Simone de Beauvoir à la naissance du féminisme

Il y a 30 ans, le 14 avril 1986, Simone de Beauvoir disparaissait à l’âge de 78 ans. Avec Jean-Paul Sartre décédé six ans jour pour jours avant elle, ils formaient un couple emblématique de la littérature.

Cette intellectuelle libre, prix Goncourt en 1954 pour « Les Mandarins » est devenue l’un des auteurs du 20ème siècle les plus lus dans le monde. « Le deuxième sexe » est son plus célèbre ouvrage. Publié en 1949, ce livre très avant-gardiste pour l’époque lui apporte le succès, mais déclenche aussi une vague d’indignation et d’attaques contre celle qui deviendra une figure du combat féministe.

« On ne nait pas femme, on le devient

Au-delà du constat, la philosophe dénonce la condition de la femme, sa place dans une société où la tradition patriarcale pèse lourd, entre sexisme et endoctrinement social. Le point de départ d’un engagement sans faille dans la lutte pour les droits des femmes. Aux côtés de Gisèle Halimi et d’Elisabeth Badinter, elle signe le « Manifeste des 343 » pour la dépénalisation de l’avortement. Un acte de désobéissance civile auquel va succéder le long et âpre combat, parfois violent, mené au Parlement par Simone Veil, ministre de la santé, pour la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse en 1975.

« Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »

Simone de Beauvoir s’impliquera dès sa création dans le Mouvement de Libération des femmes, fondera et présidera également la Ligue des droits des femmes.  Elle soutiendra de nombreuses actions pour lutter notamment contre le sexisme ordinaire et les violences conjugales. Elle s’opposera activement à la guerre d’Algérie, soutiendra l’indépendance algérienne et prendra parti pour Djamila Boupacha, une jeune militante du FLN violée lors d’interrogatoires dégradants.

Elle nous laisse un héritage important et  jusqu’au terme de sa vie,  cette femme de lettres a combattu l’injustice et défendu une vision progressiste et émancipatrice de notre société, des combats toujours d’actualité.

En 2008, l’écrivain et psychanalyste, Julia Kristeva, fonde le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. Chaque année depuis, il récompense, à travers le monde  et dans tous les domaines l’action de personnalités ou d’associations qui défendent et font progresser la liberté des femmes, jamais définitivement acquise. C’est le cas  par exemple, en 2013, de Malala Yousafzai, prix Nobel de la Paix 2014 qui est devenue un véritable symbole de courage et d’espoir,  dans la lutte contre le fondamentalisme. En 2015, le prix « Simone de Beauvoir » a consacré  le Musée national des femmes artistes à Washington, seul grand musée au monde, entièrement dédié à la créativité artistique des femmes. En 2016, c’est l’action de Giusi Nicolini, maire de Lampedusa en Sicile, pour aider  les migrants à se reconstruire qui a été primée.

Je veux rendre hommage à Simone de Beauvoir, philosophe, romancière, figure majeure du XXème siècle, dont l’écho résonne encore aujourd’hui. Le combat en faveur des droits des femmes n’est pas un vain mot, il doit conduire à mettre à bas les préjugés et faire que demain, l’égalité devienne enfin une réalité.

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question» – Simone de Beauvoir

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