Violences faites aux femmes : un scandale et un déni de justice !

Retrouvez la déclaration de Michèle Picard à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

Le droit des femmes est un combat de tous les jours, tout au long de l’année, tout au long des siècles. L’obtention de droits les plus élémentaires est un processus qui remonte à des années, voire des siècles de luttes intenses.

La violence à l’égard des femmes se manifeste sous de multiples formes. Elle revêt des aspects physique, psychologique, sexuel, affectif, économique…

La violence conjugale est un véritable fléau. Une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les deux jours et demi. C’est un chiffre qui fait froid dans le dos.

En 1981 et pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un ministère à part entière, conduit par Yvette Roudy, a été dédié aux droits des femmes. Il a constitué une première avancée.  Puis, une loi  pour en finir avec les violences faites aux femmes a été votée à l’Assemblée nationale le 9 juillet 2010. L’État a même décrété cette cause comme une priorité nationale.  Mais, dans le même temps, ce même Etat a délibérément mis à sec les subventions aux associations en lien direct avec ces femmes traumatisées, isolées et meurtries. Quelle vaste hypocrisie ! Entre 2006 et 2009, les subventions de l’Etat ont baissé de 18,8 % pour les associations d’aide aux victimes de violences conjugales et de 38 % pour les associations et permanences d’accueil, d’écoute et d’accompagnement des femmes victimes de violences.

Sur le terrain, nous constatons chaque jour les difficultés pour les associations, de mener à bien leurs missions du fait de l’insuffisance de leurs ressources financières.

L’indépendance des femmes passe obligatoirement par leur autonomie sociale et économique mais aussi, par une lutte efficace contre les violences qui leur sont faites. Ce fléau, qui provient de conceptions très ancrées quant à l’infériorité du statut de la femme, perpétuation d’un système patriarcal, cause un tort considérable à notre pays.

Il est inadmissible que ce sujet soit traité à la marge comme si les femmes victimes de violences étaient considérées comme des citoyennes de second ordre.

Laissé à l’abandon depuis 1986, un ministère consacré exclusivement à la cause féminine a été mis en place cette année. Dans la foulée, le vote de la loi contre le harcèlement sexuel est venu combler le vide juridique catastrophique causé par l’abrogation, par le Conseil constitutionnel, du précédent texte. En dépit d’avancées incontestables depuis ces derniers mois sur les droits des femmes, nous attendons qu’elles soient suivies d’effets concrets au niveau des moyens à mettre en œuvre.

C’est un plan ORSEC qu’il faut à notre pays, pour soutenir les associations et les collectivités locales car il serait temps que les pouvoirs publics prennent la mesure de l’enjeu et démontrent, enfin, leur véritable volonté politique d’éradiquer cet ostracisme que constituent ces actes graves à l’égard des femmes. Il est urgent de lever tous les blocages, à tous les niveaux de la société car rien ne justifie ou excuse cette violence.

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