Présentation des voeux aux associations et personnalités

2015, année d’une violence aveugle, barbare, glaçante. Les attentats de janvier et novembre, n’ont pas endeuillé que les Parisiens, mais touché chacun de nous, dans nos libertés les plus essentielles, les plus universelles. […] “Je veux que la République ait deux noms : qu’elle s’appelle Liberté, et qu’elle s’appelle chose publique.” […]

La France a été attaquée sur son territoire, le pacte républicain dans son esprit, frappé au cœur de sa laïcité, de sa liberté d’expression, de sa diversité. Frappé au cœur de sa jeunesse, de son mode de vie, frappé parmi les représentants des forces de l’ordre.

2015, année d’une violence aveugle, barbare, glaçante. Les attentats de janvier et novembre, n’ont pas endeuillé que les Parisiens, mais touché chacun de nous, dans nos libertés les plus essentielles, les plus universelles. Dans le monde, la culture a, elle aussi, été ciblée. Quelques lieux pour s’en souvenir : le musée Bardo, le site de la Palmyre, classé au patrimoine mondial, que Daech détruit méthodiquement, un centre culturel de Copenhague, le Bataclan, la salle de rédaction de Charlie Hebdo…

Ces attaques sont pensées, organisées, elles intègrent une stratégie que nous connaissons tous, et à laquelle nous nous opposons : semer la division parmi nous, semer le rejet de l’autre, et la haine parmi nous.

Il nous faut sortir de la sidération, ne pas instrumentaliser l’émotion, mais afficher, au contraire, une cohésion de tous les instants. Cette cohésion, elle porte un nom : la République, pas l’extrême droite et son cortège de mensonges, de propos racistes et xénophobes. Cette cohésion, elle porte aussi un nom dans nos quartiers, dans notre quotidien : les services publics de proximité, l’éducation, la culture populaire qui rassemble, le sport pour tous.

La grande marche républicaine du 11 janvier, il y a à peine un an, défendait bien évidemment le vivre ensemble et la liberté d’expression, mais je crois qu’en son creux, elle exprimait aussi la volonté politique des Français, de renforcer les moyens du vivre ensemble. La volonté de donner à l’enfant les moyens de son émancipation, la volonté de créer du partage et de la tolérance par la culture, la nécessité de retrouver une identité collective, par le sport pour tous, par l’associatif, dans le monde du travail également.

La cohésion est nécessaire, pour lutter et vaincre le fanatisme religieux, pour repousser les populismes en tous genres, mais il nous faut parler aussi, de cohérence. Cohérence entre la société que nous voulons, les discours que certains tiennent, et les politiques que d’autres mènent.

Il y a là une contradiction majeure. On ne peut pas s’inquiéter du délitement du lien social, et continuer, sous l’effet des politiques libérales, puis maintenant des politiques d’austérité, d’en aggraver les conséquences.

Tout au long de la nuit effroyable du 13 novembre, les forces de sécurité publique, la protection civile et les professionnels de santé, ont montré combien leur dévouement et leurs compétences nous protégeaient, nous accompagnaient, et savaient répondre à l’urgence. Au lieu de les démanteler, donnons à l’ensemble des services publics, les moyens de lier notre société, de la souder, de la rassembler.

Si nous devions retenir un seul point positif de l’année écoulée, il serait justement dans notre capacité collective à renforcer ces fondations, qui ont permis à la République de sortir, sonnée certes, mais debout, des terribles épreuves endurées. Attaquée à l’intérieur, minée de l’intérieur.

Les scores du Front National aux Régionales, après les percées aux Municipales, Départementales et Européennes, sont une gifle adressée, non pas à la gauche ou à la droite, mais à l’ensemble des partis républicains. Cessons de les lire à travers la grille de lecture du vote contestataire, du vote sécuritaire, du vote de colère.

Il y a aujourd’hui une adhésion de l’électorat au Front National, qui doit interroger l’ensemble des élus, et citoyens républicains que nous sommes. Les Français n’en peuvent plus des politiques qui se ressemblent toutes, dictées par une Europe libérale, à laquelle ils avaient dit non, en 2005. Ils n’en peuvent plus de la politique politicienne, des cénacles éloignés des réalités, des petites phrases qui alimentent un théâtre déserté de son public depuis longtemps. Ils n’en peuvent plus de se sentir seuls face au chômage, aux difficultés de logement, seuls face à la santé, seuls face à une pauvreté et une précarité galopantes, seuls face à un pouvoir d’achat en chute libre. Ils se sentent seuls, oui, et bien souvent méprisés.

Nul ici ne peut ignorer, la menace et le péril que représentent les partis d’extrême droite et le populisme, pour notre République. Plus qu’un front républicain, il nous faut un sursaut républicain, rebâtir un projet de société partagé, ranimer une part de rêve et d’utopie, insuffler plus de proximité, de citoyenneté, et une représentativité plus en phase avec la France de 2016, au sein d’institutions à bout de souffle.

Cohésion et cohérence, deux mots qui ont une forte résonance, ici à Vénissieux, deux mots pour lesquels on se bat, année après année. Peut-être les Vénissians ont-ils vu, justement, la cohésion de notre majorité municipale, et la cohérence du pacte communal que nous leur avons proposé, lors des élections de mars dernier ? Ils ont su que l’intérêt général serait servi, défendu, qu’il primerait, qu’il serait au-dessus de tout, et surtout, des intérêts particuliers, que seul l’intérêt général ouvre la voie à une politique de justice sociale.

Je voudrais remercier tous les acteurs économiques, sociaux, éducatifs, culturels, sportifs, associatifs, qui s’impliquent sans relâche, dans la dynamique de notre ville. Chacun, je le dis très clairement, apporte sa pierre à l’édifice, chacun contribue à la valorisation de Vénissieux, à son rayonnement au cœur de l’agglomération lyonnaise, et bien au-delà.

Son développement n’est pas passé inaperçu en 2015. Nous avons ainsi reçu le prix de l’innovation, pour notre réseau de chaleur urbain. Sa dimension sociale, environnementale et novatrice a été honorée. 4ème fleur aussi, pour Vénissieux, et rares sont les villes populaires, parmi les 226 communes élues en France, à se voir attribuer un tel prix.

J’adresse mes félicitations à l’ensemble des services du cadre de vie, et bien évidemment aux espaces verts, et ses quelque 80 agents. Leur travail est remarquable, à l’image des hommes et des femmes qui s’investissent sans compter dans les nombreux champs d’action de Vénissieux. Leur professionnalisme a été l’un des éléments déterminants, de l’obtention de ce label national. Mais ce n’est pas le seul.

La propreté, le cadre de vie, la qualité d’aménagement, sont aussi entrés en ligne de compte, tout comme la qualité de productions de nos serres municipales, choix politique fort, là encore, au service de l’intérêt général et de notre quotidien.

Nul triomphalisme chez moi, mais la fierté que les énergies, les vôtres, les nôtres, soient mobilisées pour les Vénissians, pour un territoire et des quartiers, auxquels nous sommes liés et attachés.

Je n’oublierai pas non plus, l’ouverture du centre nautique intercommunal, symbole d’une histoire, que les habitants ne voulaient pas interrompre. C’est à la fois la restitution d’un équipement, d’une mémoire et d’une promesse, pour les futures générations.

2016 est là, 12 mois devant nous, pour faire avancer notre ville, avec les habitants, avec l’ensemble de nos partenaires, avec les forces vives et les talents de nos quartiers.

Ne cédons pas à la peur, ni à la morosité, au contraire, regardons demain comme un possible, une envie, une volonté, un sourire aussi. Le renoncement ne fait pas partie de notre ADN, le formidable parcours de Vénissieux, depuis 30 ans, en témoigne. Les défis sont nombreux, de différentes natures, aucun d’entre eux, n’est insurmontable. Education, culture, laïcité. Trois leviers de ce vivre ensemble, dont on parle tant, mais pour lequel les politiques nationales restent, à mes yeux, insuffisantes, trois remparts à l’intolérance.

La cohérence entre nos paroles et nos actes va se traduire sur le terrain. Le groupe scolaire Flora Tristan, le 21ème à Vénissieux, ouvrira ses portes à la rentrée prochaine.

Une école élémentaire, une école maternelle et un restaurant scolaire vont voir le jour en centre ville, pour renforcer l’accès aux connaissances, et l’émancipation des jeunes enfants vénissians. Le projet éducatif local est un pilier de notre contrat communal. Notre détermination en la matière est sans faille.

Dans quelques semaines, nous allons inaugurer un nouvel équipement culturel, dédié à la création : Bizarre, au croisement des cultures urbaines et musiques actuelles. Renoncer à cette ambition culturelle, ce serait renoncer à une certaine idée de la Ville, tournée vers sa jeunesse, comme lieu d’échanges et d’émotions partagées.

Le monde de la culture sait que nous serons toujours à ses côtés. Ce n’est pas le cas partout, et nombreuses sont les villes, où la création subit les foudres des politiques populistes et réactionnaires. Des festivals ferment en France, un équipement ouvre à Vénissieux. Pour notre majorité, la culture n’est pas une variable d’ajustement, mais une constante d’épanouissement, une constante d’aménagement, qui contribue au développement socio-économique des quartiers.

Enfin, le 27 janvier prochain, aura lieu le lancement de la commission Laïcité et vivre ensemble. Elle sera un lieu de débat, de réflexion, d’ouverture et de communication, en faveur de la laïcité, de ce grand principe qui nous protège, au-delà de nos croyances ou non-croyances, de nos confessions ou de nos convictions. Bâtir ensemble notre vivre ensemble, voilà une ligne forte de l’année 2016. Une ville est à la fois un ensemble, et une addition. Il est important, non pas de se contenter de l’élan actuel, mais de le prolonger, et de le faire partager dans tous les quartiers.

Notre ville va ainsi renforcer sa dynamique économique, et l’attractivité de son territoire, comme l’année 2016 le confirmera, avec la poursuite du développement de notre pôle automobile, le plus important de l’agglomération lyonnaise, ou l’inauguration des nouveaux locaux de l’entreprise Baret, restée fidèle à Vénissieux, et on s’en réjouit !

Après le laboratoire Carso, dont je salue l’investissement exemplaire dans la vie de notre ville, après l’engagement de 25 entreprises dans la charte de coopération, la marque de confiance, entre le monde économique et notre territoire, est chaque année plus solide. Elle illustre la prise de conscience collective d’agir pour l’emploi, d’agir pour la jeunesse, d’agir pour nos savoir-faire.

D’autres événements marqueront les douze mois à venir. Notre politique du logement, ambitieuse et raisonnée, ne se dément pas, avec la prochaine livraison de l’îlot Romain Rolland, du foyer Langevin, des maisons de la Glunière, du programme Vénissy.

Vénissieux continue d’avancer, est portée par des projets structurants, comme le Puisoz par exemple. Les réalisations de l’année à venir, tout comme les programmes à plus long terme, mettent en route des énergies, créent des synergies entre tous les acteurs de notre ville, dont profitent les habitants. L’élan du présent devient alors, une force de projection, et pour les Vénissians, cela renforce l’appartenance à une ville, mais aussi l’envie de participer au mouvement actuel, et d’en écrire la suite, d’en être un acteur à part entière.

Alors bien sûr, il y aura des obstacles devant nous, et nous en connaissons déjà un, de taille : les politiques d’austérité, que le gouvernement a imposées aux collectivités. D’ici 2017, le budget de Vénissieux va perdre 7 millions d’euros, soit l’équivalent de la moitié de la construction d’un groupe scolaire. Ces coupes sont, je le rappelle, sans précédent. Et nous n’avons aucune lisibilité sur l’après 2017, pas plus que nous n’avons de garantie, sur la réforme de la dotation globale de fonctionnement, a priori défavorable à des villes comme Vénissieux ou Villeurbanne. Ces politiques sont un remède pire que le mal, pour les habitants, pour le BTP, pour les entreprises et l’économie de proximité, pour imaginer une sortie de crise. Nous les avons dénoncées avec force, que les maires soient de droite ou de gauche.

C’est mon rôle d’y faire face, mais pas n’importe comment, ni à n’importe quel prix. Nous avons activé trois leviers, pour limiter l’impact à l’égard des habitants, avec l’objectif de réaliser 11 millions d’euros d’économies, pour la période 2016-2019 : la fiscalité, la mutualisation de certaines missions, et la baisse globale de 5% de l’enveloppe des subventions, pour les associations et régies personnalisées.

Deux communes sur trois risquent d’être dans le mur en 2017, selon une étude du Sénat, consacrée à l’évolution des finances locales. Les difficultés sont donc très sérieuses, nous préférons les anticiper avec notre budget 2016, plutôt que les subir ultérieurement.

Une chose est sûre, nous ne toucherons pas à ce qui fait notre force : il n’y aura pas de services publics de proximité, a minima pour les Vénissians. Nos dépenses sont rationalisées, depuis des années, des économies réalisées, sans que cela affecte le maillage géographique, la qualité et l’efficacité de nos services.

Ce contexte sinistré (et tous les élus de la majorité en ont pris conscience), doit aussi nous inciter à innover, à chercher d’autres moyens de financement. C’est l’une des voies dans laquelle nous nous sommes engagés, et qui nourrissent nos réflexions. Au cœur de la tempête, comme en temps plus calme, Vénissieux a toujours fait preuve de caractère. Nous ne dérogerons pas à la règle, nous ne lâcherons pas le cap de l’intérêt général.

Nous saurons occuper la place qui est la nôtre, au sein de la Métropole, pour plus de démocratie, plus de citoyenneté, pour réaffirmer le rôle-clé de la commune, socle d’une République de la proximité, d’une République de la main tendue.

Bruce Clarke, l’année dernière, nous a laissé des couleurs, des formes, des visages. Sur son oeuvre murale, que les Vénissians se sont appropriée, figurent trois mots de Lise London : « Savoir dire Non ». 2016 est bien l’année pour dire non à cette violence aveugle, non à la montée de l’intolérance et de la xénophobie. Non à une société du repli, du rejet, de l’exclusion, non à une société de la peur, et de la division.

“Je veux que la République ait deux noms : qu’elle s’appelle Liberté, et qu’elle s’appelle chose publique.”

Sur ces mots de Victor Hugo, et après avoir adressé une pensée à une Républicaine de courage, Evelyne Ebersviller, qui nous a quittés l’été dernier, je vous souhaite, à tous et à toutes, une bonne année 2016, une année passionnée et passionnante, une année d’espoir pour votre famille, pour vos proches, et pour cette ville qui nous habite, Vénissieux.

Je vous remercie.

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