et démocratique.

Vous pouvez compter sur mon engagement et ma détermination à vos côtés pour porter ces combats.

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