Personnes âgées et retraités

Le 14 décembre – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion des repas offerts aux personnes âgées et retraités de la ville de Vénissieux, les samedis 3 et 10 décembre, les dimanches 4 et 11 décembre

Le 14 décembre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion des repas offerts aux personnes âgées et retraités de la ville de Vénissieux, les samedis 3 et 10 décembre, les dimanches 4 et 11 décembre

Être ensemble, se retrouver ensemble tous les ans, à l’occasion de ce repas traditionnel de fin d’année. C’est un moment simple, une joie simple, qui exprime l’attention et l’affection d’une ville à ses aînés. C’est un moment de convivialité  que nous répétons inlassablement, année après année, car il porte en lui des valeurs qui nous sont chères : la solidarité, la fraternité, s’accorder des moments d’écoute, de partage.

Dans un monde atomisé comme le nôtre, où le lien social est distendu, à un point tel, que l’égoïsme prime sur l’intérêt général, ces points de rencontre vénissians font du bien, beaucoup de bien. C’est l’occasion aussi de faire le point, de voir comment la société évolue, et surtout, quelle est la place qu’elle réserve à ses aînés.

Sur bien des sujets, elle n’est pas à la hauteur des demandes et des besoins des personnes âgées. J’insiste souvent sur la dimension humaine, sur nos propres comportements, trop individualistes, trop égoïstes, voire pour certains cyniques. Ce sont bien souvent nos anciens qui payent l’addition de ces gestes indifférents, d’incivilités, ou encore d’inattention.

On ne se parle plus, ou si peu, on ne s’entraide plus, ou si peu, et on laisse ainsi son voisin, ou sa voisine âgée, se débrouiller, dans la solitude. Se débrouiller avec des sacs de courses, trop lourds à porter, se débrouiller pour traverser la chaussée, se débrouiller pour emprunter les transports en commun, se débrouiller pour se soigner.

Comment accepter une telle société, qui livre ses enfants au déterminisme social, et ses aînés à l’indifférence généralisée. Il n’y a pas de bouc émissaire à chercher, les responsables, c’est nous, dans nos comportements de tous les jours, dans notre incapacité à accorder un peu de temps, un peu de chaleur humaine à nos anciens. La crise sanitaire de la canicule de 2003 nous a montrés jusqu’où l’esprit individualiste pouvait nous mener, et jusqu’où, aussi, l’incurie des politiques gouvernementales et libérales pouvait déboucher.

Il y a urgence à recréer du lien social, à faire corps avec toutes les générations, des plus petits aux plus âgés, à refaire société, avec comme locomotive collective : le vivre-ensemble, l’intérêt général, la solidarité. Car le capitalisme financier, qui détruit tout sur son passage, tue les politiques publiques, et appauvrit les peuples. Il se nourrit sur les exclusions, sur la précarité, sur les plus fragilisés. Les personnes âgées ne sont pas les seules victimes de ce modèle économique désastreux, mais, signe très inquiétant, elles sont, chaque année, de plus en plus nombreuses à solliciter les associations caritatives, ou les services sociaux de la mairie.

Pourquoi ? Parce ce qu’elles ne peuvent plus faire face à l’augmentation des loyers, à l’inflation sur les produits de première nécessité, aux nombreux déremboursements de médicaments. Les chiffres sont là pour en attester. Alors que, de l’après guerre jusqu’au milieu des années 90, la pauvreté était en recul, depuis 10 ans, d’année en année, elle gagne à nouveau du terrain. Cette inversion du curseur montre bien que nous sommes à un moment charnière, et qu’il faut vite, très vite, changer de politique. 8,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont environ un million de personnes âgées. Rendez-vous compte : certaines d’entre elles vivent avec 628 euros de pension minimum vieillesse.

Non seulement on peine à vivre, mais en plus on vit dans des conditions de plus en plus sommaires. 55% des ménages touchés par la précarité énergétique ont plus de 60 ans. Précarité sociale, précarité sanitaire, précarité énergétique. Nous avons là trois fléaux qui guettent les plus de 65 ans, et qui risquent d’exploser très vite au cœur de nos sociétés. C’est le fruit des politiques nationales menées depuis plus de dix ans.

La dernière réforme des retraites du tandem Sarkozy-Fillon va jeter de l’huile sur le feu, car elle est synonyme de pensions de retraite incomplète, et d’une perte de pouvoir d’achat très marquée, dans les 10 ans à venir. La hausse des tarifs des mutuelles annoncée il y a deux mois par le gouvernement, le forfait hospitalier et les déremboursements de nombreux médicaments, remettent en cause le principe universel de la santé pour tous.

Je pose une question simple : comment les personnes âgées vont-elles faire pour se soigner ? Aujourd’hui, elles consacrent en moyenne 90€ par mois, soit 5,8% de leurs revenus. En 2020, les dépenses santé pour les retraités devraient représenter des 10% de leurs pensions. Le phénomène qui s’annonce est clair : alors que beaucoup de Français n’accèdent déjà plus aux soins, ou les reportent, les prochains touchés sont les seniors.

Je suis très inquiète sur ce point, car une santé à trois-quatre-cinq vitesses est en train de voir le jour, et c’est inadmissible. De même, face à la dépendance, la réponse doit être collective ou ne sera pas. On estime que le nombre de personnes âgées dépendantes devrait augmenter de 1% par an, jusqu’en 2040. Face au coût que va représenter la perte d’autonomie, il n’y a qu’une solution juste : c’est le principe de solidarité nationale qui doit s’appliquer, à travers, pourquoi pas, la création d’une 5ème branche de la Sécurité Sociale.

Or, avant de reporter le texte de loi, le gouvernement et Roselyne Bachelot avaient esquissé une privatisation des coûts, par le recours individuel aux assurances. A nouveau, cela veut dire que les familles modestes, faute de moyens financiers, devront prendre à charge la perte d’autonomie de l’un des leurs, avec toutes les difficultés matérielles, de garde, mais aussi psychologiques, que cela implique. Je refuse cette dérive, qui me révolte au plus haut point. Pour les politiques libérales, la vieillesse est un coût, voire un marché fructueux, livré à l’appétit du privé. Voilà l’état d’esprit général.

Pour moi, pour Vénissieux, la vieillesse n’est pas un coût, c’est un investissement, c’est une richesse. Oui, c’est une richesse pour nos sociétés, de savoir d’où l’on vient, de bénéficier de l’expérience, de l’histoire et du vécu de nos aînés. C’est une richesse d’autant plus salutaire et indispensable dans une société comme la nôtre, où les pertes de repères, de valeurs, de sens créent de la confusion, des solitudes, et de la résignation.

Au contraire, ce qui forge notre politique municipale, c’est avant tout le respect de la dignité de la personne. Les services d’aides à domicile, de portages de repas, que nous avons mis en place et développés, renforcent l’indépendance et l’autonomie des personnes âgées, qui peuvent vivre dans l’environnement qui leur est cher. Les services sociaux et d’animation avec l’OMR, la semaine bleue et les fêtes de fin d’année, brisent l’isolement, l’anonymat et la solitude de nos aînés.

Enfin bien sûr, il y a les structures municipales sur lesquelles cette politique s’appuie : les résidences Ludovic Bonin, Henri Raynaud, les foyers Soleil. Auxquelles il convient d’ajouter, des établissements spécialisés et privés, comme la MAPAD ou encore, l’EHPAD, qui va prochainement ouvrir sur le territoire de Vénissieux.

Animation, structures, mais j’ai aussi envie d’ajouter à cette liste notre bien à tous, notre patrimoine commun, comme le cinéma Gérard Philipe, la Médiathèque, et tous les équipements publics de pointe de notre ville. Car le troisième âge n’est pas le temps de l’inaction, c’est aussi celui des découvertes et des curiosités. Nous avons tissé des liens solides et solidaires avec les personnes âgées de notre commune, auxquelles on doit respect et attention.

Dans un contexte d’attaques systématiques de l’Etat contre les collectivités locales, nous sommes fiers de poursuivre une politique humaine, sociale et digne, à l’égard de tous les Vénissians, parmi lesquels les plus âgés d’entre nous. Bien sûr que cette politique a un coût, mais agir en politique, c’est aussi faire le choix de priorités : bien vivre sa retraite, dans sa ville, auprès de ses proches et amis, avec des services publics de proximité à l’écoute, c’est une priorité, c’est une question de dignité.

En cette veille de fêtes, alors que l’année 2011 a écorné encore un peu plus le pouvoir d’achat des Français, c’est dans notre capacité à nous rassembler, à nous unir, que nous parviendrons à combattre des inégalités, toujours plus criantes, toujours plus révoltantes. Retrouver le sens des priorités et des humanités, c’est ce que l’on peut souhaiter à chacun d’entre nous.

Je vous remercie.

Remerciements à  la Régie de restauration scolaire et sociale, aux élèves du lycée Hélène Boucher, aux bénévoles de l’OMR, aux services Ville – DSAS qui contribuent à ces journées.

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