Saison théâtrale 2013 / 2014

La culture n’est pas un mot qu’on prononce pour se donner belle allure ou bonne conscience. La culture, c’est avant tout une ambition, l’ambition de l’ouvrir au plus grand nombre, aux familles, l’ambition d’en favoriser l’accès, notamment dans les quartiers populaires, l’ambition de la faire vivre et d’aider une création non formatée, et des artistes singuliers.

Vendredi 14 juin 2013.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de la présentation de la saison théâtrale 2013 / 2014 à  Vénissieux, le jeudi 13 juin 2013.

La culture n’est pas un mot qu’on prononce pour se donner belle allure ou bonne conscience. La culture, c’est avant tout une ambition, l’ambition de l’ouvrir au plus grand nombre, aux familles, l’ambition d’en favoriser l’accès, notamment dans les quartiers populaires, l’ambition de la faire vivre et d’aider une création non formatée, et des artistes singuliers.

C’est ce qui nous interroge, nous émeut, nous interpelle, nous provoque, nous rapproche, c’est ce qui, finalement, nous change et nous construit. Permettez-moi de vous dire : la question de la culture, ça n’est pas rien, elle est centrale, aussi bien pour la collectivité dans son ensemble, que pour les individus que nous sommes. A travers sa politique culturelle, Vénissieux affiche cette double volonté, elle l’affiche avec ténacité, avec courage aussi, je n’ai pas peur de l’affirmer, deux enjeux majeurs donc : renforcer le vivre-ensemble et faire de la culture et des équipements culturels, un formidable outil d’aménagement du territoire.

Notre théâtre de Vénissieux, l’éclectisme de sa programmation, notre cinéma Gérard Philipe, notre Médiathèque Lucie Aubrac, notre École de Musique, les ateliers Henri Matisse, les bibliothèques de quartier, font de notre commune un espace de culture indéniable, et font rayonner également l’image d’une ville qui bouge, qui change, qui donne à voir et à écouter. Donner est bien le verbe, car des festivals comme les Fêtes escales, gratuits, ambitieux et populaires, il n’y en a pas tant que ça en France. Yolande Peytavin, 1ère adjointe et adjointe à la culture, vous parlera mieux que moi de la formidable programmation à venir, mais je tenais à saluer le travail réalisé par l’ensemble du personnel, et la directrice du Théâtre, Françoise Pouzache.

Une nouvelle dynamique s’est installée, et le défi d’ouvrir toujours plus le théâtre à son environnement, a été relevé. Le défi, ou plutôt les défis ! En terme de fréquentation déjà, puisque les nombres d’entrées (13 686 pour 2012-2013) sont en augmentation, tout comme le taux d’occupation (85% contre 78% en 2014/2012).

En terme de reconnaissance et de rayonnement culturel régional, comme en témoigne le renouvellement de la convention pour quatre ans, avec la Région Rhône-Alpes, qui souligne l’importance et la notoriété du Théâtre de Vénissieux, bien au-delà de ses frontières naturelles.

En terme de synergies, enfin, avec des partenariats forts à Vénissieux (c’est le Pass Culture, c’est le projet « 2 temps 3 mouvements » porté par Bizarre, l’École de Musique et le théâtre), mais aussi à l’intérieur de l’agglomération lyonnaise. Je citerai les partenariats avec Les Célestins, La biennale de la danse, ainsi que les théâtres de l’Est Lyonnais (Carte ScènEst).

Enfin en terme de soutien à la création, et par l’accueil de compagnies en résidence, ce que la DRAC a mis en valeur par l’octroi d’une subvention accordée à la Compagnie du Détour, dont la création, élaborée avec le concours des habitants, sera présentée ici même en 2014.

Et puis il y a un point particulier qui me tient à cœur : l’ensemble des actions pédagogiques et divertissantes du Théâtre, à destination des enfants, des EPJ, des centres sociaux et maisons de retraite. C’est le symbole d’une culture populaire, d’une création qui dépasse les murs, et va à la rencontre des Vénissians, des jeunes et moins jeunes, d’une culture vivante et de proximité.

Le maire que je suis est fier de consacrer 9% de son budget à la culture, et je suis convaincue que les Vénissians sont fiers que perdure une vraie ambition culturelle dans leur ville. 74% d’entre eux expriment leur satisfaction au sujet des activités culturelles de Vénissieux.

Ce satisfecit s’adresse aussi bien au Théâtre, qu’à l’ensemble des équipements culturels, il s’adresse aux agents et aux équipes, aux artistes et associations, qui oeuvrent pour une culture vivante, bouillonnante, dans une ville populaire.

A l’occasion de la présentation de la saison théâtrale 2013-2014, c’est aussi mon rôle d’alerter les spectateurs, les citoyens et les milieux artistiques et associatifs, pour défendre avec l’ensemble des collectivités, une culture mise à mal par les politiques d’austérité. La culture a besoin de nous comme nous avons besoin d’elle, pour animer et faire vivre nos villes, nos quartiers.

Elle est clairement menacée, par les coupes drastiques pratiquées dans l’ensemble des États Membres de l’Union Européenne, au nom de la crise : -22% en Grèce, -17% en Italie, -7% aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume Uni, et la France n’échappe pas à la règle, avec un budget en baisse de 4,3% et 67 millions d’économies supplémentaires à trouver courant 2013. Elle est clairement menacée par une réforme territoriale, qui risque d’appauvrir le maillage de la culture de proximité, et par des baisses de dotations de l’État vers les collectivités vertigineuses. Sur les 10 milliards de dépense publique annuelle consacrée à la culture en France, l’État en verse 3 quand les collectivités, villes en tête, en versent 7 !

Enfin, elle est clairement menacée par de nouveaux modes de consommation et de distribution, par la bascule vers le numérique, qui modifie en profondeur les modèles économiques en vigueur jusqu’alors, et qu’il faut repenser au plus vite pour protéger la création.

Avant d’être des spectateurs, nous sommes des citoyens et la culture, aujourd’hui en 2013, à la croisée de nombreux chemins, mérite notre attention et notre engagement.

Je vous souhaite en tout cas une très belle saison 2013-2014, dans notre beau et attachant théâtre de Vénissieux.

Je vous remercie.

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