Présentation de la saison théâtrale 2012 / 2013 à Vénissieux.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la présentation de la saison théâtrale 2012 / 2013 à Vénissieux, le mardi 19 juin dernier.

Jeudi 28 juin 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la présentation de la saison théâtrale 2012 / 2013 à Vénissieux, le mardi 19 juin dernier.

 

 

La culture populaire est un formidable outil d’aménagement du territoire et de cohésion sociale, et bien sûr d’émancipation de la personne. L’enjeu est considérable pour la vie des quartiers, pour la vie associative et pour le monde de la création. La culture, c’est aussi la question du faire société, d’être ensemble face à nos interrogations, face à nos différences, face à ce qui émeut ou ce qui secoue. C’est l’ouverture contre le repli, c’est le pluriel contre l’individualisme, et cette défense de la culture populaire, ni élitiste ni formatée, est aujourd’hui capitale.

Je le dis avec d’autant plus de passion que Vénissieux mène depuis de longues années, un combat d’avant-garde à ce sujet. Elle ne cède pas sur le terrain de l’accès aux connaissances et aux loisirs pour tous, avec des politiques tarifaires avantageuses. Elle ne cède pas sur la qualité de ses équipements culturels (l’école de musique, le cinéma Gérard Philipe, la médiathèque Lucie Aubrac et notre théâtre). Elle ne cède pas sur sa volonté de soutenir la création avec des artistes et des compagnies en résidence, comme les Transformateurs et la Compagnie du détour.

La culture est un moteur pour Vénissieux, et je profite de cette présentation théâtrale pour remercier tous ceux qui œuvrent dans nos différents établissements, tous ceux qui mettent en place de formidables synergies entre notre Théâtre, notre école de musique, notre cinéma, notre médiathèque. Il n’aura échappé à personne que le monde de la création sort meurtri, affaibli, et très fragilisé par les politiques nationales menées depuis plus de dix ans.

La nouvelle majorité, et l’arrivée d’Aurélie Filipetti à la tête du ministère de la Culture, font face à de nombreuses attentes. Sur le fond, je crois que la France a besoin de renouer avec une vraie ambition en matière de production, de création et de diffusion de la culture, sur l’ensemble du territoire. Une France sans cette ambition-là, c’est une France qui ne se ressemble pas. Et j’associe à cet ensemble, l’enseignement des sciences humaines, dévalorisées par cet esprit malsain, et vulgaire, du tout rentable et du tout marchand.

Notre premier objectif est de remettre sur pied ce qui a été démoli, dans un contexte où les politiques culturelles, mais pas seulement, font les frais partout en Europe de coupes drastiques au nom de la crise. -22% en Grèce, -17% en Italie, -7% aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume Uni, le tableau est peu réjouissant.

La culture en France n’échappe pas à la règle : un budget national en dessous du 1%, un ministère de la culture au pain sec, dont l’objectif est de retirer 30 millions d’euros au secteur de la création en 2011, un redéploiement des crédits aux scènes conventionnées, qui fait craindre le pire aux acteurs de la culture. Précarité pour les intermittents, austérité pour les DRAC, casse des services publics de la culture, voilà ce que laisse derrière lui Nicolas Sarkozy.

Le monde de la culture attend donc des réponses à la hauteur du défi à relever. Les élus locaux que nous sommes aussi ! Les collectivités territoriales représentent le principal soutien de la création culturelle, alimentant jusqu’à 70% de certains budgets, notamment ceux des festivals.

A Vénissieux, outre les partenariats avec le TNP de Villeurbanne, l’Opéra de Lyon, les conventions dont celle de la Scène-Rhône-Alpes, nous consacrons 11% de nos dépenses de fonctionnement à la culture. J’entends déjà les porte-voix de la finance nous dire : quel gâchis ! Le maire que je suis leur répondra : quel honneur, au contraire, et quelle richesse !

Les désengagements de l’Etat se sont reportés sur les régions, départements, communes, auxquels on a demandé, sans aucune contrepartie financière, de soutenir les associations et la culture de proximité, dans un contexte d’équilibre budgétaire de plus en plus tendu.

Comme dans de nombreux domaines, les droits régaliens doivent être remis dans l’ordre, doivent être réaffirmés au cœur même des politiques culturelles nationales, en évitant deux pièges : celui de la culture officielle, et celui des déséquilibres et déserts territoriaux. Cette ambition nationale retrouvée, accompagnée sur le terrain par les collectivités, qui ont bien sûr un rôle à jouer, sera à même de revitaliser tout aussi bien le spectacle vivant, que le lien social dans nos quartiers.

Je crois sincèrement que le monde de la création est à un tournant, et qu’il a besoin de nous, il a besoin qu’on le soutienne, il a besoin de notre vigilance et de notre volonté commune. De profondes mutations (le numérique, les droits d’auteurs) amènent les pouvoirs publics, mais aussi nous les spectateurs, à nous interroger sur la diffusion et la production de la culture en France. Je vais prendre un exemple simple : le passage possible du livre à l’ère numérique doit être analysé et anticipé, notamment au niveau des bibliothèques publiques. Comment envisage-t-on à l’échelle nationale, la constitution, le développement, et la promotion de leurs collections numériques ? Ce sont des questions pratiques, des questions de culture, mais aussi et surtout des questions éminemment politiques !

On ne pourra pas éluder, dans un proche avenir, l’ensemble de ces questions, si l’on veut que la culture reste le ferment, reste le foyer du vivre ensemble et de l’émancipation de chacun.

Théâtre, danse, musique, humour, cirque, marionnettes, la diversité est là, toujours là, pour les plus petits et les plus grands, et je profite de cette occasion pour féliciter Françoise Pouzache, dont c’est la première programmation, ici, au théâtre de Vénissieux.

Je vous souhaite en tout cas une très belle saison 2012-2013, une saison de découvertes, d’émotions et de plaisirs partagés ensemble.

Je vous remercie.

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