Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes

Face à l’urgence et aux enjeux de la situation nationale et mondiale, l’élimination de la violence à l’égard des femmes est un combat à mener au quotidien

Le 25 novembre rappelle chaque année que la lutte contre les violences faites aux femmes concerne l’ensemble des citoyens et citoyennes et nécessite un engagement collectif pour tendre vers une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Vendredi, la Ville de Vénissieux a proposé une soirée autour du spectacle « Sororité, l’altra storia ! », par la Compagnie Wacah Chan, suivi d’un temps d’échanges avec les comédiennes, Léna Genin et Valeria Cardullo, en bord de scène.

La lutte pour les droits des femmes est un combat de tous les jours, tout au long de l’année, tout au long des siècles. L’obtention de droits les plus élémentaires est un processus qui remonte à des siècles de luttes intenses de femmes et d’hommes aussi qui ont bousculé l’ordre établi, parfois au prix de leur vie. Les femmes sont bien souvent le baromètre de nos sociétés, aussi bien dans leur émancipation, que dans l’atteinte ou la régression de leurs droits.

Les violences faites aux femmes, un fléau de société

Les violences faites aux femmes sont, encore aujourd’hui, un fléau de société insupportable et inqualifiable. La parole s’est libérée, l’omerta ne règne plus, mais la réalité demeure terrible :

  • Près de 186800 victimes de violences conjugales en 2021, soit un bond de 17% par rapport à 2020, et de 27% par rapport à 2019.
  • En 2021, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint, contre 102 en 2020 (+ 20 %);
  • Parmi les femmes victimes, près d’une femme sur trois (32 %) avait déjà subi des violences antérieures et 64 % de celles-ci avaient signalé ces violences aux forces de l’ordre. Parmi ces dernières, 84 % avaient déposé une plainte.
  • Seul un auteur était sous contrôle judiciaire et deux victimes faisaient l’objet d’une ordonnance de protection.

La Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), à l’origine de la création du numéro d’urgence, a analysé l’ensemble des appels passés au 3919 sur l’année 2021 :

  • 92.674 appels pris en charge (+ 14% / 2019). Pour rappel, en 2020, une année à part, les sollicitations avaient littéralement explosé durant le confinement avec 99.538 appels.
  • Des violences conjugales psychologiques, verbales, physiques, sexuelles, administratives et économiques (+ 6% en 2021).
  • La FNSF constate une aggravation : viols conjugaux, menaces de mort, tentatives de féminicide et des agresseurs récidivistes, dangereux et dans l’impunité :
  • Violences sexuelles : 11% femmes (+47% /2020), 60% d’entre elles pour viol conjugal.
  • Menaces de mort : Près d’1 femme sur 5 indique avoir été menacée de mort (x 2 fois / 2019 et 2020).
  • Tentatives de féminicide : pour les violences physiques, 1 femme sur 10 déclare une tentative d’étouffement ou de strangulation et 367 une tentative de meurtre ou de défenestration
  • Les maltraitances directes concernent 21121 enfants (+ 36%)
  • Dans 2 163 situations où les femmes décrivent des antécédents de violences chez l’agresseur, il s’agit de violences sur une précédente compagne (54%).

Les données réelles vont au-delà de toute interprétation et les chiffres glacent le sang… Au 23 novembre 2022, 102 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex conjoint. Le fléau des violences conjugales est ancré dans nos sociétés et il y a urgence à l’éradiquer.

Un combat à mener au quotidien en France et dans le monde

L’humiliation, la soumission, le sentiment d’injustice sont le lot quotidien de nombreuses jeunes filles et femmes. Je tiens à saluer l’engagement et les combats des femmes et des hommes qui se battent parfois au péril de leur vie, pour un monde plus juste et plus égalitaire. Face à l’urgence et aux enjeux de la situation mondiale, l’élimination de la violence à l’égard des femmes est un combat à mener au quotidien.

Les États engagés dans une démarche d’éradication des violences faites aux femmes doivent joindre les actes aux discours. Sans quoi, naissent des bribes d’espoir qui ne récoltent que des chiffres toujours plus alarmants sur ces violences.

En France, l’espoir suscité par le lancement du « Grenelle contre les violences conjugales » s’est éteint. Même s’il y a eu des avancées, les acteurs de terrain déplorent toujours un manque de moyens, notamment en matière d’accompagnement social des femmes victimes de violences, ou encore d’hébergement et de logements d’urgence. Pourtant, c’est au plus près du terrain qu’il faut agir, nous le savons tous.

Au-delà des campagnes médiatiques, l’État doit également afficher sa présence et sa volonté d’en finir avec ce fléau, soutenir les associations et acteurs qui viennent au secours des femmes battues, et se donner les moyens législatifs, juridiques, policiers de combattre ces violences insoutenables. Rappelons-nous de la remise en question qui a plané sur le 3919, ligne nationale d’écoute pour les femmes victimes de violences, en 2020, avec le projet du gouvernement de transformer le soutien financier en un marché public ouvert à la concurrence ! Et ce malgré le travail remarquable accompli par Solidarité Femmes et son réseau de 73 associations, depuis 30 ans au plus près des femmes et des enfants victimes de violences.

Agir contre les violences faites aux femmes, c’est agir au plus près de la réalité, dans nos rues, nos quartiers, dans toutes nos communes. C’est ce travail de fourmis qui débouchera sur des résultats.

En parler est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Je suis convaincue que les politiques de proximité, et l’échelle locale, constituent un échelon adapté permettant d’actionner des leviers efficaces, pour lutter contre ces violences insupportables. Mais je suis convaincue également, que l’austérité que l’État impose aux collectivités locales, en réduit leur portée, et les contrarie. Les campagnes de sensibilisation sont nécessaires, mais on attend plus encore des pouvoirs publics, pour qu’ils se montrent à la hauteur de ce fléau de société.

Vénissieux, une ville engagée

A Vénissieux, nous avons pris des mesures fortes que nous ne cessons de consolider, et ce depuis des années :

  • Par la mise à disposition d’un logement d’urgence pour les femmes victimes de violences, dispositif renforcé en 2019 avec la signature d’une convention tripartite Vénissieux/Saint-Fons/ ViFFIL-SOS Femmes pour la mise à disposition respective des logements d’urgence de nos deux villes. Depuis 2022, la Ville de Corbas a rejoint le dispositif. Cette démarche s’appuie sur un accompagnement social solide, de l’entrée à la sortie du logement, grâce aux liens entre l’intervenante sociale au commissariat de Vénissieux financée par la Ville qui assure le premier accueil, les travailleurs sociaux des CCAS et l’association VIFFIL et une psychologue, au sein de la police nationale en cas de besoin.
  • La convention passée entre la Ville de Vénissieux et l’association VIFFIL-SOS FEMMES, nous permet d’accompagner 25 femmes vénissianes victimes de violences conjugales, aussi bien sur le pôle accueil-écoute que sur le pôle logement-hébergement.
  • Nos campagnes de sensibilisation et de prévention auprès des jeunes avec l’Éducation Nationale, dans les EPJ, se poursuivent : respect dans les relations entre filles et garçons, luttes contre les humiliations et la banalisation des actes de violences,…
  • Notre Festival Essenti’elles donne un écho particulier, par la création et la culture, à l’ensemble des droits des femmes.

La lutte contre les violences faites aux femmes est l’affaire de toutes et tous, des habitants aux élus locaux, de la police à la justice, des associations à l’État. Sensibilisation-prévention-sanction-accompagnement, c’est en agissant à tous les niveaux et collectivement que nous parviendrons à éradiquer un fléau effroyable, insupportable et en tout point inacceptable.

En agissant aussi dès le plus jeune âge, parce que l’égalité s’apprend et se transmet. Lutter contre les préjugés, les stéréotypes hérités de notre système patriarcal, c’est aussi lutter pour l’élimination des violences faites aux femmes.

Un plan d’actions métropolitain

En tant que vice-présidente à la Métropole de Lyon, en charge de la lutte contre les discriminations et égalité femmes/hommes, j’ai piloté l’élaboration de notre nouveau plan d’actions métropolitain en faveur de l’égalité femmes-hommes : 84 actions pour la période 2021/2023. Plusieurs d’entre-elles concernent les vulnérabilités spécifiques aux femmes, celles liées aux violences, celles liées à la grande pauvreté ou encore celles liées au renoncement au soin.

  • À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes 2021, nous avons lancé une campagne de sensibilisation (affiches) avec la diffusion d’un violentomètre. Notre Objectif : aider les femmes victimes de violences à sortir de cette spirale infernale. Rassurer les victimes, encourager la discussion, sensibiliser les jeunes et mesurer si sa relation de couple ne comporte pas de violences.
  • En lien avec l’association Règles élémentaires, nous avons organisé des collectes de protections menstruelles en 2021 et 2022 (plus de 40 000 dons sur la Métropole de Lyon) pour lutter contre cette précarité, une question de santé publique aussi, et rendre le sujet des règles moins tabou.
  • Nous expérimentons aussi l’installation de distributeurs de protections périodiques gratuites pour les collégiennes dans 21 collèges répartis sur tout le territoire métropolitain.L’occasion de mettre à disposition des collégiennes et collégiens un guide abordant le sujet des règles.
  • Le 8 mars 2022, nous avons lancé notre première semaine de l’Égalité métropolitaine en direction des agents et du grand public : une exposition sur les dates clés de l’Histoire des droits des femmes, qui circule depuis dans les collèges, des animations ludiques, jeux de questions-réponses, témoignages ou encore une formation pour savoir comment réagir quand on est victime ou témoin de harcèlement de rue et enfin un cycle de 5 conférences

Pour conclure, quelques mots sur la suite de la soirée. Je suis ravie d’accueillir la compagnie Wacah Chan. Place au spectacle avec « Sororité, l’altra storia ! », premier épisode d’une série théâtrale franco-italienne qui retrace les rêves, les ambitions, les doutes, les échecs et les succès de femmes autrices révolutionnaires avant-gardistes. Cristina Trivulzio et Olympe de Gouges, deux femmes qui ont fait face à l’enjeu de vivre ou mourir pour leurs idées.

En effet, parmi les multiples violences vécues majoritairement par les femmes, l’invisibilisation constitue un puissant levier de violence symbolique. Aussi, il est essentiel de témoigner de l’engagement de toutes les femmes qui se sont levées, ont fait entendre leur voix, partagé leur art, renforcé leur engagement et fait résonner leur conviction pour faire avancer l’Histoire.

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