Inauguration de l’Accueil Relais Petite Enfance (ARPE), suivie de la visite de l’Établissement d’Accueil du jeune Enfant (EAJE) le Carrousel.

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard lors de l’inauguration de l’Accueil Relais Petite Enfance (ARPE), suivie de la visite de l’Établissement d’Accueil du jeune Enfant (EAJE) le Carrousel, le mardi 4 décembre dernier.

Mercredi 5 décembre 2012.

Retrouvez  l’intervention de Michèle Picard lors de l’inauguration de l’Accueil Relais Petite Enfance (ARPE), suivie de la visite de l’Établissement d’Accueil du jeune Enfant (EAJE) le Carrousel, le mardi 4 décembre dernier.

On aurait pu croire la petite enfance à l’abri des politiques du tout rentable, de la privatisation rampante et de la concurrence effrénée. Bruxelles, comme les cinq dernières années de Nicolas Sarkozy, nous ont prouvé le contraire. Aucun secteur n’est épargné, pas plus les 0-6 ans que l’accès aux soins, le système des retraites, l’éducation, à travers la volonté manifeste du précédent gouvernement, de mettre fin à l’école maternelle.

Alors je le dis et je le répète avec fermeté : non, la petite enfance n’est pas un secteur marchand. Non, la France n’a pas à inscrire le secteur professionnel de la petite enfance et de la famille, dans le cadre de « la directive service européenne », qui préconise une logique concurrentielle, et des principes de rentabilité. Cette décision n’étant pas irrévocable, j’aimerais que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault engage des démarches, pour revenir sur ce choix. Car d’autres problèmes structurels aggravent les difficultés des parents.

Selon l’observatoire de la petite enfance, il manque 500 000 places en crèche pour répondre à la demande nationale ! Dans leRhône, la capacité d’accueil oscille entre 36 et 48 places, pour 100 enfants de moins de trois ans. Cette pénurie a été entretenue par les politiques menées ces dix dernières années : l’augmentation de la non-scolarisation des enfants dès l’âge de deux ans, subie et non pas choisie, a entraîné des effets de transfert, tout comme la tentation à peine voilée du précédent gouvernement, de supprimer l’école maternelle à travers les jardins d’éveil pour les 2-3 ans.

Il faut aussi prendre en compte les effets de la déréglementation du temps de travail. Une grande majorité de femmes, dans des structures dites monoparentales, sont soumises à des temps partiels, des horaires fragmentés, qui compliquent très sérieusement l’équilibre, entre vie professionnelle et vie familiale. L’ensemble de ces dérives fait que l’on glisse dangereusement du mode d’accueil de l’enfant vers un principe de garde. Où sont passées les dimensions d’éveil, de socialisation et d’émancipation ?

Que deviennent les 2-4ans, des statistiques, ou des filles et garçons en phase de découverte de leur environnement, de l’altérité, de la différence ? Ce débat-là mérite d’être ouvert.

Le gouvernement a promis de renforcer la scolarisation des enfants de deux ans, si l’annonce est tenue, ce sera une bonne chose, mais il va devoir aussi répondre à la désorganisation interne du secteur de la petite enfance. L’application de la circulaire de 2011 de la prestation de service unique (PSU), pose de sérieuses difficultés dans le fonctionnement des structures d’accueil, ainsi que dans l’organisation et le financement de la politique petite enfance des collectivités.

Ces deux dernières années, les professionnels ont manifesté à juste titre leur mécontentement, et ont dénoncé le risque d’accueil en surnombre, ainsi que l’abaissement du quota de professionnels les plus qualifiés. Bref, le secteur de la petite enfance est en chantier, et il est hors de question de le laisser aux mains du privé et du tout-marchand.

C’est justement sur cette différence entre accueil et garde que la ville de Vénissieux se singularise. Nous considérons les tout jeunes vénissians, non pas comme des enfants que l’on dépose, mais comme des enfants que l’on accompagne.

L’extension de la crèche du Carrousel et l’inauguration de l’accueil relais petite enfance répondent à un double objectif. La réhabilitation du Carrousel a permis la création de 6 places d’accueil supplémentaires, soit 48 au total depuis avril 2012.

La CAF du Rhône, l’État et la Ville ont investi plus de 500 000€ pour répondre à la demande croissante d’accueil en crèches des familles. Nous disposons à l’heure actuelle de 366 places, mais nous poursuivons encore nos efforts : Musicaline, Saperlipopette, Moulin à Malices verront, dès 2013, leurs capacités augmentées.

Parallèlement à ce dispositif, la ville a très fortement développé, avec près de 343 assistantes maternelles indépendantes agréées,l’accueil individuel. Notre volonté de diversifier notre offre, nous la renforçons pour être au plus près des besoins des familles vénissianes, pour être au plus près de situations parfois complexes, liées au contexte socio-économique local.

L’Accueil Relais Petite Enfance, que nous inaugurons aujourd’hui, est le fruit d’un processus de plus de dix ans de volonté politique, lorsque début 2000, ont été créés le Relais Assistantes Maternelles, puis le Point Accueil Information et Orientation des familles.

La fusion du RAM et du Point Info, qui donne naissance à ce nouvel Accueil Relais Petite Enfance, est un moyen supplémentaire d’offrir une information et un accompagnement global aux familles, en recherche d’un mode d’accueil sur Vénissieux. L’ARPE assurera à la fois une mission éducative et de soutien à la parentalité, tout en contribuant à la professionnalisation des assistantes maternelles sur l’ensemble du territoire de la Ville.

Six professionnelles accueillent dorénavant le public, dans les locaux situés au 26 rue du Château, un lieu bien identifié et repérable par les habitants, ce qui n’exclut pas les permanences et temps de regroupement dans les centres sociaux de Parilly, Eugénie Coton ou encore à l’ancienne crèche Viviani.

A travers cette organisation, nous voulons instaurer un accompagnement personnalisé des familles et des professionnels, sur l’ensemble du territoire, pour donner une vue d’ensemble et précise des partenaires de proximité : structures d’accueil, puéricultrices de secteur, organismes d’insertion et de formation.

La Ville de Vénissieux est fière de poursuivre une politique ambitieuse, volontariste et audacieuse, dans le domaine de la petite enfance et de l’enfance.

Je pourrais étendre notre bon bilan au maintien d’un nombre d’Atsem équivalent aux nombres de classes de maternelles, (toutes les villes ne font pas ce choix), aux temps périscolaires, aux ateliers santé ville, à toutes ces synergies qui se mettent en place, pour l’épanouissement et l’accomplissement des jeunes et très jeunes vénissians, et pour le bien-être de leurs parents.

Je tiens en particulier à saluer tous les professionnels de la petite enfance, qui travaillent avec générosité, passion et dévouement, dans un secteur qui demande beaucoup d’attention, de patience et de sensibilité.

Ensemble, nous faisons le pari que la petite enfance est une chance, et pas une charge, ensemble, nous faisons le pari que la petite enfance est un investissement, et pas un coût.

Ensemble, nous faisons le pari de l’humain, dès le plus jeune âge.

Je vous remercie.

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