En début d’après-midi, à l’occasion d’une conférence de presse nous avons lancé le projet de la Maison des mémoires. Ce nouvel équipement culturel et patrimonial valorisera plusieurs périodes de notre histoire : les pièces issues des fouilles archéologiques effectuées sur le territoire, la tradition horticole de la commune, l’histoire locale de la Résistance et de la Déportation, ainsi que les mémoires ouvrières et les mémoires des migrations.
Je vous ai conviés à cette conférence de presse pour la naissance d’un beau projet, que le conseil municipal a validé hier soir. Il s’agit de la Maison des Mémoires, projet qui me tient à cœur pour de multiples raisons, j’y reviendrai.
Mais j’aimerais m’arrêter sur la dénomination du prochain équipement culturel de Vénissieux. Il s’agit d’une maison, pas d’un musée figé dans la diversité de ses collections. Une maison protège, abrite, favorise les rencontres, s’ouvre au monde, c’est un lieu de vie, d’échanges entre passé et présent, entre ce qui a été et ce qui est, ce qui nous constitue.
Une ville est comme un individu : rien ne se fait en un jour, il y a dans son identité comme dans son patrimoine l’inscription du cours du temps, des strates qui se déposent et s’additionnent et qui font Vénissieux aujourd’hui en 2023. C’est cette mémoire au pluriel, les origines et les césures de notre ville, que nous voulons diffuser auprès de tous les Vénissians, des scolaires à nos aînés, dans un lieu de foisonnement, de croisements entre les générations. Un lieu de vie, j’insiste sur cette caractéristique, pas un musée replié sur lui-même.
Je vous l’ai dit en introduction, c’est un projet que je tenais tout particulièrement à porter. En premier lieu, il s’agissait de concrétiser le pacte de confiance contracté entre les résistants, la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes et notre ville. La donation du fonds du musée de la Résistance et de la Déportation à notre municipalité, au début des années 2010, nous honore et il nous incombait de faire vivre cet héritage au présent. La deuxième raison est que cette Maison des Mémoires était inscrite dans le cadre du mandat précédent. Mais la réalité budgétaire et la priorité accordée aux extensions et réhabilitations de nos groupes scolaires ont décalé le projet dans le temps.
Inscrit à nouveau dans les engagements de notre pacte communal 2020-2026, il devient concret aujourd’hui. Enfin d’une façon générale dans nos politiques culturelles et dans notre PEDT, notre ville développe auprès des jeunes générations un travail de fond relatif aux notions de transmission et de citoyenneté.
L’action et l’éducation culturelles sont un des piliers du travail mené par Vénissieux et bénéficient chaque année à près de 35 000 jeunes entre 3 et 25 ans. Dans un siècle de toutes les confusions, noyé par la frénésie d’informations qui se succèdent sans discernement, cette Maison des Mémoires va constituer un socle, un repère pour tous les Vénissians. Avant de savoir où aller, il est donc essentiel à mes yeux de savoir d’où l’on vient. Pour tout un chacun, le présent se révèle et s’enrichit toujours à la lumière du passé.
Cette prochaine Maison des mémoires valorisera plusieurs périodes de notre histoire : les pièces issues des fouilles archéologiques effectuées sur le territoire, la tradition horticole de la commune, l’histoire locale de la résistance et de la déportation, ainsi que les mémoires ouvrières et les mémoires des migrations.
L’image contemporaine d’une ville fait souvent écran à ce qu’elle a été. De même si l’on peut délimiter différentes périodes, il existe entre elles des passerelles, entre la résistance et la culture ouvrière et syndicale pour ne citer que la plus explicite.
Qui se souvient ainsi de la Vénissieux horticole, des rosiéristes, d’une population paysanne qui représentait encore 68 % de la population active de Vénissieux à la fin du 19ème, contre 20 % en 1911.
Les Etablissements Maréchal, fabrique de toile cirée fondée en 1874, la verrerie de Vénissieux, la fonderie Duranton et la Société française des Electrodes ouvrent la page industrielle de notre histoire avec les mutations sociologiques que cela implique : la mémoire des luttes sociales, la conquête de droits, de la réduction du temps de travail aux congés payés, mais également l’histoire de la désindustrialisation qui engendre la colère de la fin des années 70.
Et puis il y a la résistance de Vénissieux lors de la seconde guerre mondiale, aussi bien civile qu’armée, le sauvetage des enfants juifs du camp de Bac Ky. Et la mosaïque vénissiane qui se constitue avec les réfugiés politiques d’Europe de l’Est et d’Espagne, puis les migrations économiques des populations du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne ou d’Asie.
Au sujet de cette dernière période, une consultation, qui se déroulera entre février et juin 2024, concernera la réalisation d’une collecte sur les mémoires des migrations auprès des habitants. Elle s’adressera aux Vénissians domiciliés ou ayant vécu sur le territoire de la commune et se déroulera sous le pilotage de la Direction des Affaires culturelles de la Ville de Vénissieux.
Cette collecte vise à réunir des objets, des photographies où tout autre élément iconographique permettant la constitution de collections sur le thème des mémoires des migrations, nécessaires au parcours permanent et aux expositions temporaires de la future Maison des mémoires de Vénissieux. Entre-temps, de nombreuses initiatives seront organisées jusqu’à l’ouverture de la Maison des Mémoires à l’automne 2027. A ce titre, nous avons créé un label « mémoires vénissianes » qui signalera les événements, manifestations, rencontres, commémorations, qui se dérouleront dans les équipements culturels de la ville comme dans l’espace public.
Cet objectif est une priorité pour la Ville. Au-delà du fonds muséal, nous organiserons donc des expositions temporaires, des conférences, rencontres, publications. Des actions de recherche et des scénographies favoriseront des approches interdisciplinaires et une expérience immersive du visiteur propre aux lieux de mémoire.
En toute logique, la Maison des Mémoires prendra ses quartiers dans l’ancienne mairie de Vénissieux, la maison Rol Tanguy inaugurée dans les années 1880. Successivement Mairie-Ecole, école de musique, musée de la Résistance, son architecture est emblématique des bâtiments publics construits sous la 3e république.
Elle est très bien identifiée par les Vénissians. Le bâtiment n’est plus ouvert au public depuis le milieu des années 2010, un diagnostic sanitaire complet a été réalisé en 2022 confirmant le bon état de sa structure. La réfection de la façade lors des travaux d’aménagement de la Maison des Mémoires veillera à conserver les éléments architecturaux et mobiliers d’origine, ainsi que les plaques commémoratives.
Le déploiement du projet se fera au-delà du seul bâtiment historique et s’étendra aux parcelles environnantes. Vous l’aurez compris, la Maison des Mémoires va marquer la restructuration et la redynamisation de la place Léon Sublet et de notre centre bourg historique. Elle va permettre une continuité et une liaison entre le centre et la Médiathèque Lucie-Aubrac, entre deux de nos équipements culturels.
La Maison des Mémoires de Vénissieux a pour ambition, notamment par ses collections, sa programmation culturelle et sa politique d’animations inclusives et intergénérationnelles, d’être un lieu de rencontres, d’échanges, de transmission et de réflexion sur une meilleure connaissance et appropriation par les Vénissians de l’histoire de leur ville et de ses résonances contemporaines.
Cette Maison, qui devrait ouvrir ses portes au public en 2027, ne sera ni plus ni moins que la Maison des Vénissians, de toutes les générations, de toutes leurs histoires. Nos services sont déjà à l’œuvre pour créer des convergences et des synergies.
Nous nous tenons à votre disposition pour d’éventuelles questions et précisions. Je vous remercie de votre présence à ce lancement officiel de notre belle et prochaine Maison des Mémoires.
