Vœux à la presse

Le 21 janvier 2010

Michèle Picard a présenté ses voeux à la presse, lors d’une conférence de presse au Club de la Presse de Lyon. Ci-après son intervention.

Le 21 janvier 2010

12 heures : Michèle Picard a présenté ses voeux à la presse, lors d’une conférence de presse au Club de la Presse de Lyon. Ci-après son intervention.

Des vœux de résistance, des vœux de mobilisation sociale, des vœux d’espoir. Pour les Vénissians, pour les Français, pour l’ensemble des Républicains. Résistance, mobilisation, espoir, ce sont les trois piliers sur lesquels il faut s’appuyer pour sortir de la nasse, sortir de l’impasse, sortir d’un mode de développement économique et social destructeur. Je ne lis pas dans le marc de café, je ne sais pas si 2010 verra l’éclosion d’un vaste mouvement populaire, progressiste, d’utopie aussi car les idées et le débat politique ont besoin d’un nouveau souffle, mais je le souhaite ardemment. Il faut fermer le chapitre du libéralisme rapidement car les dégâts sont profonds, avant qu’ils ne deviennent irréversibles.

Je ne vais pas revenir sur la perte des acquis depuis une dizaine d’années : inégalité d’accès aux soins, retraite, démantèlement du code du travail, suppressions de postes dans l’Education Nationale, dans la fonction publique… La liquidation de tout ce qui a fait notre République depuis l’après-guerre, depuis le CNR, est systématique.

Le résultat : c’est l’atomisation de notre société, où la réussite individuelle prime sur l’intérêt général. On retrouve cette logique dans la nature même de la pauvreté. Elle a changé de nature, touche de nombreuses couches sociales, touche toutes les classes d’âge aussi. Elle se généralise, elle se banalise et le gouvernement l’institutionnalise. La mise en place du RSA par l’Etat en 2009, ça n’est pas autre chose que le traçage du travailleur pauvre, des salaires tirés par le bas et une stigmatisation des populations en difficulté. On introduit l’idée que si un seul salaire ne suffit plus, l’employé n’a qu’à se tourner vers les organismes sociaux. Ou encore cumuler plusieurs boulots pour s’en sortir. Les effets sont terribles. Pour les familles mono-parentales, pour les jeunes, ignorés du marché du travail, pour les retraités exclus de la société, pour les travailleurs pauvres (ils sont plus de deux millions en France). Logement, accès aux soins, pouvoir d’achat qui dégringole : les gens ne s’en sortent plus. Ils rognent sur le vital : le médecin qu’on consultera plus tard, le repas qu’on supprime, le chauffage qu’on coupe. La commission grande pauvreté que nous avons créée l’année dernière mesure l’ampleur du phénomène. Elle n’est pas juste un observatoire, elle doit être un aiguillon, un laboratoire pour interpeller les autorités publiques.

C’est le sens de notre pétition pour une Vie digne, que nous allons porter, j’espère en nombre, à la préfecture dès ce printemps : l’Etat doit prendre ses responsabilités en matière de logement, d’aides sociales, de lutte contre la misère. Les communes pallient la démission de l’Etat. Les communes colmatent les brèches créées dans la coque de notre navire, la République. Jusqu’à quand, jusqu’à quand pourrons-nous répondre aux demandes de nos habitants alors que l’on asphyxie méthodiquement les finances des collectivités locales ? Les missions régaliennes ne sont plus remplies et on demande aux communes de faire office de fusible. Ni plus, ni moins. Baisse des dotations, des subventions, suppression de la taxe professionnelle, où va s’arrêter cette déflation qui met en péril les orientations politiques des Villes ? Au bout de la chaîne pour les Vénissians, comme pour l’ensemble de nos concitoyens, l’addition va être salée : un service public de proximité qui disparaît des quartiers, des coins de rues abandonnés par la République. La crise de 2009, que le peuple paye, a accentué cette dérive. Les fonds investis par l’Europe, par la France, pour sauver de la noyade les requins de la finance, ce sont autant de fonds publics qui manqueront à la recherche, à la santé, à l’éducation. Les analystes tablent pour 2010 sur une hausse de 10 % du CAC 40.

Les fonds de soutien à l’automobile ont abondé mais ça n’a pas empêché le PDG de Renault, la semaine dernière, de délocaliser une partie de la production en Turquie pour la Clio 4.

Nous sommes à la croisée des chemins. Le cours de 2010 dépendra du lit de nos révoltes, de notre refus collectif à continuer ainsi. Tout dépendra de la mobilisation des forces progressistes, des élus, des citoyens, de notre réveil civique. Car en face, le calendrier est déjà verrouillé, ficelé. Le démantèlement du système de retraite par répartition, le duo Fillon-Sarkozy l’a programmé pour cette année. La privatisation de la Poste, à laquelle les Vénissians se sont opposés lors de la votation citoyenne, elle est, elle aussi, programmée pour cette année. Enfin, et ce sera un rendez-vous majeur, la mise à bas du socle républicain, la commune et plus généralement les collectivités locales, est prévue en 2010. A ce sujet, mes préoccupations sont grandes, non pas tant pour le devenir du sérail politique que pour l’avenir de tous les habitants. La réforme Balladur s’attaque tout simplement à la notion de continuité territoriale, à la démocratie de proximité.

1 elle va museler l’expression populaire en éloignant le pouvoir et les centres de décisions des urnes et des citoyens. Ça n’est pas comme ça que l’on va réhabiliter la politique et que l’on va réduire l’abstention. La dernière enquête Sofres en témoigne : près des deux tiers des Français (67 %) n’ont désormais confiance « ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays ». L’édification de citadelles, dirigées par des élus-technocrates, va renforcer encore un peu plus la résignation de la population. Les Français, pourtant, avaient déjà dit Non en mai 2005 à cette construction pyramidale de l’Europe et de ses instances politiques. Je suis certaine qu’ils n’en veulent pas non plus pour leurs communes, cantons et régions.

2 cette réforme va ligoter l’autonomie des politiques locales. C’est une mise au pas de la commune, tributaire en matière de dotations, de subventions, du bon-vouloir de l’Etat ou des grandes métropoles. Donc tributaire du fait du prince ou de la cour des notables de province. Cette réforme marque, après des années d’avancées depuis la loi Deferre, un retour brutal au centralisme étatique, despotique.

On veut faire taire les communes car elles sont un lieu de combat, le lieu de l’opposition à la politique de Nicolas Sarkozy. On les a étranglées financièrement mais elles ont continué de résister. La réforme Balladur veut maintenant leur couper la tête, les réduire à une simple chambre d’enregistrement, à une assemblée fantoche.

3 – enfin, elle va étouffer le bassin des entreprises PME-PMI, TPE, qui sont implantées dans les communes et qui constituent un vivier pour l’emploi local. Elles vont être confrontées à des consortiums, à des lobbying, à la loi du plus fort et du plus puissant sur le marché.

Cette réforme est chez moi une vraie source d’inquiétudes, tant l’équilibre entre les financements et les choix politiques est rompu, tant la volonté d’autonomie politique va se heurter à la pensée dominante du plus puissant. C’est un détournement sans précédent de nos principes constitutionnels, de nos principes républicains et de notre organisation institutionnelle. Comme disait Brecht : « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il vous faut dissoudre le peuple ». La droite libérale n’est pas loin de cette théorie en matière de démocratie. Il faut donc alerter les habitants de nos communes sur les enjeux réels de cette réforme, sur ce déni de l’expression populaire.

Il faut se mobiliser ! La droite fera tout pour que la population ne se sente pas concernée par ce débat en lui faisant croire qu’il n’engage que le sort des élus locaux. Au contraire, nous demandons, nous, à rendre la parole au peuple et nous exigeons l’organisation d’un référendum national sur cette question capitale qui va bouleverser l’organisation de notre territoire !

Je profite aussi de ce moment pour dresser un bilan de mes six premiers mois à la tête de la ville de Vénissieux. D’abord, ils sont passés à toute vitesse. Ensuite, j’en sors entière, sans entorses (à mes principes) ni clavicule cassée. Ça, c’est le petit bilan médical de l’élue républicaine que je suis, qui prend ses marques jour après jour. Plus sérieusement, je ne suis pas surprise par l’immensité de la tâche, par ce travail de longue haleine, d’abnégation dont nous devons faire preuve avec ma première adjointe et l’ensemble de l’équipe municipale. La tâche est lourde, la tâche est passionnante. Etre maire pour moi, c’est être à l’écoute des hommes et des femmes, de leurs difficultés, agir pour l’ensemble des Vénissians, avancer pour eux, lutter pour eux, même si les vents des politiques nationales nous sont contraires. Etre maire, ce n’est pas un métier, il n’y pas d’école à suivre.

C’est un engagement, c’est la force et la conviction du militantisme. C’est une question de respect aussi, le respect du pacte scellé avec les habitants. Mon engagement politique n’a de sens que s’il rencontre la réalité du terrain, car c’est là que la politique se joue, qu’elle devient active, noble en quelque sorte. Je crois que les Vénissians ont bien intégré cette dimension d’une politique qui s’enrichit au contact des difficultés, des attentes des habitants, dans la parfaite continuité du travail mené par mon prédécesseur. Mais comme je l’avais dit, je ne serai pas et je ne suis pas un « André Gerin » en jupons, je suis une femme avec sa sensibilité, ses différences et ça aussi je crois que les Vénissians l’ont bien compris. Je pense qu’il y a là une convergence de vues, de résistances, une convergence d’espoir aussi et que cet ensemble forme notre pacte communal. Tout cela s’apprend au quotidien, avec humilité, en prenant connaissance de tous les dossiers et projets de la Ville. 2010 verra ainsi l’ouverture de nouveaux établissements : le centre académique Michel Delay, la crèche Viviani, le lancement de la reconstruction du centre commercial de Vénissy, la livraison des premières maisons locatives à la Darnaise, la pose de la première pierre du futur parc économique Biosud, etc.

Une belle année en perspective, d’autant qu’elle touche les domaines que nous défendons bec et ongles : l’éducation, la petite enfance, le logement, l’activité économique et commerciale.

Enfin, avant de conclure, j’aimerais vous présenter mon nouveau blog, qui sera le lieu de mon expression à la fois personnelle et réactive, mon expression de femme et de maire. J’ai voulu qu’il soit simple, intuitif, ouvert aux réactions des habitants, des citoyens. Ce sera un nouvel outil au service de la politique menée à Vénissieux, au service de la démocratie de proximité et de la pluralité des idées et des échanges. Voilà, je voulais vous présenter cette nouveauté.

J’adresse mes vœux également à la presse, qui connaît des difficultés très inquiétantes, notamment la presse écrite quotidienne. Le développement d’internet, des gratuits, la tutelle des grands groupes médiatico-économiques nuisent à la liberté d’expression, au bon traitement de l’information. Les journaux multiplient les plans sociaux, les conditions de travail se dégradent pour l’ensemble de la profession, bref, l’état de santé de la presse me préoccupe et ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle pour la démocratie en général.

Enfin, je voulais vous souhaiter mes meilleurs vœux, à votre famille, à vos proches, et à tous ceux qui vous sont chers. Et j’espère qu’au terme de cette année, la République sortira plus forte qu’elle n’y est entrée.

Je vous remercie.

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