C’est avec plaisir et engagement que nous nous retrouvons, ce soir, pour la présentation de cette nouvelle saison théâtrale.
Loin du formatage médiatique et de la consommation, notre politique culturelle est fondée sur des convictions humanistes, et poursuit des objectifs émancipateurs. A Vénissieux, nous avons toujours fait le choix de nous doter des outils les plus performants, pour mettre en œuvre cette politique.
Aujourd’hui encore, malgré le contexte budgétaire difficile et les baisses des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales, nous maintenons la part du budget municipal allouée à la culture, à 7.9 M d’euros et, notre projet culturel est porté par des hommes et des femmes, convaincus que la culture est un projet de société, qui ne peut naitre que dans les sillons de l’éducation populaire.
Face à ceux qui trouvent que la culture coûte chère, et se désengagent par des diminutions substantielles de subventions, qui ont pour conséquences, des suppressions de festivals, je m’associe au mouvement des intermittents du spectacle, qui lance un cri d’alerte : le monde de la création est en danger.
En 2015, 195 manifestations ont été touchées dans tous les domaines : danse, théâtre, musique, cinéma ou arts de la rue. Et l’hémorragie se poursuit en 2016, comme pour le très célèbre festival d’Avignon, qui sera, cette année, amputé de trois journées de spectacles.
S’attaquer à la création, c’est aussi mettre en péril de milliers d’emplois. Les artistes sont en première ligne, mais avec eux, ce sont tous les métiers techniques du spectacle qui sont menacés. C’est aussi se priver d’un levier économique. Cette stratégie est mortifère, à tous les points de vue.
Alors que nous célébrons les 80 ans du Front Populaire, la casse du service public culturel est une régression, un non-sens historique, une tentative de gommage d’un mouvement qui a porté la nécessité d’une politique publique, en faveur de la démocratisation culturelle.
Souvenons-nous, par exemple, que le festival de Canne est un enfant du Front Populaire, ébauché par le gouvernement de Léon BLUM, et à l’initiative, notamment, du ministre de l’Education nationale et des Beaux-arts, Jean ZAY. En pleine ascension du fascisme, le film à défendre au niveau international était alors « La grande illusion », le chef-d’œuvre pacifiste de Jean Renoir.
«Un autre monde est possible », déclarait Ken Loach alors qu’il recevait la palme d’or 2016, et j’aime à penser que ce choix du jury n’est pas sans signification.
Pour lutter contre l’avancée des déserts culturels, les collectivités locales ont un rôle à jouer, en menant des politiques volontaristes. C’est ce que nous faisons, ici, à Vénissieux, contre vents et marrées.
Notre théâtre a eu 30 ans l’an dernier, et nous pouvons nous réjouir du succès grandissant, que rencontre sa programmation. La démonstration est faite de l’appropriation de ce lieu par les habitants de notre ville, mais également, par les habitants de l’agglomération, grâce au rayonnement de notre équipement, au-delà des frontières communales.
Rappelons que désormais, le théâtre et notre nouvel équipement, Bizarre !, dédié aux musiques actuelles et à la culture urbaine, sont liés au sein d’une même régie autonome : La Machinerie. Ce fonctionnement offre deux avantages.
Tout d’abord, développer la cohérence et la complémentarité du spectacle vivant, sur notre territoire.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Bizarre !, cet équipement est à la fois un lieu de concerts, mais aussi un espace de création et de répétition pour les artistes, qu’ils soient amateurs ou professionnels, ainsi qu’un lieu d’apprentissage pour nos jeunes. Pour vous donner un peu plus envie, encore, de venir découvrir ce nouvel équipement, sachez qu’avec trois autres scènes métropolitaines : l’Epicerie moderne, le Marché Gare et le Périscope ; Bizarre ! est déjà reconnue par un label, décerné par l’Etat : Scène de musiques actuelles.
Le deuxième avantage de la Machinerie, est de permettre de mutualiser, de redéployer les salariés et les compétences, pour impulser les projets. C’est comme cela aussi, que nous pouvons développer un service public de qualité, et renforcer notre réseau d’équipements culturels, implantés sur tout notre territoire : le cinéma Gérard Philipe, les ateliers Henri Matisse, l’espace d’arts plastiques Madeleine-Lambert, l’école de musique, la médiathèque, et les trois bibliothèques de quartier. De nombreuses manifestations culturelles ont également lieu toute l’année, notamment les Fêtes escales, festival gratuit depuis 18 ans.
La belle programmation qui nous rassemble ce soir, est ouverte sur le monde et sa diversité, et nous permettra une découverte des formes esthétiques d’aujourd’hui, avec du théâtre bien sûr, mais aussi de la musique, de la danse, du cirque et des arts mêlés, à travers 25 spectacles pour tous les âges.
Notre théâtre s’inscrit dans une réelle volonté d’éducation artistique et culturelle, 7 spectacles sont programmés sur le temps scolaire, ainsi que des ateliers de pratique, des rencontres avec les artistes, des restitutions sur scène.
La Ville et son théâtre continuent de s’engager, en faveur de la création contemporaine, en proposant huit créations et en poursuivant les résidences d’artistes. Cette démarche, résolument axée sur le « faire ensemble », permet de dresser les passerelles entre les artistes et les différents publics, et de libérer les expressions culturelles nouvelles, de lutter contre la pensée unique.
La culture est un liant pour la société, et un moteur pour notre ville. Aussi, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui œuvrent à la réussite de notre projet culturel, par leur implication à tous les niveaux, depuis les usagers jusqu’aux professionnels, en passant par les artistes.
Je tiens également à souligner la coopération existante, entre les différents partenaires institutionnels, l’Etat, la Région, la Métropole et la Ville, condition indispensable du développement des projets de notre théâtre. Je vous souhaite une très belle saison 2016-2017, riche en émotions, riche en découvertes.
Je vous remercie.
