Inauguration de la Maison des Associations

Le 23 janvier à 11h00

Michèle Picard a inauguré la Maison des Associations Boris-Vian en présence de Guy Fischer, vice-président du Sénat et d’André Gerin, député du Rhône.

Ci-après son intervention à cette occasion.

Le 23 janvier à 11h00

Michèle Picard a inauguré la Maison des Associations Boris-Vian en présence de Guy Fischer, vice-président du Sénat et d’André Gerin, député du Rhône.

Ci-après son intervention à cette occasion.

inauguration maison des associations230110

« Monsieur le Député, Monsieur le Sénateur, Monsieur le représentant de l’État, Madame, Monsieur les conseillers généraux du Rhône, Madame la présidente du Centre Associatif Boris Vian, Madame la première adjointe, Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs,

La ville de Vénissieux est irriguée par un réseau dense d’associations, de personnes et de bénévoles, unis par une passion, une activité, qu’ils ont envie de partager avec le plus grand nombre des Vénissians. Il manquait à cette multitude de vaisseaux, un centre, un cœur. Il est là, sous nos yeux, c’est la maison des associations Boris Vian que l’on inaugure aujourd’hui.

Je voudrais au préalable remercier tous ceux qui ont œuvré à la construction de ce bel édifice : André Gerin et Yolande Peytavin bien sûr, les différentes équipes municipales et tous ceux qui se sont associés au projet.

L’ANRU, à hauteur de 315 000 euros, le Département pour une subvention de 85 000 euros, le financement Sigerly de 208 000 euros pour le photovoltaïque et bien sûr la Ville, qui a investi dans ce projet plus d’1,3 millions d’euros. Sans oublier le remarquable travail de la présidente et du conseil d’administration du CABV, de l’architecte et du concours de celles et ceux qui tenaient à cette Maison, une Maison commune, une Maison d’échanges pour les Vénissians.

Je voudrais rappeler combien défendre l’idée de citoyenneté, par les temps qui courent, est devenue difficile. Aux yeux des politiques libérales, du rentable et du tout monnayable, la défense et l’attachement au milieu associatif passent pour superficiels. Et les subventions pour les collectivités, pour les associations, fondent comme neige au soleil. C’est non seulement regrettable, mais ça risque de pénaliser, de fragiliser la vie de la cité et l’idéal républicain.

C’est dans ce contexte national, un contexte mercantile et individualiste, que la Ville s’est battue pour donner des structures solides, confortables, à cette vieille loi, si moderne, la loi relative au contrat d’association de 1901. 109 ans après, son auteur, Pierre Waldeck-Rousseau, ardent républicain, ministre sous un certain… Jules Ferry, serait fier de voir sa loi aussi jeune, toujours aussi utile. Pierre Waldeck-Rousseau qui deviendra président du conseil à la tête, écoutez bien, « d’un gouvernement de défense républicaine ».

Je ferme la parenthèse, mais j’avoue aimer cet écho à travers la nuit des temps, celui de cette 3ème République-là et de la loi 1901 dans le centre-ville de Vénissieux !

Lorsque je parle du milieu associatif, trois mots me viennent à l’esprit : courroie de transmission, trait d’union, sédiment. Une question aussi : à quoi ressembleraient nos villes sans l’existence de ces dizaines de milliers d’associations en France, sans les quelque 500 associations de Vénissieux ? Toutes renforcent (et beaucoup ne se rendent pas compte à quel point), le vivre ensemble.

Sans l’investissement de ces milliers de personnes, de bénévoles, de tous les Vénissians, à quoi ressemblerait la vie de quartier ? Pour les élus que nous sommes, attachés à une certaine idée de la République, à une haute idée de la République, n’ayons pas peur des mots, le dialogue noué avec vous est non seulement fécond, il est profond, nécessaire, vital. Nous défendons l’esprit civique, la citoyenneté. Le maillage associatif (qu’il soit social, éducatif, caritatif, sportif, artistique, culturel) en est le reflet sur le terrain. C’est la pierre angulaire autour de laquelle circule et se nourrit la vie de la cité.

Autour de laquelle convergent nos décisions politiques pour la jeunesse vénissiane, pour l’expression et le développement de la personne, pour l’accès aux activités diverses. Le fruit de cette pépinière, son résultat, c’est de rompre sur le terrain avec l’individualisme, de renforcer la cohésion sociale et le lien transgénérationnel. Ça n’est pas rien. Alors oui, je crois que c’est l’occasion aujourd’hui de rendre hommage à tous ceux qui œuvrent, souvent dans la discrétion, pour « vivre la ville » au quotidien, pour « vivre la ville » sans discrimination.

J’aimerais aussi évoquer les relations fructueuses que nous entretenons avec le CABV, bien sûr. Elles font l’objet d’une convention triennale dont nous pouvons être fiers. Je tiens à mettre en exergue le travail commun qui nous a unis pour l’élaboration et la construction de la Maison des Associations. Avant les murs, avant les fondations, avant la charpente, c’est bien l’idée d’une perspective citoyenne, culturelle, d’un renforcement de la démocratie de proximité qui a précédé. Avant le cadastre, il y avait l’esprit.

La direction du Centre Associatif, le conseil d’administration, le personnel, la volonté et l’énergie de Yolande Peytavin, ma première adjointe, qui a porté ce projet de A à Z, tout le monde a tiré dans le même sens. J’aime cette idée que le renforcement des associations, rempart aux discriminations, était un préalable à la construction de la Maison des Associations, laquelle constitue une étape primordiale du lancement de l’îlot Romain Rolland. Tout se tient : la racine de notre politique c’est l’humain, le vivre-ensemble ; les ramifications se trouvent dans la Maison des Associations ; et la Maison des Associations, c’est le « cœur de ville », projet urbain Vénissieux 2030, allant du pôle multi-modal, au Nord, à la Médiathèque, au sud, du Monery à Romain Rolland. On peut difficilement faire plus cohérent.

Cette philosophie se retrouve dans les missions assignées à la Maison des Associations.

L’ancrage citoyen s’accompagne d’actions d’information, d’un soutien méthodologique et logistique, de formations aussi pour épauler les associations et rendre opérationnels leurs projets.

Et l’outil est à la hauteur des objectifs : des bureaux administratifs, 11 bureaux dédiés aux associations, un pôle multimédia, des modules de formation des bénévoles, l’organisation prochaine de rencontres associatives pour renforcer les échanges, les pistes d’action entre associations.

Enfin, je tiens à féliciter les maîtres d’œuvre et l’architecte pour avoir su garder l’esprit de l’ancien bâti industriel tout en faisant de la Maison des Associations un espace moderne, aéré, convivial. A la haute qualité environnementale s’ajoute la haute qualité Républicaine !

L’unanimité autour de ce projet et sa réussite architecturale ne doivent pas nous faire oublier certaines réalités. En tant que maire de Vénissieux, je suis néanmoins très inquiète pour le milieu associatif. Les lignes budgétaires de l’Etat, les subventions, les dotations se tarissent d’année en année. La Mairie de Vénissieux consacre 4% de son budget à la démocratie locale, avec ses conseils de quartier, 12% à la culture, 15% au sport et jeunesse. Nous pouvons être fiers de ce choix, car nous voulons vivre et dessiner une ville ouverte, une ville debout, pas une cité dortoir. Où chacun trouve sa place, se sent impliqué.

Nous subventionnons des centaines d’associations à hauteur de 3,3 millions d’euros par an. L’effort de la Ville est considérable et il est récompensé chaque année par le travail sur le terrain des personnels, des bénévoles. Oui mais jusqu’à quand les communes seules pourront aider les associations, maintenir les services publics dont la population a si besoin, si l’Etat se désengage de plus en plus ? Je ne tire pas de plan sur la comète en disant cela, je vous décris la réalité d’aujourd’hui.

Nous avons besoin de l’engagement de tous les partenaires, de l’addition de toutes les compétences, l’Etat, la Région, le Département, l’Agglomération et la commune, pour mener à terme des projets ambitieux. Si l’un manque à l’appel, ce n’est plus une politique de construction qui est à l’œuvre, mais de colmatage. La différence est grande.

Les associations, qui accomplissent un travail fondamental dans les quartiers, pour rompre l’isolement des gens, vivent de plus en plus sous perfusion.

Elles courent après les subventions, ne savent pas si elles seront toujours vivantes l’année suivante. Il faut à tout prix les aider. Regardez ce qui se passe au niveau des DRAC, qui ont perdu en 2008 plus d’un tiers de leurs pouvoirs d’« action en faveur de l’accès à la culture ». Le spectacle vivant est très mal en point, les ateliers d’initiation et d’ouverture à l’expression artistique, culturelle ont du mal à exister. Et je peux vous dire que cette logique libérale, celle de croire que l’épanouissement de la personne n’est pas une activité rentable par exemple, s’applique partout : dans le sport, les missions sociales, etc.

Lorsque l’on aura défait tous les liens sociaux, lorsque l’on aura étranglé le milieu associatif et le vivre ensemble, certains s’étonneront d’avoir ouvert la boîte de Pandore. Pas moi, pas nous ici, qui tirons depuis des années la sonnette d’alarme, qui défendons les services publics, le sens de l’intérêt général, qui en appelons à un Etat présent et engagé à nos côtés. Et, entre parenthèses, je n’ai pas l’impression que la réforme des collectivités territoriales prévue aille dans ce sens-là ! Mes craintes sont vives pour l’autonomie politique des communes, qui sont aussi des lieux de résistance, de contre-pouvoirs.

Elles le sont également pour nos ressources financières et la mise en place de vraies politiques locales volontaristes.

Au cœur de cette très belle Maison des Associations, je ne veux pas finir sur une note grave, même s’il est toujours sain d’émettre des bémols et de rappeler à chacun le sens de ses responsabilités, de ses devoirs. Cette note plus gaie, ce serait une note de jazz, une note qui porterait le nom de… Boris Vian ! Ici, adossé à la Maison des Associations, l’artiste sonne juste, à l’image de la dénomination Lucie Aubrac pour notre belle médiathèque.

Ecrivain, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz, acteur, le tout en une seule vie, qui plus est trop brève, Boris Vian et son génie touche-à-tout expriment parfaitement la diversité, la joie, la pluralité qui animent le monde associatif.

C’était aussi un homme libre, engagé, côtoyant Sartre et Simone de Beauvoir, sachant résister aux foudres des gardiens de l’ordre moral, et dont la finesse d’esprit et son humour à vif cachaient des douleurs plus sourdes.

« Quand on ne sait rien, on peut tout de même trouver des choses, avec de l’imagination » nous avait-il prévenus. A la Maison des Associations, nul doute qu’on saura s’en souvenir !

Je vous remercie.  »

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