Forum orientation et alternance

L’accès à l’emploi des jeunes est une des priorités de la Ville. C’est la raison pour laquelle elle organise, avec ses partenaires, la CCI de Lyon et le Pôle Emploi, un forum orientation et alternance.

Le 28 avril 2010

L’accès à l’emploi des jeunes est une des priorités de la Ville. C’est la raison pour laquelle elle organise, avec ses partenaires, la CCI de Lyon et le Pôle Emploi, un forum orientation et alternance. Cette année, ce forum a été enrichi par une action autour de l’orientation des collégiens et leur découverte des métiers, en partenariat avec l’Education nationale. Ci-après, l’intervention de Michèle Picard à cette occasion.

Je me réjouis de l’organisation de ce forum orientation et alternance. Parce qu’elle marque la solidité et la fidélité de nos partenariats avec l’Education Nationale, la CCI et le pôle emploi.

En matière de travail pour les jeunes, nous le savons tous ici, il faut œuvrer collectivement, faire tomber les barrières et les corporatismes, renforcer les démarches collégiales. Il n’y a pas le monde de l’éducation d’un côté, le monde des entreprises de l’autre, et la jeunesse au milieu du gué. Il y a un ensemble de forces à mettre en synergie, tout simplement et ça n’est pas forcément le plus facile. Car le contexte actuel et l’emprise du capitalisme financier provoquent des dégâts monstrueux. La crise de ce système sans foi ni loi, ce sont les jeunes, les ouvriers, les intérimaires et les plus de 55 ans, les PME et PMI aussi, qui en payent les conséquences.

Je ne vais pas vous cacher la vérité, crue et très inquiétante, des chiffres du chômage actuel : entre 2008 et 2009, il a progressé de 22% dans l’agglomération et de 35% à Vénissieux. Les moins de 26 ans représentaient 14% du total des inscrits au Pôle Emploi, pourcentage qui passe à 21% pour les demandeurs originaires des Minguettes et de Max-Barel.

Au-delà de la question économique, on est en droit de s’interroger sur les vertus et le devenir d’une société qui exclut sa propre jeunesse. Le travail, ce n’est pas simplement une activité et un salaire, c’est le rapport du jeune à la collectivité (et réciproquement), c’est un socle structurant qui permet l’épanouissement, l’enrichissement, le cheminement propre à la personne à travers un échange trans-générationnel. C’est ce lien fort que le chômage des jeunes détruit. Quelle représentation, quelle image leur donne-t-on ? Quelle envie suscite-t-on chez les jeunes lorsque leurs parents vivent en sursis permanent, lorsque la seule perspective offerte, c’est l’addition de petits boulots précaires pour atteindre péniblement le SMIC ? Lorsque, au final, le travail devient, non pas une projection de ses aspirations, de ses capacités, mais un moyen de survie jusqu’au lendemain… jusqu’au lendemain et encore…

Un horizon bouché ne donne pas envie de marcher, ne motive pas, ne crée pas les conditions de s’engager, de s’impliquer. Entre le vouloir et le pouvoir s’est creusée une brèche, celle de la résignation, du dépit dont il faudra vite sortir. La question est d’autant plus sérieuse que la France est épinglée pour sa politique en matière des jeunes et de l’emploi depuis plus de trente ans.

Dans son dernier rapport en 2009, l’OCDE classe notre pays au 23ème rang sur trente pour le chômage des 15-24 ans. Il critique l’obsession très française du diplôme à obtenir coûte que coûte et la fermeture du marché du travail à ceux qui ont emprunté d’autres parcours ; l’absence de seconde chance et la mise en place de discriminations (les sans-diplômes, les jeunes issus de l’immigration vivant dans des quartiers défavorisés), un manque d’aides publiques à l’apprentissage réservées aux jeunes non qualifiés… Bref, c’est le « moule » français qui est pointé du doigt et il y a dans ce réquisitoire de l’OCDE des leçons et des vérités à retenir.

La Ville de Vénissieux a toujours fait de la jeunesse et de l’emploi une priorité. Le futur de notre pays, de nos villes, de nos quartiers passe par la place que nous accordons, dès maintenant, aux jeunes générations. Il passe aussi par une volonté politique forte. Vénissieux sait d’où elle vient. Elle ne reniera jamais ses racines et son histoire industrielles. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la production industrielle, en France comme dans le Sud-Est lyonnais, n’appartient pas au passé, ni aux requins de la délocalisation.

1 : avant de partager les richesses, il faut savoir les produire ! C’est une lapalissade, mais elle montre que l’on a besoin d’une industrie forte dans ce pays.

2 : Depuis les années 70, les politiques gouvernementales favorisent une désindustrialisation préméditée de notre pays. Ce contresens historique coûte cher en terme d’emplois : en 15 ans, l’emploi industriel, agroalimentaire compris, a perdu 1 million d’emplois en France.

Je m’insurge contre ce laisser-faire, et on en mesure ici les effets avec les épées de Damoclès qui pendent au-dessus des salariés de Bosch, RVI, etc.

Je m’insurge contre cette démission de l’Etat et je n’ai pas peur de dire que l’industrie, au contraire, c’est l’avenir : elle sait être innovante, créatrice, et de nombreux marchés, de nouvelles perspectives s’ouvrent à elle. Défendons notre savoir-faire, défendons les sous-traitants, les PME et PMI, que la crise a fragilisés ou ruinés. Défendons ce bassin industriel, défendons, à travers la production, un lien trans-générationnel susceptible de redonner aux jeunes l’envie et l’amour du travail bien fait. Avec la CCI, nous avons créé en 2009 le conseil de développement industriel de Lyon Sud-Est car nous savons que la liquidation de pans entiers de l’industrie mettra en péril pour des décennies l’emploi des jeunes et l’avenir de la production « made in France ». Elle affaiblit également la nature, l’esprit même de l’entreprise.

L’entreprise, ce n’est pas la caricature de la multinationale licenciant à tour de bras ses salariés. L’entreprise, et c’est le cas de la très grande majorité d’entre elles, sait aussi additionner les ressources humaines dans un cadre structurant. Elle sait être le moteur d’une formidable expérience collective à vivre au jour le jour. L’entreprise sait tout autant fabriquer de la valeur ajoutée que du lien social.

Des deux côtés du levier, il nous faut redonner de l’espoir et des pistes d’avenir. C’est le sens de ce « forum orientation et alternance », qui est une forme de prolongement des trois précédentes éditions de la journée des métiers industriels, puis, l’année dernière, de la journée de l’apprentissage. Le rapprochement des mondes économique, éducatif, et des jeunes est primordial. Tout ce qui renforce la connaissance réciproque de ces trois mondes constitue une avancée. Il ne s’agit pas de contraindre les jeunes à un parcours tout tracé, mais de leur apporter suffisamment d’éléments, d’informations, de connaissances pour que des possibilités, des affinités, des chemins se dessinent. Il ne faut pas non plus modeler le développement de la personne à la seule donnée du marché du travail.

Voilà pourquoi l’organisation des ces journées d’échanges me paraît essentielle. Voilà pourquoi l’expression « mettre le pied à l’étrier » prend tout son sens. Car la société française ne saurait se passer de la richesse de sa jeunesse.

Je vous remercie.

forum orientation et alternance 280410

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