Festival essenti’ELLES

Le 25 février 2013 – Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la conférence de presse Festival essenti’ELLES « les femmes en mouvement », ce lundi 25 février 2013.

« …Je crois que cette nouvelle manifestation s’inscrit dans une forme de logique et de continuité du travail accompli à Vénissieux. Nous avons toujours été aux avant-postes à ce sujet, le 8 mars est une date qui compte dans notre ville, que nous marquons année après année pour sensibiliser les habitants et les jeunes vénissians aux droits des femmes. Des droits souvent rognés, minorés ou ignorés, sans parler du fléau des violences conjugales contre lesquelles les pouvoirs publics, mais aussi chaque citoyen, doivent combattre…. »

Le 25 février 2013

Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la conférence de presse Festival essenti’ELLES « les femmes en mouvement », ce lundi 25 février 2013.

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Pourquoi un festival relatif aux femmes ? C’est un projet que je portais depuis quelques années, j’en avais d’ailleurs fait l’annonce lors du Grand Rendez-Vous, fin 2011. Je crois que cette nouvelle manifestation s’inscrit dans une forme de logique et de continuité du travail accompli à Vénissieux.

Nous avons toujours été aux avant-postes à ce sujet, le 8 mars est une date qui compte dans notre ville, que nous marquons année après année pour sensibiliser les habitants et les jeunes vénissians aux droits des femmes. Des droits souvent rognés, minorés ou ignorés, sans parler du fléau des violences conjugales contre lesquelles les pouvoirs publics, mais aussi chaque citoyen, doivent combattre.

Cette continuité, elle s’inscrit dans les actions de proximité que nous menons au quotidien avec le Collectif Femmes, avec des associations comme Fil’Action, avec Bioforce, avec les EPJ ou encore l’Education Nationale. Le festival Essenti’ELLES est le fruit et le résultat aussi de cet investissement de terrain que Vénissieux mène avec détermination.

Le deuxième argument qui a nourri ma réflexion, c’est de dépasser le cadre strict de la commémoration. C’est très bien de marquer le 8 mars, mais est-ce que la cause des femmes, alors qu’il y a tant à faire dans le monde du travail, dans l’espace public, dans la sphère privée, doit se résumer à une seule journée par an. C’est ce train médiatique que je redoute : tous les médias vont en parler pendant 24 heures, et puis après… plus rien ou si peu.

A contrario, Essenti’ELLES a pour objectif d’exister dans la durée, pendant 8 jours, du 4 au 12 mars exactement, Essenti’ELLES a pour objectif d’occuper l’espace public à travers des échanges, des débats, des œuvres culturelles qui doivent nourrir la réflexion de chacun. Qui doivent ouvrir aussi les yeux de chacun.

Aborder la question de la place de la femme dans la société, c’est aborder la question des comportements, des préjugés, d’une organisation sociale bien souvent patriarcale, à propos desquels tout le monde doit s’interroger. C’est justement dans la durée et dans le travail de proximité que nous ferons bouger les choses, que nous gagnerons du terrain, centimètre par centimètre s’il le faut.

Pourquoi notre société s’est-elle habituée à ce que, à fonctions égales, les femmes soient moins payées que les hommes ?

Pourquoi notre société ferme-t-elle les yeux sur les violences faites aux femmes -une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint en France ?

Pourquoi le harcèlement au travail ferait-il partie des traditions et du management dans le monde du travail ?

Les préjugés naissent aussi des habitudes, des discours, conscients ou inconscients, que l’on tient pour acquis et que l’on répète sans qu’aucune raison objective vienne les soutenir.  Voilà ce qu’il faut changer, et c’est certainement au niveau des comportements que le travail est le plus difficile et le plus lent.

L’émancipation des femmes est un parcours au cœur de l’histoire de nos sociétés, fait d’avancées puis de régressions, et il faut donner à ce débat du temps pour qu’il marque les esprits : le festival Essenti’elles a pour vocation de créer une autre durée, qui vient s’ajouter aux actions et campagnes de sensibilisation menées par la ville tout au long de l’année.

Enfin, ce festival a une entrée : la culture, vivante, proche, en prise avec le réel, la culture comme agitateur de nos consciences et comme moteur de nos engagements.

La culture comme aiguillon, la culture comme dépassement des frontières et du seul cadre national, la culture comme terreau du vivre-ensemble à travers le filtre de la création et de la condition féminines : ce qui réunit les hommes et les femmes, (car ce combat-là se mène à deux), ce qui réunit les différentes générations.

Nous avons choisi cette dimension culturelle pour qu’elle nous offre un état des lieux le plus large possible, et pour qu’elle fasse avancer les droits des femmes, en nous surprenant et en nous interrogeant. Il y a peu de festival au féminin en France, le plus connu étant celui des films internationaux à Créteil ou encore « Les femmes s’en mêlent », qui organise des soirées dans plusieurs pays européens.

Des villes ont franchi le pas, comme à Cherbourg ou à Niort, et Vénissieux est la première ville de l’agglomération à organiser un festival d’une telle ampleur pendant plus d’une semaine. Je m’en félicite, car cela traduit notre volonté de porter dans l’espace public, non pas le féminisme à tout crin, mais la place de la femme dans la ville et la vie d’aujourd’hui.

Pour y parvenir, nous avons souhaité que ce festival soit aussi bien culturel que transversal. Nous voulons toucher tous les publics et toutes les générations, car cet enjeu de société dépasse la caricature du clivage progressistes contre machistes, il doit concerner les jeunes, les hommes, les femmes et nos aînés qui, à travers leurs combats et leur expérience, ont œuvré pour conquérir des droits aussi élémentaires que le droit de vote, le droit à l’intégrité et à l’autonomie corporelles, le droit à l’IVG, le droit du travail, etc.

Je ne vais pas entrer dans le détail de la programmation, que va vous présenter Yolande Peytavin, première adjointe et adjointe à la culture, mais je tenais à préciser que de très nombreuses structures municipales se sont mobilisées pour cet événement.

Les EPJ, qui agissent depuis plusieurs années contre les discriminations envers les filles, le BIJ, notre cinéma Gérard Philipe et notre théâtre, nos ateliers d’arts plastiques, les centres sociaux, le collectif femmes de Vénissieux, tout le monde s’est lancé avec ferveur dans la création de ce nouveau festival, et je tenais à adresser mes remerciements à l’ensemble des équipes qui y ont participé.

C’est une première édition, il se peut que nous essuyions quelques plâtres, ça fait partie du jeu, mais nous avons tous ici la ferme intention d’ancrer cette manifestation dans la durée, au plus près des vénissians, mais de rayonner aussi au cœur de l’agglomération lyonnaise avec les artistes, les associations, et les citoyens qui souhaitent s’exprimer pour sortir de l’immobilisme.

Espace de dialogues, de créations, d’échanges, espace d’une culture populaire, ouverte au plus grand nombre et à la citoyenneté, Essenti’elles a pour sous-titre un beau slogan : les femmes en mouvement.

Tout mouvement a besoin d’un point d’origine, espérons que cette première édition du festival en soit l’expression.

Je vous remercie

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