Oskar Schindler, un Juste parmi les Nations

9 octobre 2014

Dans son livre « L’enfant de Schindler » paru en 2014, Léon Leyson raconte « La survie n’était plus qu’une question de chance. » Pour cet enfant, le plus jeune des garçons sauvés, la chance avait un nom, Oskar Schindler.

Dans son  livre « L’enfant de Schindler » paru en 2014, Léon Leyson raconte  « La survie n’était plus qu’une question de chance. » Pour cet enfant, le plus jeune des garçons sauvés,  la chance avait un nom, Oskar Schindler.

Mort  en 1974 dans l’anonymat, il y a 40 ans, Oskar Schindler a été honoré à titre posthume du titre de Juste parmi les Nations, la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils. Aujourd’hui et comme il l’avait souhaité, il repose à Jérusalem.  Sur sa tombe, l’inscription rappelle  son acte héroïque, « Au sauveteur inoubliable de la vie de 1200 juifs persécutés »

Pourtant ce personnage ambivalent et complexe  n’a pas eu une vie exemplaire…

Nazi par opportunisme, cet industriel allemand compte profiter de la confusion de la guerre pour s’enrichir rapidement. En Pologne, à Cracovie, il trouve une main d’œuvre bon marché dans une ville occupée, siège de l’administration allemande,  où les  Juifs  représentent un quart de la population et sont regroupés dans des ghettos.  Oskar Schindler fait face à l’horreur et à la brutalité, aux réalités du régime nazi, l’expropriation,  la concentration, la déportation et l’extermination.  Son humanisme prend le pas sur l’appât du gain, conscient de la nécessité de protéger des ouvriers dont le sort inéluctable doit les conduire vers  la mort. Rivalisant d’audace et aidé d’Itzhak Stern, son fidèle comptable, il consacrera toute la fortune amassée au sauvetage de tous ses ouvriers Juifs.

Plusieurs fois arrêté par la Gestapo, il doit son salut à la position privilégiée de son usine considérée comme étant indispensable à l’effort de guerre et aux soutiens d’amis notables. Il contrecarre les projets du célèbre « boucher d’Hitler », Amon Goeth, commandant SS du camp de travaux forcés de Plaszow, situé à dix kilomètres de Cracovie.  Il repousse intelligemment la proposition faite aux industriels allemands employant du personnel juif d’installer leurs usines dans l’enceinte même du camp.

Dès la liquidation du ghetto de Cracovie, il va tout mettre en œuvre pour sauver le plus possible de Juifs. Réussissant à convaincre les autorités allemandes, il déménage son usine en Tchécoslovaquie. Dans la « Liste de Schindler », tapée dans l’urgence le 18 avril 1945, dans les derniers jours de la Seconde guerre mondiale, il regroupera les noms des 1200 travailleurs qui accompagneront le transfert. La guerre arrivant à son terme et avant de se quitter, les rescapés lui fabriqueront une bague sur laquelle on peut lire cette inscription :

« Celui qui sauve une vie sauve l’humanité tout entière »

Au nom de l’irrationnel et de la folie nazie, plus de cinq millions de Juifs ont péri pendant cette période. Synonyme de vie pour des centaines de Juifs pris dans les filets nazis, l’action exemplaire d’Oskar Schindler est un sursaut d’humanité au cœur de l’atrocité. Une goutte d’eau dans un océan de détresse, de haine et de barbarie, certes, mais une goutte d’eau en forme de lueur d’espoir sur la nature humaine.

Pensons surtout à tous ceux qui ont entretenu le feu de l’espoir, le feu de l’insoumission, le feu de la liberté. Ces femmes et ces hommes qui se sont érigés contre, qui ont résisté à l’innommable.

2014 est une année charnière, une année de la mémoire partagée, d’une mémoire active, intégrée à notre présent, qui doit nous permettre d’interroger notre rapport au monde actuel, et nous inciter à défendre les valeurs progressistes face au populisme et à la montée de l’extrême droite, partout en Europe. Réactiver toutes les mémoires, sans déni, sans amnésie : cette place centrale de l’histoire, transmise aux jeunes générations, est devenue cruciale, dans un monde en manque de repères et de lisibilité, dans un monde tenté par les replis identitaires, la pire des solutions.

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