Il y a 100 ans, Jean Jaurès était assassiné (31 juillet 1914)

Profondément pacifiste, Jean Jaurès était conscient des menaces qui pesaient sur lui ce 31 juillet 1914, au moment où un militant réactionnaire lui tira une balle en pleine tête, trois jours seulement avant le début de la première guerre mondiale.

Pour lui, la paix est menacée, une guerre s’étendant à toute l’Europe va éclater. Quand beaucoup la croient encore improbable, d’autres dénoncent le péril à venir. Jean Jaurès sera un ultime espoir pacifiste au milieu des va-t-en-guerre. Mais la haine monte d’un cran, les mots deviennent d’une violence inouïe comme ceux prononcés par Charles Peguy, écrivain : « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès ».

Profondément pacifiste, Jean Jaurès était conscient des menaces qui pesaient sur lui ce 31 juillet 1914, au moment où un militant réactionnaire lui tira une balle en pleine tête, trois jours seulement avant le début de la première guerre mondiale.

Jean Jaurès n’est pas seulement une figure légendaire, un symbole, c’est aussi et surtout un homme en prise directe avec la réalité du monde du travail. Son engagement au cœur de la grève des mines de Carmaux en 1892 en est l’illustration. C’est à travers ce conflit qu’il va se convertir au socialisme. Jouant un rôle primordial dans la défense des grévistes, il va assurer la mobilisation de l’opinion publique tout en devenant l’interlocuteur privilégié des ouvriers dans le combat redoutable qu’ils ont engagé. En 1893 et à leur demande, il deviendra député socialiste de Carmaux.

Jean Jaurès était avant tout partisan des plus faibles. Il fera sienne la défense d’Albert Dreyfus en devenant l’artisan de la révision de cette affaire et dénoncera la parodie de justice rendue par les magistrats autour de  ce procès.

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire » – Jean Jaurès

En 1904, il fondera le journal l’Humanité. Après la scission de 1920, ce quotidien deviendra l’organe central du Parti communiste français, un des leviers de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme. C’est à ce jour,  l’un des rares médias d’opinion et il est le seul porteur d’idées de gauche en France.

La grande cause socialiste et prolétarienne n’a besoin ni du mensonge, ni du demi-mensonge, ni des informations tendancieuses, ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. Elle n’a besoin ni qu’on diminue ou rabaisse injustement les adversaires, ni qu’on mutile les faits. Il n’y a que les classes en décadence qui ont peur de toute la vérité.

Extrait de l’éditorial du premier  numéro de l’Humanité (18 avril 1904)

Il va participer activement à la fusion des deux partis socialistes français donnant naissance à la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) tout comme il contribuera à développer l’unité ouvrière à travers le syndicat CGT.

Malgré les controverses, pour des raisons de nécessité nationale, Jean Jaurès va tout mettre en œuvre pour faire approuver la loi de 1905 relative à la séparation de l’Eglise et de l’Etat donnant naissance à la laïcité.

Sa grande éloquence a profondément marqué ses contemporains. En humaniste visionnaire, il a défendu jusqu’au bout ses convictions. Aujourd’hui passé à la postérité, il repose au Panthéon, aux côtés de personnages illustres tels que Voltaire, Victor Hugo, Jean Moulin, Emile Zola…

Depuis sa disparition, Jean Jaurès n’a jamais cessé d’inspirer les hommes politiques de tout bord. La puissance de son verbe était telle que beaucoup cherchent aujourd’hui à l’instrumentaliser. Mais il faut se souvenir que les idées qu’il défendait, leur essence même appartiennent indiscutablement à la pensée marxiste et progressiste.

Il disait : « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Et que porte donc le libéralisme, aujourd’hui en 2014, si ce n’est, à nouveau, une absence totale de repères, une décote humaine sans précédent, des replis identitaires, et la montée des néo-populismes et de l’extrême droite sur l’ensemble du Vieux Continent.

L’histoire ne se répète pas à l’identique, mais elle peut bien souvent bégayer. Faisons en sorte, par notre vigilance, par le devoir de transmission, et par nos engagements citoyens, d’en changer le cours, avant qu’il ne soit trop tard.

 

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