GHM Les Portes du Sud - 16.06.2023

Pour la réouverture nocturne des urgences du GHM Les Portes du Sud 

De réforme en réforme, le service public de la santé a été déclassé, et aujourd’hui, faute de professionnels de santé, faute de lits en nombre suffisant, notre système de santé est en danger.

Depuis le 6 mars dernier, les urgences du Groupe Hospitaliser Mutualiste Les Portes du Sud sont fermées la nuit. La direction de l’établissement explique avoir pris cette décision pour une période de 6 mois à cause du manque de personnels soignants (médecins et infirmiers). Avec le Comité de défense CGT des Portes du Sud et les maires de Corbas, Feyzin et Saint-Fons, une réunion publique s’est tenue vendredi 16 juin 2023 à Vénissieux. L’occasion de réfléchir et partager les actions à mener afin d’obtenir un engagement ferme sur la réouverture des urgences.

Je vous remercie toutes et tous de votre présence pour cette réunion publique concernant la fermeture des urgences de l’hôpital des Portes-du-Sud.

Cela fait 3 mois que ce service d’urgence est fermé la nuit : sans aucune information, sans concertation. Nous avons été mis au pied du mur. Je remercie le comité de défense CGT des Portes-du-Sud qui nous a alerté. Je remercie les maires présents ou représentés ainsi que la suppléante du  député de notre circonscription. Je remercie également les nombreux professionnels de santé présents ce soir. Nous avons, avec certains, l’habitude de travailler dans le cadre de notre Contrat local de santé dont l’objectif fondamental est de lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de santé.

Nous faisons tous le même constat concernant la pénurie de personnels qui s’accélère dans les métiers de la santé, comme dans les métiers du « prendre soin ». La situation est flagrante dans le domaine de la psychiatrie avec la fermeture d’unités à l’hôpital Saint-Jean de Dieu et des délais d’attente pouvant aller jusqu’à deux ans pour une consultation dans certains Centres Médico-Psychologiques. Depuis la crise sanitaire qui a révélé et même accéléré un certain nombre de  difficultés, beaucoup de besoins ne sont pas satisfaits.

Le manque de personnels soignants que l’on observe sur notre territoire, et qui se retrouvent partout en France est le résultat des politiques nationales autour de ces métiers déconsidérés, dégradés concernant les conditions de travail, les  salaires, etc.

De réforme en réforme, le service public de la santé a été déclassé, et aujourd’hui, faute de professionnels de santé, faute de lits en nombre suffisant, notre système de santé est en danger. Avec la notion de rentabilité le droit universel à la santé n’est plus garanti et il  y a des inégalités intolérables entre ceux qui peuvent accéder aux soins et ceux qui ne le peuvent pas.

En tant que maires, nous ne pouvons pas nous résoudre à cette situation. Nous demandons la réouverture des urgences des Portes-du-Sud, dès septembre, car nous savons, malheureusement, qu’une fermeture provisoire peut s’installer dans la durée. Comme à Givors, où les urgences de l’hôpital Montgelas sont fermées la nuit depuis un an et demi alors que la situation devait initialement durer un mois.

Ce service d’urgences des Porte-du-sud est utile et nécessaire. Lorsque j’entends que, finalement, peu de personnes seraient concernées et que j’ouvre des guillemets « seulement 10 personnes » sont accueillies chaque nuit par les urgences des Portes-du-Sud, il me semble que ça représente tout de même 1800 patients sur 6 mois de fermeture, qui verront leur prise en charge perturbée ! 1800 personnes qui viendront s’ajouter aux autres services d’urgences déjà surchargés, avec ce que l’on sait : des patients hospitalisés sur des brancards, dans les couloirs, des équipes à bout de souffle, etc.

Il devient insupportable qu’on nous parle de chiffres alors que notre préoccupation ce sont les patients, les habitants de nos communes qui ont le même droit à la santé que les autres ! Les urgences les plus proches sont à dix kilomètre à l’hôpital de Lyon Sud. Mais 10 kilomètres au milieu de la nuit quand il n’y a plus de transports en  commun et qu’on n’a pas de voiture, c’est un véritable problème. Il y a l’option d’attendre le lendemain pour revenir aux urgences ou consulter un généraliste avec des risques de retard dans la prise en charge qui peuvent avoir des conséquences lourdes. Mais pas toujours évident de pouvoir consulter un généraliste rapidement dans le contexte de manque de médecin de ville qui s’accentue.

Ce n’est pas faute d’avoir alerté : il y a dix ans j’interpelais l’ARS sur une  vague de départ à la retraite d’un grand nombre de nos médecins de quartiers.

Il faut savoir que plus de 30% des ménages en France sont contraints de renoncer à des soins soit pour des raisons financières, soit parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin à proximité de chez eux. Les conditions ne sont pas réunies pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits.

La fermeture des urgences est un non-sens, notamment sur notre territoire où nous travaillons beaucoup pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales et contre le non-recours aux droits. Je rappelle que la santé est justement un droit fondamental. D’un côté, les territoires tentent de trouver des solutions et de l’autre côté les  politiques gouvernementales sabordent l’hôpital public. Suppressions de lits, restructurations, fermetures de services et d’hôpitaux, urgences surchargées, sous-effectifs chroniques, personnels à bout de souffle, totalement dévoués aux patients qui, quant à eux, subissent les conditions d’un  service public dégradé. On saigne l’hôpital public, et dans le même temps on ouvre un très beau, mais très privé Médipôle. Le service public est sabordé, pour laisser la place au privé lucratif. Rentabilité ! Voilà l’objectif des gouvernements successifs depuis plus de 20 ans.

Je vais passer tout de suite la parole à Gilles Degéa pour le Comité de défense de l’hôpital des Portes-du-Sud.

Puis j’invite chacune et chacun à s’exprimer sur la situation et les actions que nous pourrions mener pour nous assurer de la réouverture de ce service d’urgences. Parmi les pistes envisagées, nous proposons de constituer une délégation représentative (usagers, personnels soignants, habitants, élus, forces progressistes et syndicales) pour rencontrer l’ARS. Je vous remercie,

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