Les collectivités locales au point de rupture

Depuis plusieurs années, les collectivités locales sont confrontées à la baisse des dotations de l’État. 1,5 milliards d’euros en 2014, idem pour 2015. Rajoutons à cela les 11 milliards d’euros d’économies qui vont devoir être réalisées entre 2015 et 2017. A ce rythme-là, les collectivités locales contribuent bien plus que les autres administrations françaises, à « l’effort national ».

Il est clair que le bloc communal ne pourra soutenir la baisse des dotations et maintenir l’investissement qui devrait subir une chute 25 % entre 2014 et 2017. Autrement dit, pendant ce laps de temps, un  quart de l’investissement va passer à la trappe. C’est alarmant !

Pour tenter d’inverser cette tendance néfaste pour notre économie, l’Association des maires de France a rencontré le Premier ministre le 28 mai dernier. Mais sa réponse est sans appel. L’État se désengage totalement de ses responsabilités et va faire peser sur les collectivités locales, l’essentiel de l’effort exigé par Bruxelles. Ce sont donc 53 milliards d’euros qu’il compte récupérer d’ici 2019, et ce, au nom de la règle d’or !

Pour ne pas passer dans le rouge, de nombreuses collectivités réfléchissent aux moyens à mettre en œuvre pour concilier dépenses et investissements, une équation difficile à résoudre.  Les choix extrêmement limités sont les suivants : maîtriser la masse salariale, refondre les politiques publiques locales ou augmenter la fiscalité. En tout état de cause, nombreuses sont les collectivités à avoir opté, non sans amertume, à l’arrêt de certains équipements. Dans certaines communes, piscines, crèches, antennes de mairie ferment. En matière culturelle, une centaine de festivals ont été annulés à travers la France. On réduit l’éclairage public. On limite les ouvertures des mairies. Même la restauration scolaire est en ligne de mire. Beaucoup envisagent de réduire sérieusement leur masse salariale.

Ce sont, en premier lieu, les populations qui seront impactées par ces mesures austères. L’échelon local, le plus pertinent pour assurer le lien de proximité, va souffrir de cette politique qui s’accompagne de son cortège d’inégalité. Est-ce ainsi que l’on imagine une sortie de crise, en cassant la croissance et les investissements, et en favorisant de fait, l’inégalité de développement entre les territoires ?

Les maires sont constamment en première ligne, sous pression. Doit-on attendre des drames comme celui qui s’est produit à Marvejols, en Lozère pour prendre conscience des difficultés croissantes dues à l’exercice de leur mandat ?

Nombreux sont les économistes qui enjoignent l’État de ne pas s’enferrer dans une rigueur irréaliste et désastreuse pour la vie de millions de Françaises et de Français. Elles touchent, en premier lieu, le dynamisme économique. Inefficaces et injustes, elles impactent l’ensemble des travailleurs et des secteurs de la société.

Quand la misère grandit, que les inégalités explosent, que soixante-sept personnes possèdent autant que 3,5 milliards d’êtres humains, un tel système est, forcément, à bout de souffle.

L’austérité n’est pas un horizon indépassable, et tout le monde sait que l’on peut trouver des financements autrement, là où l’argent dort par exemple : les dividendes, les transactions financières et bancaires, les bulles spéculatives, les revenus du CAC 40…

Je crois donc nécessaire et urgent de redonner aux communes, les moyens de leurs politiques de proximité, pour raffermir le pacte républicain, le vivre ensemble et la continuité territoriale. C’est tout l’enjeu, crucial et déterminant, de ces prochaines années.

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