Pôle Emploi Vénissieux

Le 6 février 2012 – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’inauguration du Pôle emploi de Vénissieux, vendredi 3 février dernier.

Lundi 6 février 2012.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’inauguration du Pôle Emploi de Vénissieux, vendredi 3 février dernier.

Il suffit de suivre la courbe du chômage en 2011, pour imaginer les difficultés que le personnel de Pôle Emploi endure au quotidien. Ces douze derniers mois ont été terribles et catastrophiques. Le taux de chômage est au plus haut depuis 1999, avec une augmentation de 5,6% en un an. Si l’on cumule le nombre de chômeurs, ceux qui ont travaillé quelques jours en intérim, et les personnes exemptées de recherche d’emploi, la barre des 4 millions de personnes est largement dépassée. On ne va pas ergoter sur les chiffres, lorsque l’on sait qu’en décembre dernier, il y a eu 1000 chômeurs de plus par jour en France !

Chômage des jeunes, chômage de longue durée, et des plus de 50 ans, qui a explosé de 16% en un an, chômage des femmes qui progresse plus fortement, la crise est bel et bien là, et elle provoque des ravages, auxquels Pôle Emploi et les villes populaires sont confrontés. Comme vous, nos services sociaux font face à une précarité massive, contre laquelle on lutte, mais dont les proportions nous inquiètent tous ici. Vénissieux, tout comme la région Rhône-Alpes dans son ensemble, encaisse le contrecoup social de la crise financière, avec des chiffres à la hausse, très marqués notamment pour les chômeurs de plus de 50 ans. Toutes catégories confondues, on vient de franchir la barre des 6 000 chômeurs sur notre commune.

Les perspectives pour 2012 ne prêtent pas à l’optimisme, bien au contraire. J’ai envie de dire à chacun : ne baissons pas les bras. C’est notre rôle politique de défendre l’emploi et les savoir-faire, comme nous le faisons pour Veninov, de défendre l’industrie dans l’agglomération lyonnaise, de défendre la formation pour donner plus de compétences, et plus d’opportunités de parcours, aux jeunes et aux salariés. Depuis 2002, la France a perdu plus de 700 000 emplois industriels. Dans une ville comme Vénissieux, avec le patrimoine qui est le nôtre, avec ces entreprises, Berliet / Renault Trucks, Duranton Sicfond / Saint-Jean Industries, Maréchal / Veninov, et bien d’autres, qui ont toutes marqué l’histoire de notre commune, le combat pour l’emploi prend une toute autre résonance.

Ne baissons pas les bras donc, malgré la crise et malgré la fusion ANPE-ASSEDIC, que le gouvernement a menée dans la hâte et la précipitation. On a fusionné les lieux, le volet placement et le volet indemnisation, en un guichet unique, pour simplifier le parcours des chômeurs. La démarche en soi n’était pas incohérente, mais ce qui l’a été par contre, c’est de vouloir fusionner deux métiers en un seul. Manque de temps pour l’accompagnement personnalisé, manque de moyens, aussi bien humains que financiers : avec l’explosion du chômage dès mars 2009, les agents se sont retrouvés très vite sous pression et débordés. Dans des départements comme la Seine-Saint-Denis, ou le Val-de-Marne, un conseilleur suit en moyenne 200 chômeurs ! Dans certaines agences, on arrive à ce chiffre catastrophique d’un agent, pour 500 à 600 personnes par mois. Nous sommes bien loin de l’objectif annoncé par le gouvernement, d’un suivi de 60 demandeurs d’emploi par conseiller. Ce n’est pas Pôle Emploi qui est responsable de cette situation, c’est le fruit d’une réforme qui a été décrétée dans l’instant, au lieu d’être pensée dans le temps.

Je le dis avec d’autant plus de sincérité, que j’entendais l’autre jour à la radio, des témoignages d’agents très touchants et très professionnels. Chacun exprimait sa volonté de venir en aide aux chômeurs, de les accompagner dans leurs démarches. Chacun exprimait aussi une forme d’impuissance, de frustration face à cette crise, face aux usines qui ferment, ou aux plans sociaux qui taillent à la hache dans les effectifs.C’est avec l’ensemble de ces éléments que je voulais vous adresser mes remerciements. Votre implication locale auprès de l’ensemble de vos partenaires, dont la ville bien sûr, témoigne de l’engagement de toute l’équipe et de sa directrice, Dominique Bidault.

Je tiens à saluer le travail que vous avez accompli dans les actions de recrutement, auprès des nouvelles enseignes à Vénissieux, que ce soit au KFC, à Léon de Bruxelles, ou encore au Casino Drive. Mettre le pied dans le monde du travail pour un jeune, c’est franchir un cap essentiel dans l’apprentissage d’un métier, dans l’appartenance au lien social, dans la transmission des savoir-faire, dans l’image aussi que l’on a de soi. L’emploi pour les jeunes, l’emploi local, sont des batailles dans lesquelles la Ville s’est fortement engagée, pour favoriser l’implantation d’entreprises et de commerces sur son territoire. Le parc ERM, le site de Bourdarias , celui à venir du Couloud, et l’opération Vénissy, montrent notre ambition en la matière. Vénissieux compte 2330 entreprises et 29 000 emplois, soit un tissu économique diversifié, dense et bien implanté  !

Les forums de l’orientation et de l’alternance, que nous organisons ensemble, avec le concours de l’Education Nationale, de la CCI de Lyon, sont autant d’outils précieux pour les jeunes Vénissians, surtout en temps de crise. Se battre, ensemble, avec tous les acteurs publics, économiques, avec les PME et PMI, se battre collectivement, est bien le maître mot. L’agence que nous inaugurons aujourd’hui, au 27 avenue de la République, avec une superficie qui a doublé, passant de 500 à 1000m2, a permis de regrouper les agents de Pôle Emploi sur un seul et même site, avec un accueil repensé et des moyens supplémentaires mis à disposition des demandeurs d’emploi.

A l’aune d’une année 2012, qui s’annonce très difficile pour l’activité économique, et très douloureuse pour les classes populaires et une partie des classes moyennes, il va falloir faire preuve de toujours plus de solidarité, il va falloir mobiliser toutes les énergies, et plus encore, pour desserrer l’étau. En conclusion, j’aimerais aussi que les discours culpabilisants contre les chômeurs cessent, et que l’Etat s’engage, en termes de crédits et de moyens humains affectés à Pôle Emploi, dans cette bataille quotidienne de la lutte pour l’éducation, la formation, la recherche, de la lutte pour l’emploi.

Je vous remercie.

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