Mobilisation contre la précarité menstruelle

… »En tant que vice-présidente en charge de l’égalité Femmes-Hommes, il était donc important pour moi de parler de ce sujet de façon claire, simple, sans tabou. »…

Je suis heureuse de vous réunir aujourd’hui à l’Hôtel de Métropole, pour annoncer le lancement d’une grande opération de mobilisation contre la précarité menstruelle. Je salue Henri Païs, responsable Auvergne Rhône-Alpes de l’association Règles élémentaires, association avec laquelle nous avons organisé cette opération.

Comme vous le savez, la crise sanitaire que nous traversons a accentué les difficultés, et augmenté la précarité, pour beaucoup de nos concitoyennes et concitoyens. Elle a aussi permis de mettre en lumière, et ce, grâce à la mobilisation de nombreuses associations, dont Règles élémentaires, une précarité dont on parlait peu jusqu’ici : la précarité menstruelle.

En tant que vice-présidente à l’égalité Femmes-Hommes, je ne peux pas rester insensible à cette précarité particulière, qui touche spécifiquement les femmes.

A l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes, il me semblait donc important de rappeler qu’un des droits fondamental pour chaque être humain, est le droit à la dignité. Et ne pas disposer de protections périodiques, touche de plein fouet cette question de dignité. J’ai donc souhaité que la Métropole se saisisse de cette problématique, et qu’elle s’engage dans ce combat mené déjà depuis quelques années, par l’association Règles élémentaires pour faire reconnaitre ce droit à la dignité, et apporter des solutions immédiates et très concrètes, aux femmes qui n’ont pas les moyens, ou l’accès aux protections périodiques.

Il est important que l’on sache, que près de deux millions de femmes en France vivent cette précarité menstruelle. Cela concerne évidemment les femmes à la rue, celle en grande précarité, mais aussi par exemple de plus en plus d’étudiantes. Aujourd’hui, une étudiante sur 3, indique avoir des difficultés à s’acheter des protections.

Ça veut dire quoi concrètement ?

  • Ça veut dire qu’un certain nombre de ces femmes s’excluent de toute vie sociale, pendant cette période (qui dure en moyenne 5 j et tous les mois !) : elles ne vont pas au collège, au lycée, parfois travailler.
  • Ça veut dire que certaines de ses femmes se fabriquent des protections de fortune, avec ce qu’elles ont sous la main, avec les risques que cela entraine en terme d’infection, et de santé notamment.

Les règles dans la vie d’une femme, ce n’est pas anecdotique. Cela a un coût qui se monte à environ 4000 euros, si on ne prend en compte que le prix des protections, mais qui peut monter jusqu’à 8000 euros en moyenne, si on prend en compte tous les coûts induits (les médicaments pour la douleur, les jours non travaillés, etc….). Une somme dépensée tout simplement, parce qu’on est une femme !

Mais je dois dire qu’au-delà de la question de la précarité menstruelle, c’est le sujet des règles dans son ensemble qu’il faut rendre moins tabou. La triste réalité c’est que parler du corps de la femme, de son intimité, pose toujours un problème !

Aujourd’hui, la période des règles est vécue, encore par trop de jeunes filles et de femmes, comme un moment dont on a honte. Et pourtant parler des règles, c’est juste parler d’une réalité physiologique, vécu par 50 % de la population.

En tant que vice-présidente en charge de l’égalité Femmes-Hommes, il était donc important pour moi de parler de ce sujet de façon claire, simple, sans tabou.

C’est effectivement une spécificité de la femme d’avoir ses règles. Une spécificité du corps féminin. En parler, c’est reconnaitre cette spécificité, ce qui est un pas supplémentaire pour qu’elle soit enfin acceptée dans sa globalité.

Cette spécificité du corps de la femme s’est malheureusement transformée en tabou, ce fait de « la gestion » des règles dans la vie d’une jeune fille, un sujet compliqué.

Quelle énergie dépensée chaque mois pour gérer cette période : bien penser à avoir des protections avec soi, penser à bien se changer à temps, passer sa journée avec la peur d’un « petit accident », avoir mal au ventre aussi parfois.

Et tout cela avec la crainte que ça se sache ! car toute jeune fille comprend malheureusement très vite qu’il va surtout falloir « que ça ne se sache pas et que ça ne se voit pas » !

Je suis persuadée que c’est en parlant des règles, en les ramenant à leur réalité physiologique, que nous en ferons un non sujet.

Il y a donc aussi un réel enjeu d’aller à la rencontre des plus jeunes, des collégiennes, mais aussi et surtout des collégiens, sur ces questions des règles. Il me semble que c’est à cet âge que se jouent les questions de respect, d’interconnaissance de l’autre. En leur parlant sans tabou des règles, en montrant simplement de quoi on parle de façon physiologique, nous participerons, je le crois, à la levée des tabous, des idées reçues et des préjugés. Cela permettra assurément aussi, de parler plus globalement des différences entre les filles et les garçons, d’ouvrir la discussion sur le corps, la sexualité, etc..

Le gouvernement a annoncé en décembre dernier, une enveloppe de 5 millions d’euros pour combattre la précarité menstruelle, et notamment dans les collèges situés en secteur REP. J’attends d’avoir les éléments plus précis sur la façon dont tout cela va se décliner sur notre territoire. Mais il y a un réel enjeu, d’éducation et d’accompagnement sur le sujet aussi.

Vous comprenez donc bien que nous ne pouvions pas envisager de travailler sur ce sujet de la précarité menstruelle, simplement en versant une subvention aux associations mobilisées (même si, je vous rassure cela sera fait également) : il était important de proposer une action qui sensibilise, et mobilise le plus grand nombre, sur le sujet des règles et de la précarité menstruelle.

Cette collecte métropolitaine va, je l’espère, rendre plus visible ce sujet pendant quelques mois sur notre territoire métropolitain.

Concernant la collecte qui nous réunit aujourd’hui :

Elle va débuter ce 8 mars et se prolonger jusqu’au 28 mai (qui est la journée mondiale de l’hygiène menstruelle).

La collecte va se réaliser dans environ 40 lieux de collectes sur la Métropole de Lyon : la liste exacte est dans le document que vous a remis le service presse.

Nous avons installé ces points de collecte dans les lieux Métropolitains (dans les MDM), mais nous avions aussi préalablement fait un appel aux Maires de la Métropole, pour leur proposer d’installer une boite dans leur mairie. Un certain nombre ont répondu présent, et je veux ici les remercier. Le nombre de lieux pourrait donc évidemment augmenter encore d’ici à la fin du mois de mai (mais tout sera bien sûr actualisé au fur et à mesure sur le site Métropole et de l’association).

Les habitants de la Métropole pourront donc, pendant ces presque trois mois, aller déposer les protections périodiques de leur choix dans ces boites à dons.

Ces dons seront ensuite redistribués à des associations du territoire qui en ont l’utilité : associations qui luttent contre la précarité (Croix Rouge, restos du cœur, etc..), mais aussi associations étudiantes comme Gaelis.

Nous utiliserons également une partie des dons, pour les distributions réalisées directement par la Métropole auprès des étudiantes, via le bus infos santé, qui viendra à la rencontre des étudiantes à partir du 13 mars.

Le gouvernement a annoncé la gratuité des protections pour les étudiantes, à partir de septembre prochain, l’opération qui nous réunit aujourd’hui permettra donc, je l’espère, de pallier d’ici là, aux besoins.

Je vous remercie, et laisse la parole à Henri Pais, responsable régional de l’association Règles élémentaires.

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