Conseil Local de Santé Mentale

Le 30 avril 2012 – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, lors de la rencontre-débat « Conseil Local de Santé Mentale, actualités et perspectives », lundi 30 avril 2012.

Le 30 avril 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, lors de la rencontre-débat « Conseil Local de Santé Mentale, actualités et perspectives », lundi 30 avril 2012.

La ville de Vénissieux organise aujourd’hui la « rencontre-débat du Conseil local de santé mentale, actualités et perspectives ». C’est une nouvelle étape dans l’histoire du CLSM Vénissieux/Saint-Fons, qui existe, je tiens à le rappeler depuis 2000.

Nous avons, il y a peu, rédigé une lettre de missions du conseil local avec le directeur du Centre Hospitalier Saint-Jean-de-Dieu, pour renforcer la nécessité du partenariat entre les acteurs de la cité, et ceux de la santé. Il faut à la fois une approche concertée et des réponses concertées, car le thème de la santé mentale, longtemps considérée comme tabou, dépasse le cadre du strict enjeu sanitaire.

Ce n’est pas un monde clos, les passages difficiles, les déséquilibres psychologiques, peuvent avoir des répercussions dans des structures comme l’école, le logement, dans la vie du quartier, l’intégration, ou encore, l’ordre public.

Les élus locaux que nous sommes en ont conscience, dans la mesure où toutes les politiques, mais aussi toutes les problématiques, sont étroitement liées sur le territoire de nos communes.

Sur le thème de la santé mentale, le CLSM est une coordination de proximité et de convergence entre les services municipaux, les professionnels de la santé, les acteurs sociaux, éducatifs, ce qui permet de lever le voile, et d’avoir une approche plus humaine des personnes souffrant de troubles psychiques.

Avec le formidable travail des Ateliers Santé Ville de Vénissieux, avec ce Conseil local, nous avons mis en place des leviers de démocratie sanitaire, qui doivent profiter à nos populations, mais également à nos agents et à tous les personnels non formés, qui peuvent se sentir désarçonnés face à des comportements inhabituels. Observer, prévenir, préserver la santé, ce sont des missions d’une extrême importance dans des villes populaires comme les nôtres, qui encaissent plus durement les chocs économiques.

Je crois d’autant plus à la valeur et à l’apport de cet outil que la crise de nos sociétés libérales, individualistes et inhumaines, fragilise de plus en plus de personnes.

La santé mentale, ça n’est pas le voisin, ça n’est pas la camisole, ça peut être un deuil, un passage difficile, la perte d’un emploi, le sentiment de solitude, tout un ensemble de ruptures qui rendent les bascules possibles, et plus fréquentes.

En clair, la santé mentale, c’est vous, c’est nous, personne n’est à l’abri, personne n’est au-dessus des lois de la nature humaine.

L’illustration d’une réelle fragilité de nos sociétés, elle s’exprime dans des chiffres inquiétants, et elle n’épargne aucune catégorie socioprofessionnelle. 69% des personnes en état de précarité sont considérées en souffrance psychique, 22% des chômeurs en état dépressif.

Mais il n’y a pas que les personnes en difficulté à témoigner du mal-être, sinon comment expliqueriez-vous que la France affiche la consommation la plus élevée au monde d’antidépresseurs et de psychotropes.

Il y a la chute, et il y aussi la peur de la chute, plus répandue qu’on ne le croit dans les classes moyennes, chez les cadres ou ailleurs. Bref, c’est l’ensemble de la population qui s’est fragilisée, à des niveaux plus ou moins forts. Cette situation est préoccupante, notamment dans le monde du travail, les suicides à France-Télécom, à Pôle Emploi en témoignent.

Les managements productivistes, la déréglementation du code du travail, la politique du chiffre, le harcèlement, et l’impression d’être un simple pion, que l’on peut jeter sans vergogne du jour au lendemain, ont cassé le sentiment de sécurité, sans lequel personne ne peut se construire, sans lequel aucune famille ne peut se projeter dans l’avenir. Cette peur du lendemain qui déchante est aggravée par l’atomisation de nos sociétés, par la rupture les liens sociaux, par l’affaiblissement de nos services publics, par des décennies d’égoïsme et d’individualisme.

Le débat autour de la santé mentale est un débat qui concerne l’ensemble de la société, et notamment les règles du système économique, qui régissent nos sociétés.

C’est la raison pour laquelle son décloisonnement, à travers les travaux et les échanges du CLSM, est un enrichissement pour l’ensemble de la population, de nos quartiers, de nos villes.

Dans cette optique, je serai attentive et réceptive à cette rencontre-débat, que je nous souhaite fertile et riche en perspectives.

Je vous remercie.

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