Faciliter la jonction entre professionnels et familles, dresser des passerelles entre les deux, apprendre à se connaître : tel est l’objectif de notre 1ère journée interprofessionnelle forum petite enfance autour des arts, de la culture. Autour, surtout, de l’éveil de l’enfant, enjeu majeur dans le contexte actuel difficile pour la petite enfance, sur lequel je reviendrai.
Vénissieux déploie une politique petite enfance ambitieuse, multiple, diverse, en soutien des parents pour concilier vie familiale et vie professionnelle, en soutien des professionnels pour les accompagner.
Ce n’est pas un hasard si Vénissieux participe depuis deux ans à la semaine des assistantes maternelles, initiée par la Métropole de Lyon. Ce n’est pas un hasard non plus si la ville a mis l’accent depuis bien longtemps sur la diffusion de la culture petite enfance avec la création du dispositif Enfant Phare en 2012.
Car nous sommes tous convaincus que la petite enfance est bien plus qu’un mode de garde, mais bien l’étincelle de l’éveil, du développement et de l’épanouissement des tout-petits. Entrer en relation avec autrui à travers l’art est presque naturel pour un enfant, à la frontière si ténue entre découverte du monde et découverte de ses émotions, découverte de son pouvoir de création et découverte de son imaginaire. Nous allons mieux saisir les enjeux dont je vous parle avec la conférence qui va suivre, animée par Agnès Chaumié du label Enfance et Musique. En quoi l’art et la culture les aident à grandir et à appréhender le monde, et comment ils nourrissent les liens avec l’enfant de façon sensible.
Des ateliers dans l’après-midi seront dédiés aux professionnels des structures municipales et associatives du territoire pour échanger, développer et partager leurs savoir-faire dans les domaines de la musique, de la lecture, de la sculpture.
Demain, la journée sera ouverte au grand public et aux familles vénissianes dans le but de leur faire découvrir les différentes offres d’accueil de notre commune, de rencontrer des assistantes maternelles ou encore d’aborder la thématique de la santé du jeune enfant.
Mais avant ce 1er Forum, une excellente initiative, et avant l’ambition petite enfance de notre ville, il faut se donner les moyens et les structures de nos politiques de proximité. La petite enfance à Vénissieux, c’est 8 établissements d’accueil du jeune enfant, 7 d’accueil collectif et 1 d’accueil familial. A cela s’ajoutent des crèches associatives et privées et environ 200 assistantes maternelles indépendantes sur l’ensemble de notre territoire. La commune dispose désormais de 544 berceaux d’accueil collectif en gestion municipale, associative et crèches d’entreprise.
Pour simplifier ce langage un peu technique, je précise que par effet de rotation un berceau permet l’accueil de un à trois enfants en fonction des différentes crèches.
Pour ce mandat, l’action volontariste de notre ville vise à renforcer notre capacité d’accueil d’environ 300 enfants supplémentaires dans nos établissements pour jeunes enfants. Nous continuons d’investir puisque la restructuration/extension de la crèche Graine d’Eugénie est sur les rails avec 17 berceaux supplémentaires, ainsi que le déménagement-extension de la crèche Parilly à horizon 2026 (+15 berceaux).
Cette 1ère journée interprofessionnelle s’inscrit dans un contexte national plus que préoccupant. En France, le secteur de la petite enfance traverse une crise profonde. Pour qu’il se porte mieux, il faudrait 200 000 places supplémentaires en crèches. Je parle là de l’urgence actuelle, et il faut l’inscrire dans la perspective de prévisions alarmistes.
En 2030, selon le ministère des solidarités, 150 000 assistantes maternelles mettront un terme à leur carrière, soit plus de 35% de l’effectif actuel. La profession affichera alors un taux de départ à la retraite parmi les plus importants du pays.
Par ailleurs, les professionnels demandent la hausse du taux d’encadrement dans les crèches d’un adulte pour quatre enfants d’ici 2030. On en est très loin. Comme beaucoup d’autres communes, Vénissieux fait face à une grave pénurie de personnel dans le secteur de la petite enfance.
En décembre dernier, Le Carrousel, une de nos crèches municipales a été obligée de fermer temporairement ses portes. C’est à nouveau le cas aujourd’hui même avec les fermetures temporaires de la crèche Capucine et bientôt Gribouille, faute de personnel.
Rendez-vous compte, sur les huit crèches municipales, un quart des postes vacants ne sont pas pourvus. Les désagréments pour les parents, malgré les solutions alternatives que nous proposons, sont considérables, au même titre que pour les enfants. Comment faire, à qui les confier, dans le cadre des déplacements et activités professionnelles ? Et pour le personnel, les conditions de travail ne sont vraiment pas faciles.
Nous ne pouvons pas continuer comme ça, c’est la raison pour laquelle j’ai écrit en décembre dernier au Ministre des Solidarités et des Familles, Madame Aurore Berger.
Sans une action volontariste forte de l’État, et de la Région dans le cadre de la formation, le secteur de la petite enfance va traverser de très fortes turbulences. Sauver le secteur de la petite enfance ne veut pas vouloir dire brader l’accueil de nos petits.
Les difficultés pour recruter dans les métiers de la petite enfance et fidéliser le personnel sont liées, ne nous cachons pas la vérité, à l’attractivité des métiers et à la revalorisation salariale. L’État doit donner une impulsion, un avenir et des garanties à des filières professionnelles indispensables aux tout-petits et aux familles.
A notre échelle, avec les moyens et les compétences dont nous disposons, nous cherchons à lutter contre une situation détériorée, tant du côté du recrutement (développement de l’apprentissage, rapprochement des écoles de formation, etc.) que de l’amélioration des conditions de travail ou de l’attractivité des métiers (politique de rémunération, recours à l’intérim ou à des suppléances pour limiter les impacts de l’absentéisme). On ne peut pas se contenter d’une petite enfance a minima, car nos équipements d’accueil sont des lieux de socialisation et d’égalité des chances pour les petits, mais également pour les parents des espaces de vivre ensemble.
Il faut aussi garantir, agir et mettre en œuvre une politique sociale de la petite-enfance : la proportion importante de familles monoparentales et de ménages à bas revenus au sein de la population vénissiane montre à quel point les difficultés financières ne cessent de s’accroître, en termes de loyer, d’alimentation et aussi de modes de garde pour les tout-petits. Nous sommes à un tournant. Les communes, à compter du 1er janvier 2025, deviendront les autorités organisatrices de l’accueil du jeune enfant.
Sans entrer dans les détails, il s’agira de recenser les besoins des enfants âgés de moins de trois ans et de leurs familles en matière de services aux familles, de les informer sur les modes d’accueil disponibles sur le territoire, de soutenir la qualité des modes d’accueil.
A Vénissieux, avec l’existence de nos nombreux EAJE municipaux et notre Accueil Relais Petite Enfance (ARPE), nous répondons déjà à ces nouvelles exigences.
L’impact sera donc limité pour notre Ville, contrairement à beaucoup d’autres, mais à travers cette réforme, nous demandons à l’État qu’il ne se débarrasse pas de ses missions régaliennes et de ses politiques publiques en matière de petite enfance sur le dos des collectivités locales. C’est la condition nécessaire pour sortir d’une situation de crise injustifiable.
Avant de conclure, je tiens à remercier les professionnels, nos partenaires institutionnels et nos agents qui font vivre la petite enfance au quotidien et je vous souhaite à tous et à toutes un excellent 1er Forum interprofessionnel.
Je vous remercie.