La publicité classée X en place publique, c’est NON !

Retrouvez la déclaration de Michèle Picard, maire de Vénissieux, conseillère communautaire, concernant l’opération commerciale « car wash » qui s’est déroulée sur la place de Miramas.

Jeudi 26 juin 2014.

Retrouvez la déclaration de presse de Michèle Picard, concernant l’opération commerciale « car wash » qui s’est déroulée sur la place de Miramas.

Un samedi ensoleillé de juin entre 11 heures et 16 heures, la place de Miramas a vu naitre un nouveau concept inédit en France, que le site de la ville se charge de promouvoir en prenant garde d’avertir son public avec la mention « moins de 18 ans s’abstenir » ! Organisée par l’association des commerçants, l’animation de ce début de week-end de Fête des pères est garantie et la société Miranet Auto présente son savoir-faire, le nettoyage auto à la main, à première vue d’une manière novatrice… En y regardant de plus près, ce 14 juin, les commerçants avec le consentement et l’appui logistique de la municipalité ont offert aux passants  la 1ère édition d’un show sexy et érotique, tout au long de la journée et sur la place publique de la ville, donc sans distinction d’âge !

A l’image de la société Sensual Clean Service, qui en 2011 prétendait assurer un service à la personne par la mise à disposition de jeunes filles sensées effectuer des tâches ménagères en tenue sexy, ici, jeunes filles en tenue sexy et jeunes hommes au torse nu exécutent des lavages avec leur corps, mêlant poses suggestives  et simulations d’actes sexuels.

Certains voudraient seulement y voir une opération de communication innovante et ludique, une idée pionnière pour créer le « buzz »  à prendre au second degré. Pourtant cette fois encore, la société exploite l’imaginaire collectif érotique et sexuel à des fins commerciales. Un concept réduisant le corps à un simple objet vendeur, poussant toujours un peu plus loin les limites de la dignité.

C’est aussi une intrusion indécente de la sexualité voire de la pornographie dans la sphère publique. Dans ce cas précis, étant donné le lieu accessible aux regards du public et le moment de l’événement, en pleine journée lors d’une initiative largement ouverte aux familles,  nous pourrions même parler d’exhibition sexuelle.

Ce délit est réprimé par la loi et caractérisé par le double motif d’une « volonté délibérée de provoquer la pudeur publique » et/ou d’une « négligence qui n’a pas permis de dissimuler à la vue des tiers l’acte obscène. »  « Provocation délibérée ou un acte obscène non dissimulé ? Geste ou attitude déplacé au regard de la pudeur publique ? »

Dans un contexte où se télescopent la négation de l’identité, de l’image et de la présence de la femme d’un côté, et la marchandisation du corps, de la femme vénale et de la fille facile, de l’autre, nous devons nous inquiéter de ces dérives sociales qui prêtent encore beaucoup trop à sourire. Dans cet étau, et entre ces deux schémas, on peut comprendre les difficultés des jeunes filles à se construire une représentation d’elles-mêmes, à esquisser la place qui sera la leur dans notre société, le danger que font planer de tels stéréotypes sur les rapports filles-garçons.

Élus, associations, citoyens,  brisons le silence et exigeons que les pouvoirs publics sortent de leur inertie. Les glissements de valeurs de notre siècle actuel sont une bascule dangereuse vers un cynisme sans bornes. Le corps humain n’est pas une marchandise et, dans certains cas la frontière avec la prostitution ou la pornographie n’est pas loin. Un tel événement ne doit pas se reproduire, si nous ne voulons pas un jour, au détour d’une place, d’une rue, d’une allée de centre commercial, nous retrouver spectateur malgré nous d’un effeuillage  au rayon « patères » ou pire d’une « lap danse » vantant les qualités d’un abribus !

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