Forum « Rendez-vous avec ma santé »

A l’image du logement, la santé révèle la relégation et les discriminations sociales d’une partie de la société française.

Le nouveau forum « Rendez-vous avec ma santé » a ouvert ses portes au public aujourd’hui. Sa programmation a été élaborée avec les acteurs du territoire œuvrant dans le champ de la santé afin d’échanger avec les habitants. Plusieurs temps forts autour de la prévention et des gestes citoyens, avec une campagne de don du sang, des stands et dépistages, la prévention des addictions et des conduites à risques ou encore la santé des femmes.

La santé est devenue un enjeu majeur dans nos villes populaires. Car les inégalités, comme vient de l’illustrer la crise sanitaire de la Covid-19, ne cessent de s’étendre, de se creuser, de s’approfondir. Soyons directs, le droit universel à la santé n’est plus garanti et il y a aujourd’hui des inégalités injustifiables et intolérables entre ceux qui peuvent accéder aux soins et ceux qui ne le peuvent pas.

Comment en est-on arrivé là ?

Au sommet de la pyramide, il y a la libéralisation et la mise en concurrence de l’hôpital public, les suppressions de lits, les fermetures d’établissements médicaux, et la privatisation rampante de la sécurité sociale. Les politiques nationales ont introduit les notions du privé, de rentabilité dans le domaine de la santé, et les dégâts sont catastrophiques.

Le constat est aujourd’hui sans appel : plus de 30% des ménages vivent dans un désert médical, 1,6 million d’individus, familles, jeunes ou personnes âgées, sont contraints de renoncer à des soins pour des raisons financières, parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin à proximité de chez eux ou parce que les conditions ne sont pas réunies pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits.

A l’image du logement, la santé révèle la relégation et les discriminations sociales d’une partie de la société française. Prévalence des maladies chroniques, dépistages moins fréquents, espérance de vie dont l’écart entre les plus riches et les plus pauvres est de 13 ans chez les hommes et 8 chez les femmes : les personnes aux revenus modestes sont victimes d’inégalités criantes en termes de santé. Ainsi les plus modestes ont 3 fois plus de risques de développer du diabète, + 50% d’être atteints de maladies neurologiques et +40% de maladies cardio-vasculaires.

Chez les femmes en situation de précarité, la situation est également préoccupante. Malgré l’envoi à domicile et la gratuité de l’examen, 39% des plus précaires de 50 à 74 ans n’ont jamais réalisé de mammographie, contre 24% des plus aisés. Souvent seules, partagées entre les temps partiels et l’éducation de leurs enfants, ces femmes ne prennent plus le temps de s’occuper de leur santé, n’y font plus attention. Je ne force pas le trait.

Selon la catégorie socioprofessionnelle, selon le lieu de domiciliation et selon les ressources financières, les possibilités de chacun d’accéder à des soins n’est pas la même. Les freins sont multiples : déserts médicaux, pas de couverture santé, précarité financière, inadaptation aux démarches numériques.

Pouvoirs publics et collectivités territoriales doivent agir

Si la crise sanitaire et la pandémie ont révélé une chose, c’est bien le rôle indispensable et la proximité inégalable des communes dans les missions de protection et de prévention sanitaires. La Ville de Vénissieux s’est engagée depuis de très nombreuses années en faveur de l’accès à la santé pour tous les habitants. C’est un domaine transversal, ne l’oublions pas.

La cuisine centrale, les actions menées dans nos groupes scolaires, les collèges et lycées, la pratique sportive constituent des éléments porteurs de nos politiques de proximité, en termes de santé également. En la matière, notre choix de maintenir le domaine de la santé dans le giron des services publics n’est pas innocent.

La question de la salubrité des logements est aussi une question de santé publique. Mais il est tout aussi important en matière d’urbanisme de renforcer la présence des pôles médicaux sur tout le territoire, au Puisoz, sur le Plateau ou bientôt à Ambroise Croizat. A Vénissieux, 90% des habitants ont accès à un médecin généraliste, et plus de 25% de la population bénéficie de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS), facilitant leur accès à l’offre de soins. De manière générale, le surpoids, le diabète et la souffrance psychique ont été repérés comme des problématiques majeures au sein de la commune. 

La santé, c’est aussi informer, prévenir, sensibiliser, accompagner

Le Forum de prévention des addictions, que nous avons créé en 2016, répondait à cette nécessité d’échanger et de communiquer avec les  jeunes vénissians dans les collèges. Où en étaient-ils avec toutes les formes d’addictions, alcool, drogue, mais aussi les réseaux sociaux ou encore les écrans ? Le forum de prévention contre les addictions a eu une forte résonance, notamment dans les établissements scolaires et auprès des jeunes. Nous nous sommes appuyés sur cette réussite pour passer à la dimension supérieure et créer ce nouveau forum « Rendez-vous avec ma santé ». Notre volonté est de lui donner la même place et la même résonance que notre Festival Essenti’elles, une date bien installée dans le calendrier la ville et des Vénissians.

La programmation de « Rendez-vous avec ma santé » a donc été élaborée avec les acteurs du territoire œuvrant dans le champ de la santé afin d’échanger avec les habitants. Pour toucher un public plus large, dont les adultes et les familles, le nouveau forum mis en place décline plusieurs temps forts : cette première journée a été placée sous le signe de la prévention et des gestes citoyens, avec une campagne de don du sang, des stands et dépistages.

La santé est l’affaire de tous

Dans nos sociétés individualisées, morcelées, on a oublié que la santé relevait aussi du lien social, de la capacité de chacun à donner, partager. Est-ce lié aux effets de la pandémie, des périodes de confinement, du repli sur soi, il n’empêche, les réserves de sang et de plasma, qui sauvent des vies, sont à un niveau extrêmement faible. Il nous faut corriger le tir collectivement, notre partenaire l’Etablissement français du sang peut en témoigner.

Dans quelques minutes va commencer une table ronde consacrée à la santé, un droit pour toutes et tous, animée par Pierre-Yves Ginet, journaliste et co-fondateur du magazine « Femmes ici et ailleurs ». Je le remercie de sa présence. De nouvelles problématiques, repérées par les professionnels, apparaissent, notamment en ce qui concerne les familles monoparentales, donc majoritairement des femmes seules avec enfants. Selon une étude nationale, en 2016 déjà, 64% des personnes ayant reporté ou renoncé à des soins sont des femmes contre 36% d’hommes. Depuis 15 ans, les maladies professionnelles, les accidents de travail et de trajet sont en forte hausse chez les femmes, en particulier dans les secteurs à forte précarité (santé, nettoyage, travail temporaire : augmentation de 81% depuis 2001).

A Vénissieux, beaucoup sont sans suivi gynécologique et peu d’entre elles participent aux dépistages des cancers féminins. N’oublions pas non plus les traumatismes physiques et psychologiques liés aux violences faites aux femmes. Il y a des besoins de sensibilisation et d’éducation sur les droits des femmes à améliorer et à renforcer. Les dispositifs que nous avons déployés, comme le Territoire Zéro Non-Recours au Moulin-à-Vent, doit nous permettre de toucher un public éloigné, les informer de leur droits. Certains ignorent complètement l’existence de la Complémentaire santé solidaire (CSS).

Au programme demain

La prévention des addictions et des conduites à risques, qui touchent les jeunes générations. Avec notre partenaire Fréquences Ecoles, nous aborderons les questions liées au numérique et réseaux sociaux sous un angle ludique. Le bureau de la sécurité routière de la Préfecture du Rhône présentera un testo-choc pour responsabiliser les jeunes conducteurs. L’après-midi sera consacrée à la santé des femmes. Avec notamment un atelier prévention autour du dépistage du cancer du sein et une thématique sur les questions de vie sexuelle et affective animée par le centre de planification et d’éducation familiale.

La ville de Vénissieux met en place des outils de proximité au service de ses habitants. Elle cherche, elle innove, elle renforce ses politiques sanitaires, avec la signature, en juillet dernier, de son premier Contrat Local de Santé 2022-2026. Il vise à réduire les inégalités sociales et territoriales de santé et coordonnent l’action des différents intervenants locaux pour une meilleure efficacité des actions définies dans le cadre des Projets Régionaux de Santé (PRS) élaborés par les Agences Régionales de Santé, à destination des publics les plus fragiles.

Ce forum est une nouvelle étape, un premier temps appelé à prendre de l’ampleur. Je tiens à remercier chaleureusement tous nos partenaires, tous les acteurs locaux et tous nos agents pour cette première édition.

Bon forum à toutes et à tous, je vous remercie.

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