Forum_Sante_2023

Forum santé

Hier, se tenait la 2e édition du forum « Rendez-vous avec ma santé ! ». Une journée placée sous le signe de la prévention et des gestes citoyens, des dépistages, de la prévention des addictions et  la santé environnement. A Vénissieux, 90% des habitants ont accès à un médecin généraliste, et plus de 25% de la population bénéficie de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS).

Depuis que les crises s’enchaînent, on ne compte plus les facteurs de relégation sociale, on les additionne. Pour les plus modestes, il y a les difficultés d’accès à un logement décent, à l’alimentation sous l’effet de l’inflation, mais aussi l’accès aux soins, à la santé. En termes de santé, la crise du Covid 19 a été un révélateur : l’hôpital public est asphyxié et manque de moyens ; de fortes disparités d’accès aux soins existent entre les territoires ; une partie de la population se sent isolée et exclue du système sanitaire.

La dégradation de la santé publique en France n’a pas eu lieu du jour au lendemain, elle est le résultat d’une forme de démission des politiques nationales depuis une dizaine d’années. Il y a la libéralisation et la mise en concurrence de  l’hôpital public, les suppressions de lits, les fermetures d’établissements médicaux, et la privatisation rampante de la sécurité sociale. Les politiques nationales ont introduit les notions du privé, de rentabilité dans le domaine de la santé, et les dégâts sont considérables.  Les déserts médicaux se multiplient, et pas seulement dans les zones rurales mais aussi dans les quartiers populaires et péri-urbains. 1,6 million d’individus sont contraints de renoncer à des soins pour des raisons financières ou parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin près de chez eux.

Y a-t-il une médecine du pauvre et une médecine du riche ? Le fossé se creuse en tout cas et on peut affirmer qu’il y a aujourd’hui une médecine à plusieurs vitesses. Ce qui n’est pas acceptable. Ainsi les plus modestes ont  beaucoup plus de risques de développer du diabète, d’être atteints de maladies neurologiques et de maladies cardio-vasculaires. Chez les femmes en situation de précarité, la situation est également préoccupante. Souvent seules, partagées entre les temps partiels et l’éducation de leurs enfants, elles ne prennent plus le temps de s’occuper de leur santé. J’avais cité cette étude lors de notre 1ère édition du forum Rendez-vous avec ma santé, inutile de dire que les choses ne se sont pas arrangées avec les problèmes de pouvoir d’achat et une inflation exponentielle.

 Il faut revenir à l’esprit d’origine de la création de la sécurité sociale, à celui d’Ambroise Croizat et du CNR, à savoir protéger chacun des aléas de la vie. Comment ce qui était possible en 45 dans un pays ruiné par la guerre ne le serait pas en 2023 dans un pays dont le PIB s’élève aujourd’hui à 2.854 milliards d’euros ! Le problème n’est pas le financement de la branche maladie, mais la volonté politique de lui attribuer les moyens nécessaires. Car de nouveaux défis sont devant nous. Le vieillissement de la population, les pathologies liées au grand âge, la perte d’autonomie, provoqueraient d’après une étude récente une hausse des dépenses de protection sociale de 100 milliards d’euros à l’horizon 2040. La réponse devra passer exclusivement par la solidarité nationale. Toute autre démarche renforcerait la privatisation de l’accès aux soins et une inégalité entre les concitoyens face à la santé. Une équation inacceptable.

En matière de santé, les collectivités locales ont un rôle important à jouer. Notre proximité avec les habitants et toutes les générations de Vénissians est irremplaçable. Car la question de la santé est transversale, elle concerne aussi bien l’alimentation que la salubrité des logements, l’accès aux soins que les campagnes de sensibilisation dans les collèges. Il y a de nombreux vecteurs d’interventions et d’actions. Notre plan de mandat s’y est engagé avec détermination.

Nous avons tenu à poser des repères, et la 2ème édition de notre forum Rendez-vous avec ma santé en est un. On l’a resserré sur une journée afin que tous les publics aient la possibilité de prendre connaissance de l’ensemble des thématiques présentées. L’ambition est de réunir les partenaires et les habitants, aussi bien les jeunes, adultes et familles autour des problématiques qui les concernent. Ce nouveau forum s’est inscrit dans la continuité et le renforcement du forum annuel consacré à la prévention des addictions, organisé par la Ville depuis 2016, que nous avons souhaité ouvrir à un public plus large.

Les thématiques qui ont été développées tout au long de cette journée ont concerné la prévention santé et les gestes citoyens: dépistages , la prévention des addictions et  la santé environnement. Le spectre a été large, de différents dépistages à la prévention des conduites à risque, des services d’accompagnement du 3ème âge à la pratique sportive ou encore la prévention des écrans chez les tout-petits. L’ensemble des contenus a été élaboré avec les acteurs institutionnels et associatifs du territoire, dans le but de créer des stands, ateliers et animations innovants, inclusifs et favorisant la participation de tous les publics.

La préfecture du Rhône, la ligue contre le cancer, Vie libre, Fréquence Ecoles, Association Janus, je ne peux pas citer tous les partenaires qui se sont engagés dans la programmation de ce 2ème forum, ce serait trop long, mais je tiens à les saluer dans leur ensemble, ainsi que les services, dont bien sûr notre direction de la santé et de l’hygiène publiques, et les agents de la ville mobilisés mobilisés.

A Vénissieux, 90% des habitants ont accès à un médecin généraliste, et plus de 25% de la population bénéficie de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS), facilitant leur accès à l’offre de soins. Des pôles médicaux sont présents sur tout le territoire, au Puisoz, sur le Plateau ou bientôt à Ambroise Croizat. Le maillage est là, même si, comme dans bon nombre de villes populaires, il manque des spécialistes.

De façon générale, le surpoids, le diabète et la souffrance psychique constituent les problématiques majeures au sein de la commune. Il faut sensibiliser le public éloigné des soins médicaux car la prévention est capitale en matière de santé, mais il faut aussi l’informer, l’accompagner dans ses démarches.

Les dispositifs que nous avons déployés, comme le Territoire Zéro Non-Recours au Moulin-à-Vent, s’inscrivent dans la priorité de ce plan de mandat afin de favoriser et renforcer l’accès aux soins de toutes et tous. Certains habitants, par exemple, ignorent complètement l’existence de la Complémentaire santé solidaire (CSS). C’est un constat dans la grande majorité des villes populaires : un nombre impressionnant de personnes, que ce soit des jeunes, actifs ou personnes âgées, ne connaissent pas leurs droits, sociaux ou en termes de soins. Il faut corriger le tir. J’insiste aussi, et beaucoup d’élus locaux alertent avec moi les pouvoirs publics, sur la santé mentale, parent pauvre de la médecine en France.

Les crises sociale, économique, sanitaire avec la covid, ont fragilisé les 15-25 ans, les personnes isolées et âgées. Elles ont libéré des angoisses face à l’avenir, accru le sentiment d’isolement et provoqué dans certains cas des ruptures totales avec l’entourage, le voisinage. Il faut être vigilant à ce sujet, demander à l’Etat plus de moyens et de personnels qualifiés sur le terrain, continuer de développer des outils de proximité comme Vénissieux le fait avec son conseil local de santé mentale. Installé dans l’ancienne clinique de la Roseraie, l’Institut de l’Enfant, de l’Adolescent et du Jeune Adulte prend en charge depuis cet été des jeunes de 12 à 25 ans avec des problématiques de santé mentale.

D’une façon générale, les centres médico-psychologiques manquent de moyens, de psychiatres, de professionnels, à Vénissieux comme ailleurs, alors que les crises diffusent un climat anxiogène chez de plus en plus de personnes, notamment les jeunes. 

A ceux qui en douteraient, la santé est bien une question de volonté des politiques gouvernementales. Et elle est défaillante, comme l’illustre encore, faute de personnels, la fermeture du service des urgences de nuit des Portes du Sud. Les familles monoparentales et la précarité des femmes notamment, la dépendance et la perte d’autonomie, les addictions des jeunes aux écrans ou autres, les maladies chroniques : le système sanitaire de notre pays est à un tournant. Les politiques publiques nationales et volontaristes, l’engagement des collectivités locales et la solidarité nationale seront les seuls moyens d’y pourvoir. Les urgences dans nos villes comme sur l’ensemble du territoire sont là et il n’y a pas de temps à perdre.

Je vous remercie.

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