Soirée de clôture des Musicianes « Ecoutez voir ! »

.. » Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de la soirée de clôture des Musicianes « Ecoutez voir ! »…

Samedi 22 février.

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de la soirée de clôture des Musicianes  « Ecoutez voir ! »

La culture contre toute forme de populisme. La culture contre les déterminismes sociaux et les déserts territoriaux. La culture contre les replis identitaires. La culture contre la pensée unique et le formatage de l’esprit critique. La culture, c’est elle, entre autres, qui fait tomber les murs, c’est elle qui repousse les frontières, physiques et parfois mentales, c’est elle qui rapproche les quartiers, qui rapproche les habitants, c’est elle qui nous relie. Faut-il rappeler des enjeux que tout le monde connaît et que, à l’exception des discours ambiants, réactionnaires et libéraux, tout le monde partage ? Oui, il faut les rappeler, car le danger d’une culture a minima est réel. A l’échelle européenne, avec des budgets des États membres en baisse dans la plupart des pays, à l’échelle nationale, avec la politique d’austérité du gouvernement qui sabre les subventions, à l’échelle locale, avec des dotations de l’État vers les collectivités territoriales en chute libre : -1,5 milliard en 2014, -1,5 milliard en 2015.

Une inquiétude légitime, dont ces chiffres donnent une idée concrète : sur les 10 milliards de dépense publique annuelle consacrée à la culture en France, l’État en verse 3, quand les collectivités, villes en tête, en versent 7 !

Si nous perdons l’ambition culturelle, nous perdrons plus qu’un beau discours de façade, nous perdrons un levier de l’aménagement de nos territoires, nous perdrons la vitalité et la jeunesse de la création, nous perdrons des dynamiques de quartiers. Cet enjeu-là, je le dis et je le répète, est crucial pour les villes populaires, comme lieu d’échanges et comme lieu d’accès aux connaissances, ouvert au plus grand nombre. Le choix de Vénissieux, d’accompagner la création et de renforcer sur tout son territoire la présence d’équipements culturels de qualité, est conforté par le récent rapport de l’inspection générale des finances. Que dit-il ? Que le poids du secteur culturel dans l’économie en 2011 représentait 3,2% du PIB, et près de 670 000 emplois en France.

Ça n’est pas rien. Plus intéressant encore, la mission, en comparant des territoires similaires, ayant bénéficié ou non d’une implantation culturelle récente, établit clairement une corrélation positive entre le développement socio-économique du territoire, et l’implantation culturelle structurelle d’un équipement ou d’un festival, reconduit sur la durée. C’est une réponse cinglante aux détracteurs qui veulent faire croire que les dépenses culturelles sont un coût dispendieux, alors que c’est un investissement on ne peut plus précieux. La dynamique actuelle de Vénissieux, elle est aussi entretenue par la vie culturelle de notre ville, par tous ceux, professionnels comme bénévoles, qui l’animent au quotidien, et qui l’accompagnent vers les habitants, les écoliers, les collégiens et lycéens, vers les familles modestes, à travers une politique tarifaire avantageuse. Pour mesurer le chemin parcouru, posons-nous les bonnes questions ! Que serait Vénissieux sans sa médiathèque ou son théâtre ? Le cinéma Gérard Philipe et l’école de musique n’ont-ils pas contribué aussi au désenclavement du quartier des Minguettes ?

Où les enfants et les habitants iraient s’initier à la peinture, à la sculpture, sans l’Espace arts plastiques Madeleine-Lambert, ou les Ateliers Henri Matisse ? Et cette histoire n’est pas interrompue, avec l’arrivée prochaine de la Préfabrique Opéra et de Bizarre. Valorisation des habitants, valorisation des quartiers, à travers des équipements devenus structurants, valorisation de l’image de Vénissieux : oui, la culture est un plus, oui, l’ambition culturelle mérite d’être défendue avec détermination. Et c’est ce que la Ville fait à travers son budget primitif 2014 : des subventions aux associations en légère hausse, alors que les politiques d’austérité les fragilisent, et près de 9% du budget global consacré à la culture.

La sixième édition des Musicianes a illustré, une nouvelle fois, le foisonnement, la vitalité et l’ouverture du milieu culturel vers les Vénissians. Par ailleurs, je tiens à saluer l’investissement du personnel et les synergies qui se sont créées, entre les équipements culturels de la ville. Dans la thématique déjà, qui fait se croiser la musique et les arts visuels, les créateurs, comme le jeune compositeur mexicain Victor Ibarra, ou le plasticien Yves Henri, mais aussi les professeurs et élèves de l’École Jean Wiener, et des tableaux de la collection municipale, en collaboration avec le service Arts Plastiques Espace Madeleine Lambert. Synergie enfin entre les différents équipements culturels eux-mêmes, puisque des rencontres et des concerts ont eu lieu au Cinéma Gérard Philipe, à la Médiathèque Lucie-Aubrac, au Centre Social Moulin-à-vent, et dans les Bibliothèques de quartier. Huit concerts, plus de 1 000 personnes réunies dans la semaine, une quinzaine d’ateliers accueillant plus de 300 personnes, sans oublier, idée remarquable en tout point, les mini concerts des élèves musiciens chez l’habitant. La culture populaire dont je vante si souvent les mérites, elle est là, elle est dans cette proximité, dans ce travail pédagogique, d’initiation et de découvertes, qui part à la rencontre directe des Vénissians.

A l’image des Fêtes Escales (des festivals gratuits pour la population, il n’y en a pas tant que ça !) de Hors Cadre, des Belges Journées initiées par le Théâtre, de la semaine de la Francophonie, les Musicianes ont montré, cette année encore, la vitalité du milieu culturel de notre ville. Je tenais à saluer l’excellence du travail accompli par chacun de vous, et en particulier de l’École de Musique Jean-Wiener, au service des habitants, au service d’une culture démocratisée et partagée par le plus nombre.

Je vous remercie.

X