Pique-nique annuel du jardin de l’Envol.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion du pique-nique annuel du jardin de l’Envol, le jeudi 28 juin 2012.

Jeudi 28 juin 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion du pique-nique annuel du jardin de l’Envol, le jeudi 28 juin 2012.

La solitude et le sentiment de solitude progressent dans notre pays. C’est ce qui ressort de l’enquête menée par la Fondation de France, publiée en début de semaine (4,8 millions de Français sont objectivement seuls). Personne ne sera étonné par l’étendue de cette lame de fond, par ce véritable fléau de l’exclusion.

Mais à y regarder de plus près, on constate que la solitude, souvent associée à la vieillesse, touche, en fait, de plus en plus de jeunes. La plus forte hausse concerne ainsi les 30-39 ans, dont 9% se disent victimes de solitude. Le travail précaire, les CCD de très courte durée, les stages, jouent un rôle de désintégrateur social. Il n’y a plus le temps, ni la place, pour créer du lien social, pour échanger, pour nouer des relations avec les collègues, au cœur même du monde du travail.

Nos sociétés fabriquent de l’exclusion à la chaîne : elles divisent, morcèlent, opposent, au point d’atomiser toute forme de cohésion sociale. Dans le monde du travail, dans l’espace public, et même dans l’espace familial, il nous faut restaurer ce lien, cette solidarité sans laquelle aucune société n’est digne.

C’est le rôle des services publics de proximité auxquels la ville tient tant. C’est le rôle des associations, c’est le rôle et la force de ce jardin d’insertion de l’Envol. Votre lutte contre l’exclusion mérite d’être saluée au plus haut point, et c’est ce que je tenais à vous dire avec sincérité, et avec un profond respect pour le travail accompli.

Mis en place en 2004, ce jardin d’insertion sociale est un outil précieux pour le public en situation d’exclusion, qui offre du temps et des réponses à des personnes qui ont besoin de se reconstruire, de se remettre en situation d’accès à l’emploi.

Vous qui le fréquentez régulièrement, vous y trouvez cet équilibre entre insertion sociale, éducation à l’environnement, aux pratiques éco-responsables, et valorisation du travail accompli. Vous y trouvez aussi, je le pense, une forme d’épanouissement et de récompenses.

Le travail de la terre, du jardinage, c’est un travail étalé dans le temps, soumis aux aléas des éléments, du climat, un condensé de tâches nobles et de tâches plus ingrates. Oui, mais au final, il y a la récolte, qui est le fruit de gestes et d’attention répétés au quotidien, et pendant des mois. C’est ce mouvement, ce cheminement dans le temps, qui permet une reconstruction plus solide, plus profonde, avant de se relancer dans la vie de tous les jours.

Je félicite donc tous les jardiniers ici présents, qui embellissent et entretiennent ce petit bout d’espace vert, et tous ceux qui font vivre ce jardin de l’Envol : l’association Le Passe-jardins, qui œuvre à nos côtés pour l’insertion par le jardinage, les étudiants de Bioforce, la Régie de Quartier Armstrong. Je le dis souvent : dans le cadre de la lutte contre l’exclusion, il n’y a pas de petites ou grandes actions, mais un ensemble de gestes, d’attentions, de proximité, d’apprentissages qui cassent la solitude, qui rompent le cycle des ruptures sociales.

Le combat contre l’exclusion est une des priorités de la Ville de Vénissieux. Nous y travaillons et nous agissons au plus près des habitants, au plus près des quartiers, comme c’est le cas dans la commission de lutte contre la grande pauvreté que nous avons créée. Cette volonté se traduit aussi par le budget annuel de 50 000€ que nous consacrons au fonctionnement du jardin, auquel participent également l’Etat et la Région. Tous ces dispositifs, je ne vais pas tous les citer, s’agrègent les uns aux autres, et font de Vénissieux une ville solidaire, dont chacun ici peut être fier.

La lutte contre l’exclusion, surtout à l’heure du capitalisme financier, est un travail de longue haleine. Il ne faut pas reculer, ni céder sur ce terrain-là, car c’est tout autant un enjeu de société que de civilisation, que nous portons ensemble. Avant le traditionnel pique-nique, je tenais à vous remercier très chaleureusement, pour tout ce que vous accomplissez ici, avec discrétion et modestie.

Merci à tous.

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