Semaine bleue 2013

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de l’ouverture de la Semaine bleue 2013 : « …Rapprocher, unir et vivre ensemble, mais vraiment ensemble, voilà le message et les actions, que la ville de Vénissieux adresse à ses aînés… »

Lundi 21 octobre 2013

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de l’ouverture de la Semaine bleue 2013.

Notre société doit retrouver le sens des priorités et le sens des réalités. C’est le faire-société qui est en jeu, à savoir notre capacité à vivre les uns pour les autres, les uns avec les autres. La place réservée au 3ème âge, tout comme la place réservée à la jeunesse, est un indicateur précieux pour mesurer le degré de solidarité actuel.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet indicateur n’est pas bon. Le marché du travail ferme ses portes aux 15-25 ans, les retraités se sentent isolés et ignorés, et tous les liens du pacte républicain sont mis à mal, un à un. L’impôt est de moins en moins considéré comme un levier de solidarité. Le système de retraites par répartition, j’y reviendrai, est attaqué de toutes parts, comme si le trait d’union entre les générations volait en éclats. L’accès à la santé et aux soins devient profondément inégalitaire, bientôt lié, au rythme des privatisations rampantes de la sécurité sociale, à la seule question du pouvoir d’achat. Les ressorts civiques, les notions de respect de l’autre, et plus particulièrement de nos aînés, s’effritent, aussi bien dans nos gestes quotidiens que dans l’attention que nous portons à l’autre.

Stop, il faut arrêter cette dérive individualiste, qui morcelle nos sociétés, qui exclut au lieu de protéger, et qui, au final, produit une société du désarroi, de la résignation et de l’amertume. Les politiques libérales ont fait d’immenses dégâts pour le vivre ensemble, et continue d’en faire. On entend déjà se répandre le discours assez odieux du « coût » des personnes âgées dans les sociétés occidentales, trop lourd à financer. Bientôt, vous le verrez, certains accuseront nos aînés d’être à l’origine des difficultés économiques et du ralentissement de la croissance, de profiter du système des pensions, d’empêcher les jeunes d’accéder à un emploi. Soyez en sûrs, je ne verse pas dans la caricature, mais je vois monter les germes, très dangereux, d’un clivage entre les générations, d’un clivage entre les actifs et les inactifs, de deux mondes qui ne se parlent plus.

Le résultat est terrible : on fait douter les retraités eux-mêmes. Veut-on d’eux dans nos sociétés ? Voilà le sentiment qui domine, voilà la question que beaucoup d’entre vous se posent et c’est inacceptable. C’est même intolérable, car les personnes âgées ne sont pas une charge mais une chance, car les personnes âgées ne sont pas inactives, mais la mémoire et les garde-fous de nos actes présents. Bien sûr que nos aînés ont une place dans notre société, elle est même centrale dans la cellule familiale pour aider, bien souvent financièrement, les enfants et les petits enfants, elle est centrale dans la transmission des connaissances, d’une forme de sagesse, fruit de l’expérience, qui nous permet d’éviter de répéter des erreurs, elle est centrale car votre présence nous rassure. Voilà pourquoi notre société doit se montrer à la hauteur de vos attentes, à la hauteur de la seule question qui compte vraiment : avoir les moyens de vivre dignement de sa retraite, et de vivre dignement sa retraite.

Je le sais, l’année 2013 aura été une année difficile pour les retraités et pour leur pouvoir d’achat, qui n’en finit d’être érodé depuis plus de 20 ans. La reforme des retraites, de Jean-Marc Ayrault, continue de s’inscrire dans la lignée des réformes de la droite de 95, 2003, 2007 et 2010. Allongement de la durée des cotisations, le monde du travail à nouveau mis à contribution, avec une hausse des cotisations sociales, et des retraités doublement ponctionnés (alors que la retraite médiane nette, une fois payée CSG et CRDS, est de 993 euros par mois !).

Bref, on continue de céder aux exigences de la BCE, du FMI et du MEDEF. C’est bien une double ponction qui est à l’œuvre. D’une part en retardant de six mois, du 1er avril au 1er octobre, la date de revalorisation annuelle des pensions en fonction de la hausse des prix, et d’autre part, en soumettant à l’impôt, la majoration de pension de 10% versée aux retraités ayant élevé trois enfants et plus. On change la donne en cours de match en quelque sorte, puisque l’argent des retraités n’est pas autre chose que le fruit des cotisations versées. Deux mesures auxquelles il faut ajouter la taxe de 0,3% soumise aux retraités, pour le financement de l’autonomie et la sous-indexation par rapport à l’inflation des régimes complémentaires.

Seule contrepartie de la réforme Ayrault : la suppression du gel du barème de l’impôt, décidée par le tandem Sarkozy-Fillon, qui avait rendu imposables nombre de retraités, et leur avait fait perdre de nombreux avantages sociaux. L’effort demandé aux retraités pourrait trouver des arguments, si la réalité sociale était tout autre. Les personnes âgées, en France, ne vivent pas dans le luxe, mais dans la précarité. Rappelons-nous que près d’un million de retraités vit en dessous du seuil de pauvreté, et qu’en un peu plus de dix ans, leur pouvoir d’achat a chuté de 10 à 20% ! Avec, en moyenne, 1 256 euros de pension, et alors que 4,8 millions de retraités sont au minimum contributif (soit 687 euros par mois !), un nombre toujours croissant de retraités, qui doit faire appel à la solidarité pour joindre les deux bouts.

Les restos du Cœur et le Secours Populaire peuvent en témoigner : une large majorité de nos aînés ne s’en sortent pas. Des difficultés accrues pour les retraitées femmes, au montant de pensions plus faible que les hommes, et par une précarité énergétique toujours plus marquée. C’est bien le droit à une vie décente, après des années de travail, qui est remis en cause, un acquis de civilisation affaibli par les directives libérales, orchestrées depuis Bruxelles. Vous le savez, les politiques de Vénissieux s’inscrivent à l’opposé, et contre les dérives libérales, contre le chacun pour soi qui ronge le lien social, et déshumanise nos rapports à l’autre, notamment dans les grandes agglomérations. La ville veut et garde cette proximité, cette attention et cette marque de respect qu’elle doit à ses aînés.

Il ne s’agit pas de vivre une génération à côté d’une autre, un quartier à côté d’un autre, mais de vivre ensemble, d’écrire l’histoire de Vénissieux ensemble, d’animer, de développer et d’imaginer notre commune ensemble. C’est cela être Vénissian. Notre identité et nos singularités se forgent dans la transmission de notre patrimoine, dans la transmission et le partage de valeurs communes entre les générations. La ville consacre 3,75 millions d’euros de son budget aux secteurs du 3ème âge. Cette vue générale ne doit pas cacher le travail accompli tous les jours à l’OMR, dans nos résidences Henri Raynaud et Ludovic Bonin, dans les logements des foyers Soleil, et dans nos services. La proximité dont je parlais, elle s’inscrit dans un ensemble d’actions concrètes et régulières. C’est le plan canicule, qui nous a permis de contacter et de rendre visite à plus de 500 personnes pas jour, lorsque le niveau 3 a été déclenché fin juillet. C’est le portage de repas (86 tous les jours), et le service des aides à domicile (184 personnes en bénéficient), ce sont les 80 repas au quotidien servis dans nos résidences. C’est l’accueil de jour, et le service de soins infirmiers à domicile (57 prises en charge de personnes âgées). Ce sont les traditionnels repas ou colis de fin d’année. C’est aussi la prise en compte, dans les projets du logement locatif social, de la perte d’autonomie des personnes âgées. Un groupe de travail, avec les bailleurs et le conseil général, sous l’impulsion de la DSAS, a été mis en place.

La charte Rhône-Alpes a permis la mise en location de logements adaptés : 20 logements dans le programme les 4 temps, et 10 dans le programme Parilly de l’Opac du Rhône. Et puis bien sûr, mentionnons la prochaine livraison, en janvier 2014, d’un EHPAD sur notre territoire, la Maison du Tulipier, composée de 84 places d’hébergement, dont 14 d’accueil Alzheimer. Elle viendra compléter les 80 places de la Solidage. Je voudrais finir par une initiative qui parle, mieux que tout, de l’esprit vénissian. Initié par les enfants du Conseil Municipal Enfants, dans le cadre de la commission solidarité, un travail intergénérationnel est engagé, pour mettre en place deux journées karaoké.

Rapprocher, unir et vivre ensemble, mais vraiment ensemble, voilà le message et les actions, que la ville de Vénissieux adresse à ses aînés.

Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente semaine bleue.

Je vous remercie.

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