Jeudi 21 mars 2013.
Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la journée vénissiane de l’industrie et de l’emploi, le jeudi 21 mars.
Ce qui se joue en ce moment en France est capital. Notre pays ne doit pas lâcher son industrie, ce serait une erreur dramatique pour les jeunes générations, une erreur dramatique pour notre patrimoine et nos savoir-faire. C’est dans notre capacité à produire, à innover, à stimuler et relancer la recherche que la France bâtira son avenir, et parviendra à sortir non pas de la crise, mais des crises : chômage injustifiable des jeunes et des plus de 55 ans, précarité généralisée, perte de la transmission et du lien trans-générationnels, plans sociaux dévastateurs, délocalisations inadmissibles de productions viables et compétitives.
Vénissieux est bien placée pour le savoir : des fleurons industriels sont fragilisés ou mis à mal (Veninov, Bosch, Renault Trucks) par un modèle économique qui marche sur la tête, et dévaste tout sur son passage. Pour nous, cet enjeu est capital. Notre ville compte 2 330 entreprises pour environ 29 000 emplois. 30,3 % des emplois privés à Vénissieux relèvent du secteur industriel.
Cette journée vénissiane de l’industrie et de l’emploi de l’Est Lyonnais, dans le cadre de la 3ème édition nationale de la semaine de l’industrie, montre notre volonté et notre ambition en la matière. Nos combats au quotidien et auprès des salariés également.
Depuis des années, la ville de Vénissieux organise cette manifestation, en étroite collaboration avec des partenaires fidèles et conscients de l’enjeu : je tiens à remercier la CCI de Lyon, le Contrat Territorial Emploi Formation de l’est lyonnais, Pôle Emploi, le réseau des Missions locales et l’UIMM (Métallurgie rhodanienne). Nous agissons ensemble pour favoriser des rencontres avec des professionnels, pour faire découvrir des métiers des industries technologiques, et mettre en place des relations et connexions entre l’école et l’entreprise. Sur ce terrain-là, nous avons besoin de tous les acteurs et de toutes les instances, publics et privés, du monde de l’éducation comme du monde de l’entreprise, pour sortir d’un contexte très difficile.
Depuis 2002, la France a en effet perdu plus de 700 000 emplois industriels. Et la crise continue de frapper les territoires, les savoir-faire, et les hommes et les femmes qui produisent, qui créent dans les différentes branches du secteur industriel. En 2012, il y a eu 208 fermetures de sites (soit 50% de plus qu’en 2011) contre seulement 130 créations. Les jeunes, les plus de 55 ans, et les statuts les plus précaires, ont été frappés durement : Et si l’on remonte au début de la crise, 1132 fermetures de sites industriels, employant plus de 10 salariés, ont été recensées en France depuis le 1er janvier 2009. Soit, au total, une perte de 100 000 postes en 3 ans.
Est-ce une raison pour baisser les bras ? Certainement pas, au contraire même !
A l’échelle de proximité qu’est la commune, nous devons déjà réhabiliter l’image de l’industrie auprès des jeunes générations. Oui, l’industrie a un avenir en France et dans le sud-est lyonnais. Oui, des filières innovantes existent et de nouvelles dispositions, comme celle de produire propre, de respecter l’environnement, ouvrent de vraies perspectives à une industrie rénovée dans son ensemble.
Arrêtons avec cette fausse idée, entretenue à dessein par certains, que l’industrie appartient au passé, qu’elle n’a pas un rôle fondamental à jouer dans le développement de nos territoires et agglomérations. C’est à nous de tordre le cou à ces fausses vérités, c’est à nous de dire aux 15-25 ans que l’industrie recrute activement dans certains secteurs : la fabrication de matériel de transport, d’équipement électrique, l’industrie chimique et pharmaceutique, la métallurgie, cherchent des salariés. C’est à nous de dire aux jeunes que c’est dans l’industrie que 17% d’entre eux trouvent leur premier emploi, que dans le seul secteur de la métallurgie, 30 à 40% des 120 000 recrutements annuels d’ici à 2020 seront destinés aux jeunes diplômés.
Notre premier rôle est bien de redéfinir l’image de l’industrie, plus juste et plus moderne qu’on ne le croit. Nous avons aussi tout un travail pédagogique à fournir avec l’Éducation nationale, avec Pôle Emploi, avec les acteurs économiques, pour renforcer l’accès à l’emploi industriel. L’organisation de cette journée en est la preuve. Répondre et être au plus près des attentes et besoins des entreprises, en particulier des TPE et PME, améliorer le système d’apprentissage, renforcer la formation tout au long de la carrière, favoriser l’embauche d’apprentis et les liens trans-générationnels (les contrats de génération du gouvernement Ayrault ont, je le crois, une réelle utilité et vont dans le bon sens), sécuriser les parcours au lieu de les livrer à une incessante précarité : voilà des axes sur lesquels nous pouvons et nous devons agir.
A ce titre, un travail est en cours avec l’Éducation nationale, la Région et la Ville, pour mettre en place des filières innovantes dans le nouveau lycée Jacques Brel de Vénissieux.
Enfin, la Ville, qui n’est pas décisionnaire en la matière, incite les entreprises à venir s’implanter sur son territoire à travers les éco-parcs notamment, comme celui du Couloud par exemple. Elle sait aussi les accompagner dans leur phase de développement, la Mission Économie Emploi Insertion, que je remercie, y travaille avec détermination. 6ème Sens Global Service, entreprise vénissiane lauréate du prix national Talents des Cités 2012, en est l’exemple récent.
Il y a des énergies positives, des dynamiques, des potentiels indiscutables dans nos quartiers. C’est à nous, les acteurs de terrain, de les renforcer pour que le marché du travail ouvre enfin ses portes à la jeunesse.
Je vous remercie.
