Plantation d’un arbre dans le cadre des journées de la laïcité.

… »La laïcité, c’est plus que le vivre ensemble, c’est le vivre ensemble en bonne intelligence ! « …

Samedi 7 décembre 2013.

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard, à l’occasion de la plantation d’un arbre dans le cadre des journées de la laïcité.

Avant toute chose, j’aimerais rendre hommage à un très grand homme politique, qui vient de nous quitter : Nelson Mandela. Sa disparition nous touche tous, bien au-delà des frontières sud-africaines. Le destin d’un homme a forgé le destin d’une nation, dans la résilience, dans l’engagement, dans la sérénité, avec la certitude que le temps et la patience finiraient par briser un régime ignoble, un régime raciste : l’apartheid. Il y a dans ce combat pacifique, et cette victoire contre les forces réactionnaires et xénophobes, beaucoup de leçons à tirer et d’espoir à garder en nous. La paix contre la haine, contre toute forme de ressentiment, l’émancipation contre l’obscurantisme et le rejet, le combat de Nelson Mandela n’est pas si éloigné, dans l’esprit, à cette journée de la laïcité qui nous réunit aujourd’hui.

Je tiens donc à saluer sa mémoire et à saluer, c’est l’objet de notre rencontre, l’initiative des délégués départementaux de l’Éducation Nationale de Vénissieux, et de leur président, Daniel Roy.

Cette double journée, aujourd’hui et le lundi 9 décembre, est utile et d’actualité, pédagogique et symbolique, elle est l’occasion de défendre un pilier du pacte républicain et de notre école publique et gratuite : la laïcité. Sans lui être liée, elle poursuit la démarche du Ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, qui a présenté à la rentrée 2013 la Charte de la Laïcité, affichée dans les écoles, collèges et lycées partout en France.

Et je dirais aussi que cette initiative accompagne et renforce les maires, enseignants et citoyens, qui non seulement défendent la laïcité mais la font vivre sur le terrain, au quotidien, dans nos groupes scolaires et dans l’ensemble des équipements publics de nos villes. Notre Médiathèque et notre Cinéma Gérard Philipe, qui participent à la manifestation, en sont de beaux exemples.

La laïcité, c’est plus que le vivre ensemble, c’est le vivre ensemble en bonne intelligence ! Elle est inhérente à l’esprit républicain, une et indivisible, démocratique et sociale, tolérante et éclairée. A l’heure où les replis identitaires et les populismes jouent sur les peurs et font preuve de démagogie, il est d’actualité de rappeler ce qu’est la laïcité.

C’est la base du respect mutuel entre croyances et convictions, entre croyants et non croyants, entre les confessions elles-mêmes, entre l’espace public d’une part et l’espace privé d’autre part. La laïcité ne stigmatise pas les religions, au contraire, elle les respecte toutes, dans un cadre bien défini : il existe des lieux de cultes et l’espace privé pour l’expression de ses croyances, et il y a l’espace public, qui instaure une forme de neutralité, et refuse tout prosélytisme, car c’est le lieu de l’expression démocratique, citoyenne et collective, le lieu de l’égalité de tous face à la loi, sans distinction aucune, et quelle que soit sa confession. Il n’y a pas de confusion à entretenir entre ces deux espaces, car si vous affaiblissez la laïcité, alors vous renforcerez l’intolérance !

Affaiblissez la laïcité, alors vous creuserez les injustices et les inégalités ! Affaiblissez la laïcité, alors vous briserez le vivre ensemble, et toute idée de former une société commune ! Voilà ce qu’est, entre autres, la laïcité, un garde-fou, un bouclier contre le rejet, la haine, la xénophobie, les divisions et l’obscurantisme. Je crois aussi nécessaire de rappeler que la laïcité représente une quête, qu’elle possède une histoire propre qu’il nous faut continuer d’écrire, et de garantir aux jeunes générations. On pense bien sûr au siècle des Lumières, à Voltaire et à 1789, qui pose les premiers jalons de la laïcité, en obtenant la suppression les privilèges ecclésiastiques. Le chemin sera long encore, et les soubresauts de l’histoire nombreux, jusqu’à la loi de 1905 et la séparation de l’église et de l’État.

Mais à cet esprit de la laïcité, presque aussi important que le texte de loi en tant que tel, il convient d’associer, je le crois, tous ceux qui ont contribué, tout au long du 20ème siècle, à rendre l’école plus démocratique, plus ouverte, plus juste. Jules Ferry et la gratuité de l’enseignement primaire, l’obligation d’instruction et non de scolarisation ; Jean Zay, et ce pari relevé d’une éducation intellectuelle et morale, au service de l’intelligence et du civisme de tous les citoyens, sans privilège de classes sociales, ni de classes dominantes.

Oui, la laïcité, ce sont des racines qui se multiplient et des branches qui se déploient, vers plus d’intelligence, plus de tolérance, plus d’émancipation de l’individu, et il y a dans la symbolique et l’image de l’arbre, que nous avons planté ensemble, une forte correspondance avec l’essence même de la laïcité. La ville de Vénissieux fait preuve d’une double attention à ce sujet. Dans le cadre de son projet éducatif local, en veillant à la qualité de ses groupes scolaires, et donc aux conditions de travail des enseignants et d’apprentissage des enfants, mais aussi dans l’espace de la vie quotidienne.

La laïcité, elle est en nous, elle est partout, car son principe de respect de la différence, sans aucun prosélytisme, s’applique aussi bien dans une cour d’école que sur un terrain de sport, dans les crèches que dans les établissements culturels. C’est l’accès à la culture, l’accès au sport, et je pense, par exemple, à l’appel à projets La preuve Form’elle, que nous renouvelons tous les ans pour favoriser la pratique du sport au féminin, les questions de la citoyenneté et de la mémoire partagée, la création du conseil municipal enfants.La laïcité n’est ni ancienne ni moderne, c’est un idéal et une envie, celle de vivre ensemble, et de construire ensemble une société toujours plus tolérante, toujours plus intelligente.

Je vous remercie.

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