Le 21 octobre 1945, premier vote des femmes dans un scrutin national 

…Le 21 octobre 1945, il s’agira cette fois du premier scrutin national. Ce jour-là, 33 femmes sont élues membres de l’Assemblée nationale constituante …

Le 29 avril 1945, pour la première fois, tous les Français, y compris les femmes, sont appelés aux urnes à l’occasion des élections municipales. Il était temps ! Le 21 octobre 1945,  il s’agira cette fois du premier scrutin national.  Ce jour-là, 33 femmes sont élues membres de l’Assemblée nationale constituante (17 communistes, 6 socialistes, 9 MRP, 1 PRL).

Depuis près d’un siècle, les femmes sont exclues du suffrage universel. La France est l’un des derniers pays européens à remédier à cette anomalie démocratique.

Quelques mois plus tôt, Fernand Grenier, ministre communiste de l’assemblée consultative provisoire siégeant à Alger,  dépose un amendement en faveur du droit de vote des femmes et de leur éligibilité. « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Cet amendement va changer à jamais le statut de la femme française.

« C’est ainsi que je fus amené à poser la question du vote des femmes pour la première fois quand le Général de Gaulle me proposa de faire partie d’une commission de réforme de l’État. Je pensais qu’il serait injuste de continuer à considérer les femmes comme incapables de se servir du bulletin de vote ».

Pendant l’occupation, elles ont été nombreuses à rejoindre les rangs de la Résistance et à participer à l’effort de guerre. Ce même effort, elles l’avaient déjà fourni lors de la première guerre mondiale. Mais à l’époque, elles s’étaient heurté à une fin de non-recevoir. Le Sénat avait alors évoqué les plus classiques arguments misogynes.

Aujourd’hui, malgré les avancées pour remédier aux inégalités homme-femme en termes de droits et de représentation dans la société civile, au Parlement, là où sont votées les lois, elles ne représentent qu’1/4 des élus dont 27 % à l’Assemblée nationale,  16 % des maires et  6 communes seulement sur 41 de plus de 100 000 habitants sont dirigées par une femme. Elles représentent 48 % des conseillers régionaux, 40 % des conseillers municipaux et 43 % des députés européens.

Certains schémas culturels et patriarcaux résistent.  Le combat contre les comportements, contre les idées reçues n’est pas derrière nous. Les droits des femmes se défendent au quotidien encore aujourd’hui. Un combat du progrès social, celui de la dignité de l’individu et de la société confondus.

C’est notre vigilance, notre combativité, notre capacité à dénoncer des inégalités injustifiables et à interpeller les pouvoirs publics, qui feront changer, et c’est le plus difficile, les mentalités, qui feront reculer les idées réactionnaires et rétrogrades.

Dans l’espace public, dans l’espace privé, dans le monde du travail comme dans l’imaginaire collectif, le droit des femmes est un marqueur. Marqueur de l’émancipation d’une société ou marqueur au contraire de la régression d’une société. Aucun droit ne nous a été donné, il a fallu les conquérir un à un, et il n’y aurait pas pire erreur de les croire figés dans le marbre, définitivement acquis.

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