Hommage à Georges Moustaki

Ses chansons le racontent, lui l’homme qui, lorsque l’on se prend à l’observer, insuffle cette impression de liberté de pensée, cette liberté d’être et de vivre, d’où se dégage sa propre originalité.

Pour vivre ma vie en la rêvant
J’ai suivi le soleil et le vent
Sans jamais mettre une goutte d’eau dans mon vin
J’ai fait de chaque jour un festin
(extrait de « Où mènent ces routes »)

Ses chansons le racontent, lui l’homme qui, lorsque l’on se prend à l’observer, insuffle cette impression de liberté de pensée, cette liberté d’être et de vivre, d’où se dégage sa propre originalité.

« Ma liberté, longtemps je t’ai gardée, comme une perle rare… »

Il chante partout sa révolution permanente à travers des textes ciselés, à la rhétorique implacable. Son goût pour la musique passe par la chanson française. Il écrit « Le Métèque », mélodie d’amour et autoportrait, qui fait le tour du monde et lui ouvre les portes de nombre de pays. Tous ceux de ma génération se souviennent, j’en suis sûre, des paroles de cette chanson.

Il va écrire pour les plus grands : Piaf, Barbara, Dalida, Montand, Salvador, Gréco et bien d’autres encore.

Pour Reggiani il composera cette très belle chanson intitulée « Sarah » empruntant des mots à Baudelaire. Il dira de « la femme qui est dans mon lit, n’a plus vingt ans depuis longtemps»… «  Cette bohème-là, c’est mon bien, ma richesse, ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse.. », un bel hommage à la femme vieillissante.

Georges Brassens éprouve un choc lors de leur première rencontre, il dit de lui : « un monsieur moustachu, au physique bien éloigné de celui des chanteurs habituels, au vocabulaire différent et aux idées exprimées avec une telle originalité qu’elles en devenaient neuves ! »

Les paroles de sa chanson « Il est trop tard », résonnent en moi d’une manière très forte à cet instant où il nous quitte.

Pendant que je dormais, pendant que je rêvais
Les aiguilles ont tourné, il est trop tard
Mon enfance est si loin, il est déjà demain
Passe, passe le temps, il n´y en a plus pour très longtemps.

Nous perdons un grand monsieur, un auteur-compositeur hors du commun, un poète, un homme de convictions et d’engagements, charismatique, une voix entre velours et caresse, un brin rauque.

Sa « gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec » était animée par de profondes valeurs humanistes qu’il a portées toute sa vie durant.

Pour reprendre une expression de Georges Brassens : « Sa chanson s’est envolée ». Je  voudrais rajouter qu’elle reste impérissable à travers l’héritage que nous lègue Georges Moustaki.

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