Voeux au personnel

… »Je parle ici de vos métiers, je parle ici de vos missions, je parle ici de votre professionnalisme et de votre dévouement, car c’est vous, aussi, qui faites vivre Vénissieux. »…

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la présentation des vœux  au personnel de la Ville de Vénissieux.

Vénissieux change, Vénissieux se développe, Vénissieux s’agrandit, Vénissieux retrouve une réelle attractivité, encourageante et rassurante, au cœur de l’agglomération lyonnaise. De nouveaux habitants rejoignent le territoire vénissian, d’anciens reviennent s’y installer.

Cet essor indéniable, vous en êtes les acteurs, vous en êtes les témoins, vous en êtes les garants. Une ville n’est pas qu’une vitrine des rénovations urbaines en cours, une ville se vit, se partage au quotidien, une ville se construit au pluriel, à travers ses quartiers, au plus près des attentes et des besoins de la population.

Écouter, aider, conseiller, prévenir, orienter, accompagner, innover, rénover : voilà les actions de terrain que vous accomplissez tous les jours, au service de l’intérêt général, au service de tous les Vénissians. Je le crois sincèrement, l’essor démographique de Vénissieux n’est pas lié qu’au logement, il est lié à la présence des services publics de proximité, il est lié au savoir-faire de chacun des agents présents sur le terrain, il est lié à l’investissement, à la mobilisation, et aux formidables compétences de vous tous pour améliorer, toujours et encore, le cadre de vie à Vénissieux.

Pour une famille, savoir que le petit dernier aura une place en crèche, savoir que les plus grands bénéficieront des temps périscolaires, d’activités pendant les vacances, d’une restauration de qualité, c’est essentiel. Pour une personne âgée, briser l’isolement, monter un dossier pour pouvoir la reloger dans un appartement mieux adapté, lui proposer des services à domicile ou des sorties culturelles, c’est essentiel. Pour la vie de tous les jours, pratiquer son sport préféré dans des équipements publics rénovés et modernes, aller au cinéma, au théâtre, à la médiathèque ou dans les bibliothèques de quartier, pouvoir s’émanciper sans être victime de discriminations territoriales, c’est essentiel.

Je parle ici de vos métiers, je parle ici de vos missions, je parle ici de votre professionnalisme et de votre dévouement, car c’est vous, aussi, qui faites vivre Vénissieux. La population qui réside à Vénissieux depuis des années, qui s’y est enracinée, le sait : elle peut compter sur des agents compétents pour agir, pour aider, pour améliorer le quotidien. Elle le sait et elle en a conscience, et c’est plus qu’une marque de reconnaissance qu’elle vous adresse : fin 2012, 76% des Vénissians se disaient satisfaits de vivre à Vénissieux, satisfaits de l’accueil réservé au public, des activités sportives, culturelles, des espaces verts, etc. Et pour la population qui découvre Vénissieux, au-delà des clichés, cette présence-là jamais démentie, celle des services publics de proximité, joue dans le choix de venir habiter, au sens propre comme au figuré, notre ville.

Courroie de transmission et cheville ouvrière du vivre ensemble, du vivre en bonne intelligence, personne ici ne découvrira le rôle fondamental que remplissent la fonction publique et les services publics. Il ne s’agit pas de profit, de rentabilité, il s’agit de lien social, de modèle social, de solidarité et de proximité. Les insupportables discours libéraux vous diront : combien ça coûte, façon à peine déguisée de dire combien ça peut rapporter. Mais les services publics ne sont pas un coût, ce sont les investissements du présent et de l’avenir. La crise que nous traversons les rend encore plus indispensables et vitaux. Sans les missions que vous accomplissez, et je tiens aussi à associer le tissu associatif à cette contribution, à quoi ressemblerait la vie des quartiers ? Vers qui se retourneraient les familles en difficulté ? Dans quel état serait le pacte républicain ? La réponse, nous la connaissons : la crise frapperait encore plus durement les habitants, le vivre ensemble serait en morceaux, le lien social atomisé. Je prends un exemple concret parmi tant d’autres : pendant 10 ans, la droite n’a cessé de casser l’Éducation Nationale.

La dernière étude PISA vient d’en mesurer les effets : non seulement les inégalités se sont creusées, mais dans certaines disciplines, de réels décrochages des scolaires français, parmi les pays de l’OCDE, ont été pointés du doigt. Mettre à mal les services publics, dire qu’il y a trop de fonctionnaires, les dénigrer, supprimer par milliers des postes, c’est facile à faire, c’est on ne peut plus démagogique, et c’est un discours médiatique facile à vendre entre guillemets. Oui mais voilà, attaquer ces missions-là, c’est hypothéquer l’avenir, comme nous l’a montré l’étude PISA, c’est pénaliser les habitants, les jeunes, les personnes âgées et les plus démunis. Voilà pourquoi la Ville de Vénissieux défend contre vents et marées ses services publiques de proximité, parce qu’elle tient à rassembler, pas à diviser, parce qu’elle tient à rendre accessible au plus grand nombre, la culture, la pratique sportive, l’accès aux connaissances et à la santé, parce qu’elle tient à l’égalité des chances, à la démocratie citoyenne, au droit à la tranquillité. Parce que Vénissieux, c’est un tout, et c’est une très longue histoire de solidarité et de combats contre les injustices sociales.

Mettre ses compétences et ses connaissances au service de l’intérêt général, au service de la ville et des Vénissians, cela doit vous rendre fiers à plus d’un titre. Il faut défendre les missions de proximité, les défendre avec détermination, contre les discours méprisants et caricaturaux du capitalisme financier, contre le toujours moins d’État qui disloque et continue de détruire nos sociétés. Non, tout n’est pas marchand, non les dépenses sociales, éducatives, culturelles, familiales, associatives ne sont pas des dépenses en trop, non, la fonction publique n’a pas à devenir la variable d’ajustement des politiques d’austérité, décrétées à Bruxelles ou ailleurs. Je crois au contraire qu’il faut valoriser encore et toujours plus vos métiers, qu’il faut les remettre au cœur d’un pacte républicain mis à mal. Revaloriser les missions, revaloriser les salaires également.

Depuis 2010, et cela se prolongera en 2014, à l’exception des agents de la catégorie C dont la revalorisation devrait être effective en février prochain, l’État a gelé le point d’indice des fonctionnaires, provoquant pour la grande majorité d’entre eux un véritable décrochage du pouvoir d’achat. C’est ce que nous avons souhaité atténuer, à travers la refonte du régime indemnitaire. Je note également que le plan de participation de la ville à la protection sociale a permis à nombre d’entre vous d’accéder plus facilement aux soins, et de bénéficier d’une meilleure couverture. C’est une bonne chose, mais les villes ne pourront pas se substituer éternellement aux désengagements de l’État.

A ce titre, l’introduction de la précarité dans les statuts de la fonction publique s’avère dangereuse, et contre-productive. L’abrogation effective depuis le 1er janvier 2014 du jour de carence, instauré par le gouvernement Fillon, répare une profonde injustice, mais le climat général dans la fonction publique reste chargé d’inquiétudes, et suscite de nombreuses interrogations. Comment ne pas voir qu’elles sont légitimes quand l’État demande aux collectivités 1,5 milliards d’euros d’économies en 2014, puis à nouveau 1,5 milliards en 2015. Les conséquences risquent d’être multiples, à commencer pour les habitants.

Quelles marges de manœuvre financière laisse-t-on aux Villes, alors que de nouvelles charges viennent s’ajouter (rythmes scolaires, hausse de la TVA, et incertitudes sur le fonds de compensation TVA, inflation des normes techniques de construction, etc) ? Contracter les dépenses de fonctionnement, c’est mettre en place des services de proximité à minima pour les Vénissians : c’est impensable et injustifiable, surtout en temps de crise. Diminuer les dépenses d’investissement, c’est hypothéquer le développement de la ville, revoir à la baisse la qualité des équipements publics et fragiliser l’emploi de proximité. C’est contre-productif à tout point de vue.

Enfin, appuyer fortement sur le levier de la fiscalité, alors que les habitants et les familles ne cessent de perdre en pouvoir d’achat et ont du mal à boucler leur fin de mois, c’est alourdir un poste des dépenses obligatoires, déjà proche de la saturation. L’impasse des politiques d’austérité, elle se situe là, dans des choix aussi injustes qu’injustifiables qui, en bout de chaînes, vont fragiliser les services publics, et pénaliser les populations les plus démunies. Il est grand temps, je le crois, de changer cette vision libérale de nos sociétés, et de substituer à la longue liste des petits intérêts particuliers, le seul intérêt qui vaille, et que vos métiers et votre dévouement renforcent au quotidien : le sens de l’intérêt général. La commune est le socle de la République, la proximité et la solidarité les bases du vivre ensemble. N’éloignons pas les habitants des centres de décisions et de pouvoir, ce que la Métropole va accentuer et provoquer. Renforçons au contraire ces liens de confiance, d’écoute et d’attention noués avec la population. Relier, réunir, rassembler : ne doutez pas un instant, les Vénissians savent qu’ils peuvent compter sur vous et vous sont, je le sais, très reconnaissants.

Je vous souhaite à tous et à toutes, à vos familles et à vos proches, une excellente année 2014.

Je vous remercie.

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