40 ans du collège Elsa Triolet

Le 31 mai 2013 – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion des 40 ans du collège Elsa Triolet :
« Les 40 ans du collège Elsa Triolet me touchent tout particulièrement. Pour de multiples raisons, mais j’ai envie de commencer par celle qui est la plus immédiate : l’émotion simple et franche, d’avoir été collégienne à Elsa Triolet, il y a maintenant… plus de trente ans. Le temps file, mais le souvenir de ces quatre années passées dans votre collège, est resté intact. On s’en rend compte souvent un peu plus tard, mais notre personnalité, nos convictions, nos aspirations, ne sont que l’addition d’époques que l’on traverse à toute vitesse, mais qui nous forgent intérieurement… »

Le 31 mai 2013

 

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion des 40 ans du collège Elsa Triolet, Jeudi 30 mai 2013

 

 

Les 40 ans du collège Elsa Triolet me touchent tout particulièrement.

Pour de multiples raisons, mais j’ai envie de commencer par celle qui est la plus immédiate : l’émotion simple et franche, d’avoir été collégienne à Elsa Triolet, il y a maintenant… plus de trente ans. Le temps file, mais le souvenir de ces quatre années passées dans votre collège, est resté intact. On s’en rend compte souvent un peu plus tard, mais notre personnalité, nos convictions, nos aspirations, ne sont que l’addition d’époques que l’on traverse à toute vitesse, mais qui nous forgent intérieurement.

Je ne serais pas la femme, la citoyenne, et le maire que je suis, sans les années Elsa Triolet. Des années de formations, d’apprentissages, mais aussi d’échanges et d’ouvertures sur le monde, au contact d’enseignants jeunes, dévoués, et humains. La force et la richesse de l’Éducation nationale, c’est, bien sûr, de transmettre des connaissances, mais c’est aussi d’éveiller les consciences, de susciter les curiosités, et sur tous ces points, mes années sur le Plateau des Minguettes et au collège Elsa Triolet, ont été une chance. Je me souviens encore, aujourd’hui, du projet « Éducation pour le développement », que notre classe avait mené, avec nos professeurs d’histoire, de dessin, et de lettres. Nous avions réalisé et monté un film, au sujet du tiers monde, du sous-développement, et, à travers cette création, nous avions été tous sensibilisés aux inégalités entre les continents, entre les hommes. Projeté dans le cadre d’un programme UNESCO, il avait mis en valeur, au niveau national, si je me souviens bien, le travail fourni par les enseignants et les élèves du collège Elsa Triolet.

Et c’est cette école-là, du savoir et de l’initiation, qu’il nous faut transmettre, intacte et inaliénable, à toutes les jeunesses, à toutes les générations, quelles que soient les époques, quels que soient les territoires, quelles que soient les crises. On ne peut pas transiger, ou tricher, avec le droit à la scolarité, avec l’accès aux connaissances, avec l’accès aux formations de l’esprit et professionnelles, car l’on toucherait à l’essence même du pacte républicain, et à l’avenir de la France.

Mais parlons du collège Elsa-Triolet d’aujourd’hui, fier de ses 40 ans et de ses résultats. Dans le dernier classement des collèges publics publié, que je considère plus comme un outil de mesure qu’un outil de compétition, les résultats de l’établissement sont remarquables, et pour le moins encourageants. De 60,5% de taux de réussite au brevet, le collège est passé à un taux de 84,5%, en 2012, occupant la 55ème place sur 110, dans le Rhône.

Je le dis souvent, il faut prendre ces classements comme un instantané, et non comme un palmarès gravé dans le marbre (il me paraît difficile de comparer les établissements entre eux, sans tenir compte des particularités de chaque collège, sa composition sociale, son implantation géographique), il n’empêche, cette photo 2012 montre combien le travail paye.

Je salue la principale, Christine Gourjux, les enseignants, et l’ensemble du personnel d’Elsa Triolet, pour la détermination, l’implication dont ils font preuve chaque jour, toujours au service des collégiens, et des jeunes du Plateau des Minguettes, scolarisés ici même. Le suivi spécifique, pour certains collégiens en difficulté, et la mise en place d’un dispositif de parcours individualisés, pour les élèves de 3ème, ont eu un impact positif à n’en pas douter. Il ne m’appartient pas de commenter les méthodes pédagogiques choisies (le monde enseignant sait de quoi il parle en la matière), par contre, je me réjouis de l’image positive donnée par votre collège, à Vénissieux, mais aussi dans l’agglomération. Des sections sportives, des options bilingue, musique, un Rhône d’Or 2011 pour son rayonnement sportif, 100% de réussite au Certificat Général pour les élèves Segpa, 5 élèves intégrant l’internat d’excellence, accueil de trois artistes en résidence de l’Opéra de Lyon : il y a des signes qui ne trompent pas, un bouillonnement qui fait plaisir à voir.

Cette dynamique a d’autant plus de valeur, qu’elle s’inscrit dans un contexte difficile. Il y a la crise et des taux de chômage, malheureusement historiques, chez les 15-25 ans notamment. Il y a les dernières études de l’OCDE qui tirent la sonnette d’alarme, au sujet du décrochage scolaire (140 000 jeunes sortant du système éducatif sans diplôme chaque année). L’OCDE interpelle également la France, au sujet du taux de scolarisation des 15-19 ans, en baisse depuis 15 ans, et des insuffisances de notre pays à corriger le déterminisme social. Un contexte difficile pour les enseignants eux-mêmes, victimes des politiques nationales des 10 dernières années, et plus particulièrement, des 5 dernières années.

L’application, sans discernement aucun, de la révision générale des politiques publiques dans l’Éducation nationale, a été une catastrophe. 80 000 postes supprimés en 5 ans sous Nicolas Sarkozy, c’est une hérésie, c’est une faute politique grave, car elle touche à l’avenir de nos enfants, de notre société. L’enseignement n’est pas une valeur marchande, le monde de l’Éducation nationale ne se gère pas comme une entreprise privée. Le résultat de ces années de dérives totales est dramatique pour tout le monde : on manque d’effectifs pour assurer les remplacements, on a maltraité la formation des enseignants, on a supprimé des RASED qui luttent contre l’échec scolaire, et le pire, c’est que l’on a tenté de briser la vocation d’être enseignant, de dénigrer la transmission des savoirs et des connaissances, de réduire à la portion congrue, l’initiation aux  sciences humaines. Le gouvernement actuel a fixé de nouvelles priorités, heureusement, car il était plus qu’urgent de sortir de cette impasse. Quand je vois l’implication, et le rôle fondamental, que joue le professeur dans la construction personnelle et professionnelle de chacun d’entre nous, je n’accepte pas que l’on brade l’école publique, laïque et gratuite, l’école de Jules Ferry.

Ici sur le plateau des Minguettes, la présence d’une Éducation nationale forte, dotée de moyens humains et financiers dignes de ce nom, est capitale. C’est un enjeu de toute première importance, pour donner à notre jeunesse, les moyens de son émancipation individuelle, et les moyens de sa formation professionnelle. On parle d’avenir, on parle du respect de l’autre, on parle du désir d’apprendre, de comprendre, on parle de connaissances et de curiosités, on jette les bases d’une société éclairée, ça n’est pas rien quand même !

Dominique Perrault, grand architecte, et pour le bonheur de Vénissieux, architecte de notre médiathèque Lucie Aubrac, voit juste quand il dit, je le cite : « Le problème des grands ensembles n’est pas de les avoir construits, mais de les avoir abandonnés ! ». De la présence des services publics et de l’Éducation nationale, en particulier dans les quartiers populaires, il va s’en dire que l’État doit retrouver les moyens de son ambition, d’une vraie ambition, au service de sa jeunesse.

Je tiens à saluer la direction, et l’ensemble du personnel du collège Elsa Triolet, pour ce que vous m’avez apporté lorsque j’étais jeune, et pour ce que vous continuez d’apporter aux collégiens d’aujourd’hui.

Je vous remercie.

"Félicitations à toute l'équipe enseignante et aux élèves. Grâce à leur implication et à leur travail, cette journée anniversaire a été une réussite. J'ai participé à des tables rondes de qualité. Merci aussi aux 500 élèves du collège et leurs enseignants pour le spectacle magnifique qui a terminé la journée. Un beau moment de créativité, une chorégraphie parfaite pour évoquer ces quarante années d’existence à Vénissieux. Comme un feu d’artifice pour clôturer ce moment dédié aux 40 ans du collège Elsa-Triolet. »

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