Ouverture de la Semaine bleue 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’ouverture de la Semaine bleue 2012, le lundi 15 octobre 2012.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’ouverture de la Semaine bleue 2012, le lundi 15 octobre 2012.

J’ai l’habitude de dire que notre jeunesse est une chance pour notre ville. Nos ainés, représentent également, pour moi, un atout pour les générations suivantes. Ils sont en quelque sorte les gardiens de la mémoire partagée, tout en contribuant à la vie de la cité. C’est, en tout cas, tels que nous les percevons ici à Vénissieux.

La semaine bleue est un focus mis sur nos anciens. Outre, l’aspect festif d’un moment de partage intergénérationnel, qui fait du bien à tout le monde, cette initiative se veut aussi une attention particulière portée sur ce que vivent nos anciens, leurs attentes, et la politique municipale en leur faveur.

Le regard que porte notre société sur nos anciens n’est pas toujours tendre, comme l’atteste le dernier rapport de la Cour des comptes. Ils sont même une nouvelle cible du gouvernement, qui cherche à les taxer financièrement, alors qu’ils ont déjà largement pâti, ces dernières années, des mesures sarkoziennes.

Le 3ème âge est particulièrement affecté par la crise que nous traversons. En dix ans, les retraités ont perdu 10 à 20% de leur pouvoir d’achat.

1 million de retraités vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 964€ par mois. Deux centres communaux d’action sociale sur trois, font état de la dégradation de la situation socio-économique des retraités, surtout celles des personnes isolées. De plus en plus de personnes âgées font appel aux CCAS, pour payer leurs factures d’énergie et leur alimentation. Et les associations caritatives tirent chaque année la sonnette d’alarme.

Nos ainés subissent déjà depuis de nombreuses années une politique d’austérité, profondément injuste et injustifiable. Que ce soit en matière de logement et de précarité énergétique : 55% des ménages touchés ont plus de 60 ans. Que ce soit en matière de santé, avec la hausse des mutuelles, ou encore avec la réforme des retraites et le report de l’âge légal à 67 ans pour toucher une pension complète, sans décote. Dans cette société qui pousse au repli sur soi, à l’individualisme, nous avons plus que jamais besoin de solidarités. Une solidarité nationale transmise et affirmée dans le programme du CNR, avec la sécurité sociale, le système de retraite par répartition. Une solidarité individuelle, citoyenne de chacun d’entre nous envers nos aînés. Dans une société où tout nous pousse à aller trop vite, on en oublie parfois l’essentiel.

Aujourd’hui, la solidarité nationale doit pleinement s’assumer, et s’exercer pour répondre aux grands défis qui nous font face, comme la dépendance, le maintien à domicile, une vie digne pour nos anciens. Le nouveau prélèvement de 0,15% que 70% des retraités vont payer, dans le cadre du budget de la sécurité sociale pour 2013, et qui sera porté à 0,3% en 2014, n’est pas la bonne solution pour financer la dépendance. Pourquoi ? Parce que sur le fond, on écorne gravement le principe de solidarité intergénérationnelle, qui doit rester intangible. Si on le remet en cause, alors on mettra à terre, aussi bien le système par répartition que la prise en charge de nos aînés par la collectivité nationale. Ce serait une catastrophe et un reniement du pacte républicain sans précédent, lui qui assure la solidarité entre les citoyens, mais aussi la solidarité entre les générations.

Le gouvernement précédent a enterré assez piteusement le projet de loi et le financement de la dépendance. Je le dis comme je le pense : la création d’une 5ème branche de la sécurité sociale est la seule voie possible, pour assurer une égalité de moyens et d’accès pour toutes les familles. Un hébergement en établissement pour personne âgée dépendante coûte, en moyenne, entre 1000 et 3000€ par mois !

Si on privatise le financement de la dépendance par le biais des assurances, alors de très très nombreuses familles resteront sur le bord de la route, démunies et incapables de faire face à la fois à la vie active, à l’éducation des enfants, aux soins et à l’attention que nécessitent les personnes âgées. Il faut se mobiliser pour défendre ce socle de la solidarité nationale, qui, malheureusement, s’effrite, l’Etat n’assurant plus ses missions régaliennes. Pire, il continue à livrer aux privés des pans entiers de la Sécurité sociale. La démutualisation, le renoncement aux soins qui touche déjà une personne sur trois, vont aller croissant pour les plus fragiles, et en particulier les retraités. Si le désengagement de l’Etat se poursuit, les retraités qui consacrent déjà 5,8% de leur revenus aux dépenses de santé, y consacreront 8,9%, dans le meilleur des cas, en 2020, voire 10,11% si les réformes se poursuivent. Ce n’est pas acceptable.

Aujourd’hui, les services publics et les collectivités locales qui offrent une proximité d’actions, sont menacés, sommées de réduire leurs dépenses, alors que le gouvernement précédent avait déjà bien contraint les budgets et diminuer leurs dotations. J’attire votre attention sur ce point, car c’est pour nous et pour vous une source de craintes. Dans les dotations de l’Etat aux collectivités, certaines sont destinées aux aides sociales et à l’autonomie.

Comment vont faire les départements et les communes pour assurer la continuité des services de proximité aux personnes âgées, alors que dans le même temps, on leur sabre une partie de leurs ressources ? Cette crainte, elle n’est pas virtuelle, elle a été annoncée par le ministre du budget Jérôme Cahuzac : gel des dotations de l’Etat vers les collectivités pour la troisième année consécutive, avant une baisse de 2,25 milliards d’euros pour la période 2013-2015. Faire toujours plus avec moins de moyens, ça n’est plus jouable, tout le monde le sait, et ce sont nos habitants qui risquent d’en faire les frais, ce qui n’est pas acceptable en ces temps de crise.

Le traumatisme de la canicule de 2003 a agi comme un révélateur des consciences, non seulement pour les politiques, mais aussi sur le plan individuel. Nous avons tous une responsabilité envers nos anciens, notre famille, nos voisins qui peuvent se retrouver seuls, coupés du monde extérieur, cloîtrés dans leur isolement. Il faut se soucier de leur bien être, prendre le temps d’écouter, d’échanger, prendre le temps de partager des moments. D’autant que, prendre soin de nos aînés, c’est déjà prendre soin de nous, de notre rapport à la société, à la vie tout simplement.

La ville est très attachée à garder ce lien indispensable avec nos personnes âgées (portage des repas, aides à domicile, activités de l’Office municipal des retraités, la semaine bleue, la fête de fin d’année des anciens…). Dans le cadre du plan canicule, la cellule de veille communale renforce cette solidarité, et cette année ce sont près de 500 personnes qui ont été contactées chaque jour, du 17 au 24 août.

Au sein de nos structures comme les résidences Henri Raynaud et Ludovic Bonin, les foyers Soleil, les foyers du temps libre, nous portons tout le respect et l’attention due à nos anciens. Nous créons des passerelles entre les écoles et nos résidences, facilitant la création de liens entre les enfants et les personnes âgées, car nous considérons que le lien intergénérationnel est aussi bénéfique à l’enfant qu’à la personne âgée, ce sentiment d’appartenance à une communauté de vie, qui nait dans la relation des uns avec les autres.

Aujourd’hui, nos séniors qui arrivent à l’âge de la retraite sont souvent très actifs. Ils ont besoin d’activités sportives, culturelles. Nous nous sommes donc adaptés pour leur proposer, notamment avec l’OMR, des activités qui correspondent à leurs attentes. Les nombreux équipements culturels avec des tarifs adaptés, permettent aussi à chacun d’accéder à la culture, à des activités sportives, en lien avec les associations de la ville.

A Vénissieux, comme sur l’ensemble du territoire national, nous constatons un vieillissement de notre population. Le nombre de personnes de 75 ans et plus étant passés de 1999 à 2007, de 4 à 7% de la population vénissiane. Un nouvel établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes va voir le jour sur Vénissieux, rue Professeur Calmette. Avec la Solidage, ce sera un deuxième équipement de ce type pour les Vénissians.

Nous poursuivons à Vénissieux une politique humaine, sociale, axée autour du droit à une vie digne pour nos aînés.

La vieillesse n’est pas un coût pour la société, c’est un investissement, une richesse pour le lien intergénérationnel qui se noue, une transmission des savoirs et des valeurs entre les générations.

Si nous voulons bâtir une nouvelle société plus juste, plus fraternelle, alors elle ne doit laisser personne sur le bas-côté de la route. Chaque génération doit y trouver sa place, et c’est à travers la solidarité nationale que nous resterons unis, et c’est à travers elle que nous sortirons plus forts des épreuves actuelles.

Je vous remercie.

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