Hommage à Gérard Viornery

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD lors de l’hommage rendu à Gérard Viornery, vendredi 29 avril 2011

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD lors de l’hommage rendu à Gérard Viornery, vendredi 29 avril 2011

Il y a un an, Gérard nous quittait. Son dernier combat contre la maladie, un combat qu’il savait inégal mais contre lequel il a résisté durant deux longues années.

Aujourd’hui, en apposant une plaque à son nom au local CGT des fonctionnaires territoriaux, je tiens à rendre hommage au militant syndical et politique, attaché aux valeurs de la République, au service public, à la défense des intérêts des salariés.

Gérard était de tous les combats, avec comme dénominateur commun, la lutte contre toutes les inégalités, pour un changement de société qui mettrait l’homme au centre des préoccupations.

Tout au long de sa vie, il restera fidèle à ses idéaux, à son parti. On ne trahit ses engagements sans trahir sa propre nature, Gérard le savait plus qu’un autre. L’homme fait le citoyen et le citoyen fait l’homme, les deux sont indissociables face à une histoire que chacun de nous écrit au quotidien.

Je veux également rendre hommage à l’homme, courageux, sincère, disponible, fidèle en amitié et en fraternité. Hommage enfin au mari, au père, au grand-père toujours attentionné et disponible pour les siens.

Gérard, c’est le parcours professionnel irréprochable d’un homme dévoué au service public, amoureux de sa ville. Il pensait Vénissieux, il respirait Vénissieux, il agissait pour et par Vénissieux.

Entré à la ville en juin 1971 comme ouvrier professionnel jardinier horticulteur, puis agent de maîtrise principal, il supervise l’ensemble des équipes Espaces verts des Minguettes.

Consciencieux, rigoureux, il est de ceux qui ont contribué aux efforts d’embellissement et de propreté menés aux Minguettes comme sur l’ensemble de la ville. Il posait des touches de couleurs sur le gris des grands ensembles urbains. Des efforts qui conduisent, à la fin des années 80, à l’attribution successive d’une, deux, puis trois fleurs à la Ville au concours national des villes fleuries.

Au milieu des années 90, Gérard rejoint le service environnement. Il devient rapidement un interlocuteur apprécié du public, des habitants et des présidents de conseils de quartiers.

Son exemplarité au travail, sa capacité d’analyse, ses convictions, vont l’amener rapidement à occuper des responsabilités syndicales. Pendant 16 ans, de 1976 à 1992, il sera secrétaire du syndicat général CGT des employés communaux. Il s’engagera ensuite à l’UGICT CGT avec l’émancipation des classes ouvrières et des familles populaires chevillée au corps.

Ses activités professionnelle et syndicale sont indissociables de sa personnalité. Il a toujours eu à cœur d’allier la défense de la Ville et l’intérêt des salariés. Gérard était persuadé qu’une municipalité communiste était un point d’appui tant pour les salariés que pour les habitants.

Fier de sa ville qu’il connaissait sur le bout des doigts, Gérard était également un citoyen à part entière, acteur et décideur de ses transformations. Une ville qu’il voulait belle et rebelle. Il défendait, coûte que coûte, un art de vivre, un cadre de vie, l’exigence du droit au beau pour une ville populaire, au même titre que pour les quartiers chics de Lyon.

Désenclaver, démocratiser, humaniser nos quartiers, nos rues, c’était son cheval de bataille.

Il s’est toujours battu pour que Vénissieux ne devienne pas une ville à deux vitesses. Il avait toujours comme exigence que la Communauté urbaine de Lyon ne la traite pas comme le 10ème arrondissement de Lyon. Pour preuve, son implication dans la bataille pour l’arrivée du métro.

Gérard a vécu 30 années sur le plateau des Minguettes à la Pyramide, puis aux Caravelles. Partout, il a participé activement à la vie de son quartier.

A ses yeux, il n’y avait pas de petit ou de grand combat, mais bien des luttes à mener en bas de chez lui comme devant les préfectures.

Aux Caravelles, il impulse la création de l’association des habitants des Caravelles. Il organise lotos, repas dansants, rencontres en bas des immeubles… Son objectif : créer du lien social, permettre aux habitants de se connaître, de se parler.

Militant politique engagé, défenseur des valeurs et idéaux du communisme, il est de tous les combats : lutte contre la pauvreté, la précarité, face à cette société d’opulence, de gâchis.

Battre le pavé pour combattre la résignation, battre le pavé pour combattre la loi du plus fort, du plus puissant.

Gérard ressemblait à sa ville, rebelle, au caractère parfois explosif, mais toujours avec le souci de préserver le bien collectif, l’intérêt général, l’action politique.

Il était aussi un homme d’une grande culture générale. Des lectures, des ouvrages, des pistes de réflexion, et un marque-page original pour ne pas perdre le fil de l’histoire : une carte postale de Trèves en Rhénanie. Trèves, la ville natale d’un certain… Karl Marx !

Gérard était féru d’histoire, amoureux de la France, de ce peuple qui a fait la révolution, qui a écrit avec son sang, des pages d’avancées sociales et politiques. D’une révolution à l’autre, il rêvait de voir la Place Rouge, mais le temps ne lui a pas permis d’effectuer ce voyage, de dérouler ce fil rouge qui irait de Robespierre jusqu’à Lénine. Il a toujours été fidèle à ses idéaux de justice sociale pour tous, de fraternité et d’égalité entre les hommes, son parcours et ses goûts en témoignent.

C’était aussi et surtout l’ami fidèle, disponible, toujours attentif aux autres. Gérard était un épicurien. Il aimait la nature, les repas à la bonne franquette entre amis.

Amateur de bons vins, toutes les occasions étaient bonnes pour partager, échanger autour d’un verre, pour refaire le monde en somme. Quand on est originaire du Beaujolais, on sait apprécier la bonne chère, s’échapper avec un Morgon ou un Juliénas, tout en gardant un caractère bien trempé, les pieds bien ancrés dans le réel et le regard tendu vers les combats à venir.

Gérard restera dans nos cœurs. Ses actions, ses convictions trouveront une suite dans nos mobilisations et dans notre attachement à notre ville pour laquelle il a tant donné, pour laquelle nous avons, dans son sillage, tant à donner.

Rendre hommage à Gérard, c’est honorer le parcours exemplaire d’un homme qui a marqué à l’encre indélébile l’histoire du PCF Vénissian, du syndicat CGT et l’histoire de Vénissieux.

X