1936 La crise et pourtant des avancées considérables

L’histoire nous appartient. 1789, 1848, 1936, le CNR, 1968. Evoquer ces dates en 2010 ne consiste pas à se réfugier dans un passé idéalisé, celui des conquêtes sociales, politiques, philosophiques remportées, mais bien à mesurer combien ces périodes charnières continuent d’irriguer et de nourrir la France d’aujourd’hui.

Michèle Picard a soutenu et tenu à participer à l’ouvrage réalisé par l’Institut d’Histoire Sociale CGT du Rhône « 1936 la crise et pourtant des avancées considérables » Ce livret retrace les avancées sociales et progressistes du syndicalisme des années 30, face à un patronat toujours plus puissant. Ci après, son édito

1936

L’histoire nous appartient. 1789, 1848, 1936, le CNR, 1968. Evoquer ces dates en 2010 ne consiste pas à se réfugier dans un passé idéalisé, celui des conquêtes sociales, politiques, philosophiques remportées, mais bien à mesurer combien ces périodes charnières continuent d’irriguer et de nourrir la France d’aujourd’hui. Ce curseur de l’histoire nous permet aussi de mesurer combien les acquis sociaux, que l’on souhaitait gravés dans le marbre, s’avèrent fragiles sous le déluge revanchard de la droite libérale, de la droite versaillaise, des amis de Sarkozy et de l’oligarchie technocrate de Barroso.

On a trop longtemps réduit 1936 et le Front Populaire à l’image d’Epinal des premiers congés payés, comme une vieille photo sépia que l’on parcourt accessoirement dans un manuel d’histoire. Rappeler l’engagement syndical de la CGT et des ouvriers pour les obtenir, rappeler qu’il a fallu peser sur le politique est une première vérité à rétablir. Mais 36 et le Front Populaire résonnent aussi d’une autre façon, plus sourdement peut-être, à notre oreille. Tous les acquis perdus ou qui sont en passe de l’être si l’on ne se réveille pas (retraites par répartition, privatisation du système de santé, durée légale du temps de travail, libertés individuelles, liquidation des services publics, droits des femmes) ramènent de près ou de loin à la force des combats qui ont été menés pour les arracher au patronat et aux forces de l’argent. Aucune avancée progressiste n’a été donnée au peuple français, les perdre les unes après les autres renvoie notre responsabilité tout autant face au passé que face à l’avenir.

Qu’avons-nous fait de ce qui nous a été donné et qu’avons-nous à donner si nous n’avons rien fait, ou du moins pas assez, pour défendre l’ensemble de ces acquis ? Nous sommes en 2010 au-dessus de ce gouffre, dans une société en délitement sans précédent : les aspirations de nos aînés sont foulées aux pieds, et aucun idéal concret n’est à ce jour proposé aux jeunes générations.

Nous savons que les forces syndicales, communistes, socialistes et progressistes, chacune avec ses identités et ses valeurs propres, sortiront du gué par un mouvement de convergence, sans reniement ni dilution des idées. Le plus tôt sera le mieux. Car l’urgence sociale est là et le contexte général de 2010 n’est pas sans rappeler celui des années 30.

La crise de 29 et la crise financière de 2008, les ligues factieuses de 34 et la montée d’un néo-populisme de 2010, et de l’extrême droite tout court dans l’ensemble des pays européens. Et il y a ce parallèle saisissant selon lequel la situation internationale, la concurrence mondiale et le contexte social doivent amener le peuple à faire plus de concessions que de revendications. Ce discours de régressions sociales, d’arrêts des mesures progressistes pour sauver le système capitaliste de la banqueroute, les salariés et ouvriers de 36 l’ont encore en mémoire. Ils l’ont payé quatre ans plus tard au prix fort.

Les salariés et ouvriers de 2010 l’entendent à nouveau. La sémantique a changé (le mot libéral à la place de grand capital, l’austérité à la place de crise) mais le système, lui, n’a pas bougé et les financiers tiennent toujours les rênes : ce que l’on sauve, ce n’est pas le peuple grec mais les profits des banques qui spéculent sur ses difficultés; ce que l’on sauve, ce n’est pas l’emploi industriel mais les circuits qui alimentent sa destruction. Tableau cynique des cours des bourses qui montent quand les délocalisations détruisent des milliers d’hommes et de femmes, des dividendes qui scintillent quand les salaires s’écroulent.

La partie qui se joue est une partie capitale. C’est un mouvement populaire et social de forte ampleur qui en modifiera les règles et qui corrigera la trajectoire de ce siècle. La sauvegarde d’un capitalisme cynique et prédateur portera en lui le pire, pour paraphraser Jean Jaurès, « comme la nuée porte l’orage ». L’émergence, l’imagination, la création d’un autre mode de développement, tourné vers l’homme, par l’homme et pour l’homme, sont de notre ressort.. Oui, cette histoire à écrire nous appartient.

Retrouvez, ci après, le mot de Charles Ramain, président de l’IHS CGT du Rhône. 1936 LA CRISE – Le mot de Charles Ramain

Vous pouvez vous procurer cet ouvrage auprès de l’Institut d’Histoire Sociale CGT du Rhône – Tel 04.78.62.01.28 – mail : charles.ramain@wanadoo.fr


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