Inauguration de la résidence sociale Joannès-Vallet

… »Construire du logement, tout le monde est d’accord sur ce point, tant la crise actuelle frappe les plus modestes, mais aussi une certaine partie des classes moyennes. »…

Mercredi 30 octobre 2013.

Retrouver l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de l’inauguration de la résidence sociale Joannès-Vallet.

Construire du logement, tout le monde est d’accord sur ce point, tant la crise actuelle frappe les plus modestes, mais aussi une certaine partie des classes moyennes. Oui mais construire quel logement, pour répondre à quels besoins et s’adapter à quelles mutations sociologiques ? Je crois que la question du logement social doit être abordée sous cet angle-là, à savoir répondre avec une diversité d’outils, à une urgence aux origines multiples et grandissantes.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le moindre accident de la vie (perte d’un emploi, un passage dépressif, un divorce ou une séparation d’un couple avec enfants), peut faire basculer des personnes dans une terrible précarité, et une terrible souffrance. Tous les repères qui nous entourent peuvent alors s’écrouler à une vitesse incroyable, et la perte d’un logement est l’un des traumatisants, l’un des plus graves aussi. Le logement social (le parc vénissian en compte plus de 50%), ce n’est pas simplement du PLUS ou du PLAI, c’est aussi les résidences sociales, l’hébergement d’urgence, la mise en place du plan grand froid.

Fin 2012, on recensait 1,7 million de demandes de logement social en France, pour seulement 300 000 logements sociaux attribués ces douze derniers mois. Quant aux hébergements d’urgence, ils sont tout simplement au bord de l’implosion. La direction régionale Rhône-Alpes des associations d’accueil estime que le 115 est dans l’incapacité de répondre à plus de 80% des demandes. L’actualité récente à Clermont-Ferrand, début septembre, est venue nous rappeler la gravité de la crise. Faute de financement public, l’association qui gère le numéro d’urgence a dû cesser de payer les hôtels hébergeant plus de 350 sans-abri, réduits à camper sur une place de la ville.

Face à une précarité et une pauvreté qui ne cessent d’augmenter, la pénurie de logements sociaux et d’hébergement d’urgence en France est inacceptable. Exemple parmi tant d’autres, dans l’agglomération lyonnaise, la Maison de Veille Sociale est, elle aussi, plus que saturée. Pour les femmes victimes de violences conjugales, il y a en moyenne 45 demandes pour 2 places. Il y a un an et demi, la ville de Vénissieux inaugurait l’extension de la résidence sociale Les cèdres. Aujourd’hui, c’est la résidence sociale Joannès-Vallet d’Aralis qui nous réunit, et je tiens tout particulièrement à remercier Aralis, maître d’œuvre d’une opération de réhabilitation lourde, doublée d’une construction neuve. Une pension de famille de 20 logements, puis une deuxième tranche de 71 logements en résidence sociale, pour un public très diversifié, et enfin une troisième tranche de 71 logements, destinée plus particulièrement aux anciens résidants du foyer.

N’oublions pas non plus les aménagements extérieurs, avec 28 places de stationnement prévues, à la demande des résidents eux-mêmes et des habitants du quartier, qu’Aralis va bientôt attribuer. Un programme en trois étapes, d’un montant de 8,5 millions d’euros, subventionné par l’État, le Grand Lyon, la Région, par les prêts de la Caisse des Dépôts, de l’Action Logement et les fonds propres d’Aralis. Avec les foyers de travailleurs migrants, les résidences sociales et les foyers de jeunes travailleurs, Vénissieux compte près de 1 300 logements destinés à des personnes et familles en difficulté, ou en voie d’insertion.

Au-delà du chiffre, il faut aussi féliciter les hommes et les femmes, les conseillers sociaux d’Aralis, des collectivités territoriales, de la Ville et de l’État, qui travaillent en partenariat pour trouver des solutions à l’égard de familles en pleine détresse, de migrants isolés ou de jeunes démunis. Il faut saluer ce travail en amont, et saluer aussi le travail accompli en aval, un travail d’insertion et d’accompagnement des populations prises en charge. Leur intégration dans la vie du quartier, dans le monde professionnel, compte énormément, elle est un préalable à une sortie réussie des résidences.

En lisant attentivement le rapport d’activité 2012 d’Aralis, votre association souligne ce que les maires, et les services sociaux des communes, constatent d’année en année sur le terrain : une fragilité et une précarité de plus en plus prononcées, pour de très nombreuses personnes. Les femmes, et ce que l’on appelle les structures monoparentales, sont de plus en plus exposées, et l’émergence d’une pauvreté plus diffuse, plus féminine, nécessite une vraie réflexion et de nouvelles capacités d’adaptation, pour répondre à l’évolution de ces demandes.

Entre 2012 et 2011, vos services ont enregistré une augmentation de la demande de 10%, un accroissement lié à des personnes sortant de CHRS ou de CHU, ou déclarant être sans logement propre ou SDF. Il est de notre devoir d’alerter les pouvoirs publics et d’agir, comme nous le faisons aujourd’hui et au quotidien, au plus près d’une population fragilisée par la crise économique et la crise du logement. C’est aussi et avant tout une question de dignité.

Je vous remercie.

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