CONSEIL MÉTROPOLITAIN : RAPPORT EGALITÉ FEMMES/HOMMES

Aujourd’hui, à l’occasion du conseil métropolitain, Michèle Picard, maire de Vénissieux et vice-présidente de la Métropole de Lyon a présenté le rapport 2023 sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Ci-après quelques extraits de son intervention à cette occasion.

Avant de rentrer dans le cœur de ce rapport je voulais en préambule rappeler qu’il reste de façon générale un long parcours à effectuer encore pour atteindre l’égalité réelle.

Pour illustrer mon propos, je voulais rappeler par exemple que chaque année

220 000 femmes sont victimes de violences conjugales dans notre pays, et qu’elles sont déjà plus de 118 cette année 2022 à avoir été tuées.

Et si je vous parle de violences conjugales ici, à l’occasion de cette délibération relative au rapport égalité femmes-hommes, c’est parce que les inégalités faites aux femmes, la situation inégalitaire qui persiste dans l’ensemble des champs de la vie quotidienne mais aussi professionnelle ou sociale, sont, elles aussi des violences que subissent les femmes.

Ces violences sont évidemment la conséquence de stéréotypes bien ancrés qui assignent arbitrairement aux femmes et aux hommes des rôles déterminés par leur genre et induisent l’idée d’une domination légitime des hommes sur les femmes.

Il reste donc un travail important à réaliser encore pour que cette égalité affirmée dans les textes, soit véritablement une réalité concrète, acceptée et sans retour en arrière possible.

C’est l’ambition de notre plan d’actions voté en décembre 2021 et dont les réalisations sont réunies dans ce rapport que je vous présente aujourd’hui.

Je ne vais pas vous faire une présentation exhaustive des 31 pages de ce rapport, mais je vais me concentrer sur deux points particuliers que sont :

  • Le Rapport de situation comparée
  • Un point d’étape du plan d‘action EFH, deux ans après son adoption en décembre 2021.

Le rapport de situation comparé est un document réglementaire qui, comme son nom l’indique, compare la situation des femmes et des hommes en interne à la Métropole de Lyon, selon 27 critères que sont par exemple le niveau de rémunération, l’accès aux postes de management, le travail à temps partiel, les accidents du travail, etc…

Les données de référence dans ce rapport sont donc ceux de 2022.

Que nous dit ce rapport ?

  • De façon globale, il n’y a pas de grandes différences par rapport à l’année précédente, on reste sur les mêmes tendances.
  • On retrouve de façon systémique un écart de rémunération à la défaveur des femmes quand on analyse les rémunérations catégorie par catégorie (différence      de   12% en catégorie C, de 6% en catégorie B et de 13 % en catégorie A) ; La tendance tend à s’améliorer avec une réduction de ces écarts par rapport à l’année dernière puisqu’ils étaient de 16% car les catégorie A, 7% pour les B et 16% pour les C, constituant pour cette dernière catégorie une évolution notable.
  • On constate également que les postes de management sont occupés proportionnellement plus par les hommes que par les femmes (38 % de managers femmes alors qu’elles représentent presque 50 % des effectifs)
  • Enfin, on note peu de mixité dans les différents métiers métropolitains : sur plus de 150 métiers, seuls une douzaine sont vraiment mixtes (avec quasi autant d’hommes que de femmes). 4 métiers sont exclusivement féminins (métiers de la petite enfance) et 18 métiers sont exclusivement masculins (concentrés dans les filières techniques). Ce qui ne veut pas dire évidemment que les équipes ne sont pas mixtes puisqu’elles peuvent être constituées de métiers différents mais cela montre combien encore les métiers restent assignés à un genre).
  • L’ambition de la Métropole et de son exécutif est bien évidemment d’améliorer la situation et de tendre vers l’égalité réelle en corrigeant les différentiels existants. Ces actions correctives sont inscrites dans le plan d’actions Égalité femmes-hommes et permettent à notre collectivité de s’inscrire dans une dynamique plus égalitaire, même si évidemment tout ne dépend pas de la Métropole.

Notre plan d’actions adopté il y a 2 ans, est donc organisé en 3 grandes parties    qui sont autant d’engagements complémentaires.

La première partie réunit les actions permettant une meilleure structuration de notre   action (la méthode) ainsi que les actions plus spécifiques, de communication et de formation sur le sujet, en interne et en externe.

La deuxième partie concerne plus spécifiquement nos actions en matière d’égalité professionnelle, en lien avec notre politique de Ressources humaines.

La 3e partie concerne les actions pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans nos différentes politiques publiques. Comment on intègre cette question dans nos différents projets.

Ces 3 axes de travail représentent au total 84 actions, 84 engagements. Aujourd’hui, plus de 60 actions sont déjà bien enclenchées.

Je ne vais pas  vous détailler l’ensemble des réalisations, mais tenter de vous donner à voir à travers quelques exemples comment nous intégrons l’égalité femmes- hommes dans l’ensemble de nos politiques. Cela est possible grâce à l‘implication de chaque délégation métropolitaine et je voulais  en profiter ici pour les remercier.

Vous avez sur cette slide réunis les 10 grands chantiers en cours qui se situent dans l’ensemble des champs de compétences et d’action de notre collectivité. Chaque chantier étant rattaché à l’un des 3 grands axes de travail.

Concernant la partie 1 du plan d’action, sont donc réunies les actions de court ou plus ou moins long terme, qui améliorent l’organisation, la structuration de notre action en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le fait d’avoir organisé notre travail avec des référents Égalité femmes-hommes dans chaque délégation Métropolitaine pour que ce sujet soit porté partout, ou encore le fait d’intégrer dans nos marchés publics des critères liées à l’égalité femmes-hommes. Pour rappel, deux premiers marchés avaient été lancés en 2022 intégrant des critères en matière d’égalité ou de mixité. Depuis d’autres marchés ont été finalisés, nous souhaitons affirmer auprès de nos prestataires que cette question de l’égalité est importante pour nous.

Cette première partie du plan intègre également les actions liées à la sensibilisation des agentes, agents et du grand public sur ce sujet. Cela fait donc plus de trois ans que nous réalisons des campagnes de communication notamment au moment des dates clés que sont le 25 novembre et le 8 mars. Ainsi cette année à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre des violences faites aux femmes, nous avons mis en place une grande campagne d’affichage sur les panneaux Decaux qui rappelait notamment le numéro vert 3919. Nous avons également fait imprimer un violentomètre sur plus de 200 000 sacs à pain et de pharmacie qui ont été distribués sur l’ensemble de la Métropole.

Nous avons organisé en 2023, une semaine de l’égalité autour du 8 mars. La Métropole organisera évidemment un évènement à l’occasion du 8 mars prochain.

Pour finir sur cet aspect acculturation/sensibilisation, nous avons également poursuivi les actions de formations sur la question de la lutte contre les discriminations et notamment sexistes : la première à destination de nos agents et manageurs recruteur intitulée « Recruter sans discriminer » avec la distribution d’un guide du même nom et la seconde à destination des agents médico-sociaux du personnel sur la lutte contre les agissements sexistes.

La seconde partie de notre plan vise à améliorer l’égalité professionnelle entre les agentes et les agents en interne.

Nous avons travaillé avec la Vice-présidente Zémorda Khelifi, et les services sur trois aspects importants de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : la promotion de la mixité et la lutte contre le sexisme ; l’égalité salariale et d’évolution de carrière et enfin l’articulation des temps de vie.

Et si évidemment les questions de l’égalité salariale et de déroulement de carrière, de mixité sont des sujets qui dépassent la seule action de la Métropole et touchent à des problématiques plus vastes et à des inégalités parfois fortement ancrées, des actions très concrètes ont été mises en place depuis trois ans pour que notre politique de ressources humaine soit à la hauteur des enjeux en matière d’égalité femmes-hommes.

Ainsi par exemple en matière d’avancement de grade et de promotion interne : les lignes directrices de gestion imposent de prendre en compte la part respective des femmes et des hommes au sein de chaque grade et de la comparer à la proportion Hommes/femmes des agents promouvables et agents potentiellement promus. Ceci afin de garantir un accès égalitaire aux femmes et aux hommes.

En matière de rémunération, l’agenda social prévoit un volet rémunération dédié à l’égalité de rémunération hommes/femmes. Aussi le régime indemnitaire des catégories A des filières sociales et médico-sociales, des catégories B et des ASFAM ont été revalorisées depuis plusieurs années. Et l’on sait que ces filières sont majoritairement féminines.

En matière d’articulation des temps de vie et de prise en compte des spécificités féminines, la Métropole expérimente la semaine de 4 jours et à mis en place en septembre dernier, deux nouvelles autorisations spéciales d’absence : le congé menstruel et l’arrêt naturel de grossesse. Et concernant plus spécifiquement la question du harcèlement ou des violences, nous avons mis en place un dispositif de signalement qui a fait l’objet d’une délibération en 2023 et entrera en phase teste ce mois-ci.

Enfin, la 3e partie réunit les actions menées dans nos différentes politiques publiques.

Mais aussi les vulnérabilités spécifiques aux femmes, celles liées aux violences, celles liées à la grande pauvreté (puisqu’être une femme est en effet souvent un facteur aggravant). Toutes nos politiques publiques sont donc aujourd’hui concernées :

Ainsi en matière d’emploi et d‘insertion, nous impulsons et soutenons de nombreuses actions pour lever les freins à l’emploi des femmes. La Métropole finance par exemple 7 dispositifs qui proposent une offre d’accompagnement spécifique pour le public féminin éloigné de l’emploi. Cela concerne plus de 500 places depuis trois ans. Nous avons également travaillé pour augmenter la part des femmes bénéficiaires des clauses d’insertion sur nos marchés. La progression est de 50% depuis 2020.La Métropole s’est engagée dans une démarche proactive avec les acteurs culturels. Aussi l’égalité femmes-hommes est désormais prise en compte dans toutes les conventions d’objectifs et de moyens des principaux événements et équipements culturels métropolitains. L’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ont également été prises en compte dans l’élaboration du schéma des enseignements artistiques 2023/2027.

En matière éducative, nous sommes convaincus que la question de l’égalité entre les femmes et les hommes doit se travailler dès le plus jeune âge. C’est pourquoi nous soutenons les actions éducatives des collèges qui travaillent ce sujet dans le cadre de l’appel à projet éco-citoyen. Cette année nous avons poursuivi l’expérimentation autour de la précarité menstruelle et du tabou des règles avec l’installation d’un distributeur de protection menstruelles dans 21 collèges et la réalisation d’un guide expliquant aux enfants ce que sont les règles qui a été distribué à l’ensemble des collégiens de notre Métropole, ainsi que dans les CPEF métropolitains et d’autres lieux d’accueil d’enfants. La question de la vie affective est en effet un enjeu important pour que les enfants soient sensibilisés au respect mutuel entre filles et garçons et éviter ainsi peut-être plus tard des scénarios de violences faites aux femmes. Aussi plus de 5 000 jeunes ont été sensibilisés à cette thématique cette année et je veux ici saluer également le travail effectué auprès des jeunes par les professionnels des CPEF. Sur le plan de l’aménagement urbain et de la mobilité, nous avons poursuivi le travail pour que la question du genre et de l’usage féminin de l’espace public soit prise en compte.

Je finirai ma présentation par les actions menées en faveur des femmes vulnérables et notamment celles en extrême précarité et celles victimes de violence. À ce titre la Métropole est une collectivité particulièrement volontaire et investie sur ce  sujet : nous avons très largement renforcé les dispositifs existants en faveur de ces femmes vulnérables en intégrant notamment cet aspect spécifique dans notre plan pauvreté co-porté avec l’État.

Nos travailleurs sociaux présents sur l’ensemble du territoire, dans nos MDM ou nos CPEF, accueillent chaque année près de 1200 femmes victimes de violences. Ces professionnels font un travail remarquable. Ils réinterrogent sans cesse leurs pratiques pour innover et améliorer le service rendu. Depuis 3 ans j’ai pu constater combien ils étaient force de propositions et c’est un grand atout pour mener des politiques publiques efficaces au plus près du terrain.

Nous avons également depuis trois ans développés plusieurs projets en matière de santé des femmes, de lutte contre la prostitution.

Pour finir je voulais remercier l’ensemble de mes collègues vice-présidents et les services  qui leur sont rattachés pour leur implication et investissement pour que puisse exister cette politique transversale en faveur de l’égalité femmes-hommes.

Vous le voyez dans chaque délégation l’égalité femmes-hommes est désormais prise en compte. Tout n’est pas parfait, il reste évidemment du travail pour atteindre l’égalité réelle mais je crois que nous sommes en bonne voie.

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